Conversation 67188 - Mme Petit et M. Grand, de Gros Ennuis ?

Chalom,

Je pense que vous faites reference a ce texte du traite Bekhorot 45b:

אמר ר"ל גבוה לא ישא גבוהית שמא יצא מהן תורן ננס לא ישא ננסת שמא יצא מהם אצבעי לבן לא ישא לבנה שמא יצא מהם בוהק שחור לא ישא שחורה שמא יצא מהן טפוח:

Comme Artscroll n'est pas encore arrive a ce traite, presque a la fin du Chass, voici ma traduction libre:
"Resh Lakish enseigne : un grand homme ne doit pas epouser une grande femme, de peur que leurs enfants ne soient des geants; un nain ne doit pas epouser une naine, de peur que leurs enfants ne soient minuscules; un homme a la peau pale ne doit pas epouser une femme a la peau pale, de peur que la complexion de leurs enfants ne soit trop claire; un homme a la peau sombre ne doit pas epouser une femme a la peau sombre , de peur que la complexion de leurs enfants ne soit trop foncee".

Il va sans dire que cet enseignement est un simple conseil, pas une halakha. C'est une question d'heredite des traits, les Sages recommandant d'eviter de mettre au monde des enfants aux caracteristiques physiques trop differentes de la norme (cf. Rachi sur place). Par ailleurs, je me permets de vous renvoyer a mes precedentes reponses sur la question des connaissances scientifiques des Sages talmudiques, qui fait l'objet d'une controverse parmi les commentateurs.

En revoyant ce texte, je n'ai pu m'empecher de le comparer a une autre aggada a l'autre bout du Chass (Bekharot 31b). Ce deuxieme passage traite de la priere de 'Hannah, qui implorait Dieu de lui accorder un enfant (debut du livre de Samuel I). 'Hannah demanda (I:12) a avoir "זרע אנשים", une expression surprenante pour laquelle le Talmud donne 4 explications differentes. La quatrieme est celle qui nous concerne ici : 'Hannah aurait prie pour avoir un enfant qui ne soit ni trop grand, ni trop petit, ni trop blanc, ni trop noir, ni trop sage, ni trop bete, etc. Bref, quelqu'un de moyen, afin d'eviter que les gens ne parlent trop de lui (cf. Rachi sur place).

R. Hayyim Leib Shmuelevitz, Rosh Yeshiva de Mir et l'un des principaux maitres contemporains du Moussar (decede en 1979), a note avec justesse que les versets indiquent que la priere de 'Hannah fut exaucee. Son fils Chmouel est donc ne sans talent particulier notable, ce qui ne l'empecha pas de devenir l'un des principaux prophetes de l'histoire juive. De la, note le Rav, il faut deduire que la reussite en matiere religieuse ne depend pas tant des talents naturels que de la motivation personnelle et des efforts qu'on fait pour se perfectionner spirituellement (cf. Sihot Moussar, 5731, 18 et 27).