Conversation 72364 - Shiva malgré incinération ?!
Kvod harav
Mes cousins viennent de perdre leur père, et, double choc, son testament a demandé qu'il soit incinéré, ce que la mère qui n'est pas très religieuse a insisté de faire car "les dernières volontés d'un mourant sont sacrées"...
Mes cousins peuvent-ils faire un chiva même modifiée pour ne pas être humiliés (ils cachent la nouvelle bien sur).
Que des smah'ot a tous...
Shalom,
Toutes nos condoléances.
Ce cas n'est absolument pas évident.
La rabbanout HaRashit, en Israël, a décrété il y a peu qu'il est interdit de faire la shiva et de réciter kadish dans ce cas (1).
Bien entendu, leur décret n'est valable que dans une société où l'incinération n'est pas répandue (2).
En outre, ces décrets n'ont pas été accepté en dehors d'Israël - le mieux serait donc de demander l'usage au rabbin local.
Il faut d'abord savoir si dans ce lieu la coutume alentours est l'incinération et si c'est le cas, il y a grand lieu de permettre de prendre le deuil.
De plus, il faut connaître le degré de "religiosité" du défunt.
S'est-il fait incinéré volontairement par dédain de la religion et de ses valeurs, par rejet de son identité ou simplement parce qu'il ne savait pas que c'était interdit ou pensait que ce n'était pas si mal que cela ?
Ces cas sont différents.
Dans la mesure où il ne l'a pas fait comme renégat - on doit faire shiva et réciter kadish (3)!
Sinon, s'il était reconnu comme "ennemi juré" de la religion et de ses valeurs, chose que j'ai beaucoup de mal à croire selon ce que vous décrivez ("pas très religieuse"), on pourra quand même s'appuyer sur les avis du Rav Waldenberg (4) qui écrit que dans certains cas, même si le défunt n'était pas un Juste - on ne peut pas empêcher ses proches de prendre le deuil et du Rav David Tzvi Hoffman soutenant (5) que même s'il était un "mécréant", on peut dire Kadish et commencer le deuil (selon la halah'a) dès que les cendres sont enterrées (6) !
Puisse D'ieu consoler tous les endeuillés.
Sources:
(1) Ils se basent sur les opinions du resp. Minh'at Elazar II, 34; du resp. Arougat HaBossem II, 247; du resp. Sridei Esh II, 98; resp. Daat Kohen, 197 et d'autres rabbins cités en bas de cette réponse ; etc.
(2) Cf. resp. Heih'al Itzh'ak EH II, 26 qu'on considère différemment la transgression du Shabat en Israël qu'en Amérique, selon la norme commune des lieux.
(3) Puisqu'il est comme un enfant "emprisonné" parmi les nations - tinok shenishba - cf. resp. Binyan Tzion 23; H'azon Ish, YD I, s.k. 6 et id. siman 2; Rav Y. Amital "Al Ma'amado shel Yehoudi H'iloni Beyameinou", dans "Alonei Etzion"; resp. Melamed LeOhil I OH 29; resp. Iggrot Moshe YD IV, 58 et OH I, 23 et 33; id. OH III, 22; id. YD I, 46 et II 123 s.v. bedavar habah'our; resp. Yabia Omer VII, OH 15; resp. Ezrat Kohen 44, s.v. ve'im navo; etc.
(4) Resp. Tzitz Eliezer XIII, 94.
(5) Resp. Melamed LeOhil, II YD 114.
(6) - Concernant la possibilité ou non d'enterrer les cendres et où :
cf. resp. Tzafnat Paneah' II, 20; resp. Beit Itzh'ak YD II, 155; Ah'iezer III, 72, lettre 4; resp. Mah'ane H'aim III, 42; Guesher HaH'ayim t.I, chap. 16, lettre 9; Kol-Bo al avelout t.I, chap. 1, siman 3, lettre 21; resp. Mah'aze Avraham II YD 38-39; resp. Be'er H'ayim Mordeh'ai III, 147, lettre 2; resp. Mishpetei Ouziel Tanyana III, 101; resp. Iggrot Moshe YD III, 147, lettre 2 et id. IV, 56; She'arim HaMetzouyanim BaHalah'a 199, s.k. 1; resp. Har Tzvi YD 275; resp. Yabia Omer YD III, 22.
- Concernant l'incinération en général :
cf. resp. Sitri OuMaguini 39; resp. Even Yekara Tanyana 64; resp. Imrei Yosher II, 45; resp. H'edvat Yaakov (Meizlish) II, 140; resp. Shevet Menashé 20 et 47; resp. Mima'amakim III, 3; resp. H'elkat Yaakov II, 4; resp. Maasseh Ish YD 5-6; resp. Meorot Nathan 79; resp. H'ayei Asher 68; resp. Kol Mevasser I, 70; resp. Mishberei Yam 107; etc.).