Conversation 72318 - Se marier à trois ans ?!

Jeremyaacov
Vendredi 1 novembre 2013 - 23:00

Shalom est il vrai que rivka avait 3 ans quand le serviteur la trouve pour la marier a Itshak ??

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Rav Samuel Elikan
Lundi 4 novembre 2013 - 01:41

Shalom,
A vrai dire, on n'en sait rien, puisque ce n'est pas marqué textuellement dans la Torah.
Toutefois, c'est effectivement l'opinion de Rashi (Bereshit 25:20) qui suit en cela le midrash Seder Olam Rabba (éd. Retner, p. 4).

Cependant, il existe d'autres versions du Seder Olam où il est inscrit qu'elle avait 14 ans, c'est également ainsi que corrige le Gaon de Vilna. C'est également ce qui est rapporté dans le Midrash HaGadol (éd. Margaliot, 431, cf. aussi Sifrei 357, éd. Finkelstein, p. 429). Cela corroborerait aussi d'autre midrashim dans Vayikra Rabba.
Il semblerait que cela soit aussi l'avis de Rabbi Shemouel HaH'assid de Speier (Tossafot, Yevamot 61b, s.v. veh'en hou omer) qui rapporte la contradiction entre les avis de nos Sages, bien qu'apparemment, il n'ait pas vu le Midrash HaGadol, celui-ci lui étant très probablement inconnu (c'est ce que m'a affirmé le Rav Prof. David Henschke).

En outre, on peut très bien affirmer que cet âge de trois ans que souligne Rashi n'est pas vraiment un fait (comme l'affirment le Maharal dans Gour Aryeh et le Rav Eliahou Mizrah'i, etc. dans leurs commentaires sur Rashi) mais vient plus souligner un lien chronologique de proximité entre les événements, de manière symbolique, tout comme nos Sages nous enseignent qu'Avraham a connu D'ieu à l'âge de trois ans (TB Nedarim 32b). Il s'agit plus d'une manière de voir le monde, d'une expression de connaissance différente : un enfant à trois ans, selon nos Sages, peut dire "papa", c'est-à-dire qu'il comprend le lien qui le lie à son père, sans pour autant comprendre la notion philosophique du concept de père. Ainsi, il n'est pas impossible que ce midrash veuille exprimer le sens profond des versets où il est écrit (25:20) qu'Itzh'ak "prend" Rivka alors que jusqu'alors elle n'avait vu que le serviteur. Son sentiment était celui d'une enfant qui connait son père, un homme qu'elle ne connait pas mais envers lequel elle se sent lié intimement, comme un enfant de trois ans (cf. encore l'article de Dr. Israël Rozenson, feuillet hebdomadaire de l'université de Bar-Ilan, n°157, H'ayei Sarah, 1996).

Cordialement,