Conversation 49583 - A mort le delateur?

dic
Mardi 3 novembre 2009 - 23:00

Bonjour,

Est-il permis aujourd'hui d'appliquer la peine de mort au délateur (Mesira)? Pourriez vous me dire quelle est la Halacha le concernant? Qui le permet de nos jours et qui l'interdit, s'il y en a?

Avec mes remerciements!

Rav Reouven Ouziel
Lundi 9 novembre 2009 - 03:02

Il convient de différencier deux types de mosser [=dénonciateur]:
il y a celui qui le fait pour une raison nécessaire, comme p. ex. dénoncer un trafiquant ou autre délinquant, et c'est souvent une mitzva [voir réponse 48728].

Et il y a celui qui le fait dans son intérêt personnel, p. ex. qui dénonce un juif aux autorités [antisémites] pour obtenir une prime ou tout autre avantage.
C'est le délateur dont nous disons dans la prière: "lamalchinim al tehi tikva" [=pour les délateurs - pas d'espoir (de rédemption)].
La halakha a établi qu'un tel délateur, même s'il ne provoque qu'une perte financière, est passible de mort car toute dénonciation risque de mettre en danger le juif en question et souvent toute la communauté et tous les juifs [voir Shoul'han 'Aroukh 'Hochen Michpat chap.388 par.10].
Il est considéré comme rodef [=persécuteur], et -dit le Shoul'han 'Aroukh ['Hochen Michpat chap.425 par.1]- même de nos jours, il convient de le punir au moins par le 'herem [excommunication], ou tout châtiment corporel qui semblera nécessaire aux yeux du Beit-din.

[Voir Min'hat Its'hak vol.6 res.55 qui rapporte le cas terrible d'un juif maltraité dans un camp de concentration par un kapo juif et qui a entrainé la mort de ce kapo (par les nazis), et tranche qu'il lui était permis de le dénoncer (mosser) aux nazis puisque ce kapo mettait en danger (rodef) sa vie et celle de ses camarades.]

De nos jours, il est absolument interdit de lyncher un mosser ou de l'exécuter sans procès, et c'est seulement par l'intermédiaire d'un tribunal équitable [juif ou non-juif] qu'il sera juger, et il n'y a là dessus aucune ma'hloket [=divergence d'opinion] entre les poskim [voir Te'houmim vol.5 page 356; et vol.19 page 40 et suivantes.].