Conversation 78197 - Annuler sa teshouva ?!

ruben23
Mercredi 17 juin 2015 - 23:00

Bjr , ma question concerne la techouva.

si une personne fait techouva (3 étape vidouy, regreter puis ne plus refaire) sur par exemple d avoir manger du porc ou n importe quels interdits de la thora.

Puis la personne regrette sa techouva, sa techouva tiens toujours jusqu'à qu elle ne refais plus la faute ou bien sa techouva s annule du fait qu elle a regretter d avoir fait techouva ?

Merci pour vos réponses

Rav Samuel Elikan
Mercredi 24 juin 2015 - 05:20

Shalom,

Je comprends bien que l'on puisse avoir des envies, des désirs (comme manger des aliments interdits, etc.) et qu'on puisse en venir, à cause de cela à regretter la teshouva ; toutefois, l'essentiel est bien sûr, pour que la teshouva reste sincère, de ne pas leur donner d'expression dans la réalité.

Par ailleurs, la Mishna nous enseigne (Yuma 8,9): "quiconque dit je faute et je me repentirai, on ne lui laisse pas faire teshouva".

Le Rambam décompte cette Mishna parmi les 24 choses qui empêchent la teshouva (hil. Teshouva 4,1).

Le Méiri explique dans son livre sur la Teshouva (p. 67) que la raison à cela est que c'est la possibilité de teshouva même qui a poussé à faire la faute, c'est donc la faute à la teshouva, ainsi sa teshouva ne peut pas être réelle...

Mais que tout cela veut-il dire, plus profondément ?

Faire une faute volontairement et sciemment c'est dire "je désobéis à D'ieu, je me révolte", c'est donc affirmer mon existence de manière séparée de la Sienne.

Mais comme D'ieu est partout, il est également en nous...

Lorsqu'on faute, de manière révoltée, ou pour se révolter, on affirme que D'ieu n'est pas partout, que je n'ai pas d'étincelle Divine en moi, que mon existence n'a rien de Divin. C'est finalement affirmer que je ne suis pas fait à l'image de D'ieu.

Quelle moralité, quelle éthique peut donc s'instaurer entre les hommes si ces derniers affirment n'avoir rien de Divin, de transcendant, d'absolu en eux qui les forcent à se respecter ?
Quel amour peut-il s'instaurer si nous sommes tous faits de matière sans aucune spiritualité, êtres détachés de D'ieu ?
Qu'aimons-nous chez l'autre, pourquoi ne pas le tuer ? C'est absurde, il n'y a aucune raison philosophiquement valable à aucune éthique que ce soit...
Par ailleurs, on ne peut qu'être jaloux de D'ieu s'Il est séparé de nous, lointain. Il devient, comme le définissait Nietzsche déjà, un dieu méchant, mauvais. Il avait raison à ce propos, comme le notait déjà le Rav Kook. On ne peut être que jaloux d'un D'ieu qui ne vit pas en nous. Nous avons tous une part de Divinité, je le crois profondément.
Si nous nous en éloignons, nous sommes mal partis, on se détache de notre identité, du Peuple Juif.
C'est l'idée même du "karet" - retranchement. Notre âme fait partie d'un Tout, de la Divinité. S'éloigner de D'ieu, de Ses commandements, c'est s'éloigner de la Source de notre existence même, cela nous fait du mal à nous, au fond.
La Teshouva c'est revenir à D'ieu, revenir à la Source. On ne revient pas en arrière, on continue à avancer, tout en se rapprochant de la Source, de la Divinité, de notre réelle identité, de la Divinité qui est en nous.

Si on regrette cela, c'est qu'on ne l'a pas vraiment accompli, on ne s'est pas remis en question, on ne s'est pas lié à un mouvement cosmique de Retour qui nous dépasse. Donc, si la teshouva est sincère, il n'est pas possible de la regretter, sinon ce serait comme dire qu'elle n'a pas de sens et qu'on veut à nouveau "se révolter" contre D'ieu...

En outre, le Rav Kook écrit (Orot HaTeshouva 14,3) :

"Lorsqu'on vient faire teshouva, il faut savoir qu'il n'y a rien qui nous en empêche. Même les 24 choses qui empêchent la teshouva, incessamment, dès qu'on demande et qu'on vient effectuer la teshouva sur eux, ils "n'empêchent" plus".

Cordialement,