Conversation 58009 - Sophia, la sagesse et Dieu

Mensk
Mardi 28 juin 2011 - 23:00

Shalom Rabbi's

Dans la Torah et plus profondément la gnose et mystique juive est ce que Dans Dieu, Ein-Sof et Sofia (de la mythologie grecque) la déesse féminine de l'infini à rapprocher d'un mot hébreu Tsofiya que nous chantons dans la hatikva est la même entité ?
Est ce que l'infini suprême créatrice de l'univers et le maître du monde (dis l'architecte et l'administrateur) sont la même entité ?
Car on dis que Sofia venant de l'infini créer les étoiles et aurais été chassé par "Dieu" qui serais devenu l'administrateur (ou l'usurpateur) de notre terre et de ses créatures dans un monde infinis en suspens ....
Je vous laisse me répondre sur ce thème de philosophie sans croire que je suis fou ou je vous offusque ou encore que je vous insulte ! (comme la dernière fois hasvehalila, alalah ...)

Emmanuel Bloch
Mercredi 6 juillet 2011 - 22:22

Chalom,

Certaines des notions que vous mentionnez existent dans la mystique juive, d'autres pas. Essayons de reprendre tout cela.

La kabbale distingue, lorsqu'elle considere la divinite, entre le Ein-Sof et les Sefirot; le rapport entre les deux est explicite de differentes manieres selon les sources, mais une explication particulierement utilisee consiste a voir dans le Ein-Sof le "Dieu cache", c'est-a-dire l'aspect de la divinite dont on ne sait rien, dont on ne peut rien dire, et dont la nature nous echappe a jamais. Par opposition, les Sefirot represente l'aspect de Dieu qui cree et le monde, le gere et entre en relation avec lui, et dont nous connaissons quelque chose (mais pas tout). Les sefirot sont donc tout a la fois l'architecte et l'administrateur, pour reprendre votre expression. Mais il n'y a aucune usurpation, car tout cet agencement correspond bien au plan divin.

(pour plus de details sur ce theme, dans le cadre particulier de la pensee de l'un des plus importants kabbalistes du 18eme siecle, voyez par exemple l'excellent ouvrage de Joelle Hansel: Moïse Hayyim Luzzatto (1707-1746) : Kabbale et philosophie, aux editions du Cerf).

La sagesse n'est pas appelee Sofia en hebreu (ceci est un terme grec), mais 'Hokhmah. Cette derniere expression designe l'une des plus importantes sefirot, mais elle n'a pas un caractere feminin. La seule des sefirot a etre feminine est la derniere, la Chekhinah.

Le mot hebreu "Tsofiyah", que l'on retrouve dans la hatikvah et dans d'autres textes religieux (comme le Echet 'Hayil, cet extrait du livre des Proverbes que l'on chante tous les vendredis soirs a la table du chabbat), vient d'une racine hebreue tres differente, signifiant "voir", "contempler", mais aussi "prevoir".

Vous trouverez aussi quelques references a la Sagesse, dans le sens d'une entite separee a laquelle on s'adresse (mais non hypostasee toutefois), dans les livres sapientiaux juifs, comme le livre des Proverbes.