Conversation 71334 - Tu ne pleureras point?!

Max260112
Samedi 31 août 2013 - 23:00

Chalom

Une question posée en express pour un événement proche

Selon la halakha il est recommandé de ne pas pleurer le jour de Rosh Hashana car nous sommes confiant que D. nous écrira dans le livre de la vie.

Cela sous entend que le pleurs peuvent avoir un effet négatif sur notre jugement.

1) en quoi les pleurs peuvent être néfaste à notre jugement?

2) somme-nous si confiant sachant que l'on se prépare depuis un mois et que 10 jours de pénitence nous attendent

3) quelle différence avec kippour ou les pleurs sont recommandés

Merci et Shaba tova oumetouka

--
Question envoyée via l'application iPhone

Rav Samuel Elikan
Lundi 2 septembre 2013 - 02:38

Shalom,
1) Vous avez raison, il est effectivement écrit qu'il ne faut pas, a priori, pleurer à Rosh HaShana (1), mais cela ne sous-tend pas du tout que les pleurs sont néfastes à notre jugement. De plus, il est bien connu que le Ari pleurait chaque année à Rosh HaShana et disait que quiconque ne le faisait pas - son âme n'était pas intègre et bonne (2). Le Rav Yossef Zoundel de Salant (3) écrit qu'il faut distinguer entre quiconque pleure tout seul, naturellement, et le fait de se forcer à pleurer, qui est interdit. Cette même distinction a été reprise par d'autres rabbins (4).
En outre, de nombreux rabbins disent qu'il faut pleurer, a priori, durant la prière uniquement, à Rosh HaShana (5). Selon eux, il n'y a pas de différence entre Rosh HaShana et Kippour.

2) Nous sommes heureux, car c'est un jour de fête fixé par la Torah (6). Toutefois, dans son essence, il est tendu (car jour de jugement et ce n'est pas une "fête" normale) (7). Toutefois, il est vrai que le Tour ramène au nom du Yeroushalmi que nous sommes heureux car confiants de notre délivrance. Le Rav Shlomo Klouger dans ses notes explique qu'il s'agit d'une délivrance générale du Peuple Juif, mais par individuelle.
3) Pour l'aspect individuel - il y a Yom Kippour auquel les jours de Pénitence nous préparent. Ils commencent d'ailleurs par le jeûne de Guédalia qui soulève bien le lien entre l'individu et le Peuple (cf. question et réponse 65662). C'est pour cela que les décisionnaires (7) permettent alors, plus facilement, de pleurer, pour notre "salut" personnel.
Shana tova.

Sources:
(1) cf. Nehemia 8:9; Ma'asseh Rav, 207; resp. Yeh'ave Da'at II, 69
(2) Shaar HaKavanot 90a.
(3) lettres, p. 113.
(4) Rav Ovadia Yossef, ibid; Rav Harari dans son "Mikraei Kodesh", chap. 3, note 8. Pour une discussion quant à cette distinction, cf. Torat HaMoadim du Rav David Yossef, Yamim Noraim, siman 3, lettre 4, p. 42-3 en note de bas de page
(5) H'ida, Shiourei Brah'a 394 et Avodat HaKodesh, Moreh Ba'etzba 9, lettre 250; Sdei H'emed, Ma'areh'et Rosh HaShana 2, 26; Mateh Efraim 582,2 qui écrit qu'on pleure à Rosh HaShana et Yom Kippour, sans différence, et même si c'est shabat.
(6) Nehemia 8:9-12; Torat Kohanim, Vayikra, par. 11; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle Rav Netronai Gaon pense qu'il ne faut jeûner que le deuxième jour (rapporté par le Tour OH 597) car le premier est fête - il est à noter que son avis n'a pas été retenu par la halah'a puisque Rav Hai Gaon, le Rosh (RH siman 14) et la majorité des rishonim s'y opposent.
(7) cf. Harerei Kedem du Rav Soloveitchik, siman 30; MB 188,19 où il est écrit que l'on ne dit pas "lessasson oulesimh'a" à Rosh HaShana pour cela; le Sh. Ar. permet par ailleurs (OH 597,2) de continuer l'habitude de jeûner à Rosh HaShana pour qui c'est l'usage, le Rema (ad loc) écrit que quiconque fait un jeûne pour un mauvais rêve ne devra pas faire un jeûne pour le fait d'avoir jeûné pendant une fête, comme c'est le cas pour shabat. Le Agouda (Rosh HaShana 4,21), rapporté par le Sh. Ar. (OH 597,1) dit qu'on n'a pas le droit de manger trop à Rosh HaShana, etc.
(7) cf. Kaf HaH'ayim OH 582, s.k. 60 au nom du Ari; Yalkout Yossef, p. 104, seif 11; cf. encore resp. Yabia Omer I, 36, lettre 12 et Yeh'ave Da'at, id.