Conversation 81227 - Avortement - deux poids deux mesures?

Mouni
Mardi 23 août 2016 - 23:00

Chalom !

Dans l'une de vos reponses vous indiquez que l' avortement d un non-juif est consideré comme un meurtre alors que ce n'est pas le cas pour un juif.
Cela semble paradoxal que pour le Judaisme la suppression d 'une potentialite de vie juive est moins grave que la suppression d'une potentialite de vie non-juive....

Merci pour vos eclaircissements

Rav Samuel Elikan
Jeudi 25 août 2016 - 14:33

Shalom,

C'est effectivement un avis émis par les Tossafot, mais le Talmud nous enseigne (TB Sanhédrin 59a) qu'il n'existe rien qui soit permis à un juif et interdit à un non-juif, selon la loi juive.
Ainsi, comme le note le Rav Moshé Feinstein (resp. Iggrot Moshé HM II, §69), entre autres (c'est également l'avis du Rav Unterman dans la revue Noam n°6 et du Rav Menashé Klein dans resp. Mishné Halah'ot VI, §204 et IX, §328), il n'y a pas de différence et dans les deux cas cela sera considéré comme un "meurtre".

Toutefois, il s'agit d'une question complexe avec de nombreuses retombées pratiques pas tout le temps évidentes, c'est pourquoi certains décisionnaires s'appuient sur cet avis que ce n'est pas un meurtre (car l'embryon à un stade très jeune n'est pas encore considéré comme "être vivant") pour pouvoir résoudre des cas complexes et éviter des choses qui auraient été très difficiles à vivre sans cela. Il faut se rappeler que notre Torah est une Torah de vie avant tout.

Cordialement,

mick636
Mercredi 24 août 2016 - 23:00

81227
Comment peut on affirmer que pour la Torah l'avortement est un meurtre alors qu'il est écrit dans l'Exode(parachat michpatim chap 21 verset 22) que si un homme(qui se battait avec un autre) provoque l'avortement d'une femme il est condamné à payer mais pas exilé comme le serait un meurtrier qui n'aurait pas prémédité ?
Ca n'en reste pas moins interdit évidement sauf dans certains cas(si la grossesse met en danger la mère)

Rav Samuel Elikan
Vendredi 26 août 2016 - 02:29

Shalom,
Votre argument est en effet cité, notamment par ceux qui pensent qu'il ne s'agirait aucunement d'un meurtre (cf. resp. Tzitz Eliezer IX, §51, port. 3, al. 1).

D'autres - qui ne sont pas de cet avis - expliquent le verset différemment : le prix à payer est uniquement s'il a engendré que la femme accouche dans la rue à cause du coup frappé, ou encore comme cela peut déjà se voir à l'époque de H'azal, que cette loi ne s'applique alors que le fœtus n'a pas encore la forme d'un bébé, sinon il sera considéré comme meurtrier (La Septante ad loc et Philon - Lois Particulières II, 9, entre autres).

Puisse D'ieu nous préserver de tous ces cas dans la vie !

Cordialement,