Conversation 84139 - Pourquoi autant de listes de cacherout différentes ?!

TLB1970
Mardi 22 janvier 2019 - 10:59

Bonjour

J'ai du mal à comprendre les différentes cacherout.

Il y a la cacherout de base Beth Din puis d'autres plus strictes.

Cependant il existe d'autres listes comme celle de Rav Wolf, celle des produits autorisés, etc...

Pourquoi certains considèrent que des produits sont cachers et d'autres non.

Pour moi la cacherout est universelle. Donc si un produit est cacher, il devrait l'être pour tous.

Rav Samuel Elikan
Jeudi 7 février 2019 - 11:50

Shalom,

La casherout, comme pour beaucoup des questions dans la loi juive, est faite de nombreux détails.

Ces détails sont souvent sujets à discussion.

En effet, lorsqu'on étudie les sources talmudiques, puis leurs commentaires, on arrive souvent à avoir des discussions quant à la bonne interprétation à donner aux textes.

Ces interprétations ont des conséquences : selon la compréhension des textes, les décisionnaires vont régir.

Ce qui fait que, bien souvent, on a des discussions, des mah'lokot tant au niveau de la lecture qu'au niveau de l'action : comment agir ; et les avis peuvent diverger.

Un exemple concret, dans le domaine de la casherout. est l'usage de lactosérum d'une part que certains permettent d'autres interdisent, ou de lait produit dans des fermes/usines où il n'y a pas de surveillance par un mashgiah', d'autre part.

En effet, nos Sages nous ont interdit de consommer du lait de vache qui n'aurait pas été sous surveillance de peur qu'on y mélange d'autres laits qui seraient interdits à la consommation, puisque provenant d'animaux impurs.

Toutefois, la question qui se pose est, par exemple, peut-on dire qu'aujourd'hui étant donné la loi, les contrôles vétérinaires, sanitaires et les caméras de surveillance, on considérera ce lait comme étant conforme à la demande de nos Sages, puisqu'on sera sûr et certains à 100% qu'il n'y a rien d'autre que du lait de vache ou cela ne sera-t-il pas suffisant et l'on voudra malgré tout un mashgiah' ? C'est la différence entre du lait shamour et du lait que l'on peut acheter dans le commerce mais qui n'a pas de hashgah'a.

Ainsi en est-il pour de nombreuses autres questions : l'utilisation de gélatine animale, notamment faite à base de porc (certains permettent, car on utiliserait des parties animales immangeables et qui auraient perdu leur forme et leur goût, ce ne serait donc par exemple plus du porc, alors que d'autres interdisent catégoriquement), peut-on s'appuyer sur le fait qu'un ingrédient "interdit" soit présent en quantité si infime et qu'il ne change absolument rien ni au goût, ni à la forme du produit et que donc il "s'annule" dans la masse du produit et donc on considérera le produit comme casher, ou au contraire, non ? Etc. etc.

Il y a certes de nombreuses règles dans la loi juive, mais elles ne sont que très rarement acceptées de tous sans discussion sur l'un ou l'autre détail.

Le fait est qu'il serait extrêmement difficile de définir ce qui pourrait être communément admissible, par tout le monde. En effet, beaucoup ne veulent pas s'appuyer sur des "koulot", sur des avis permissifs, de peur de commettre un interdit, alors que d'autres ont faim et n'ont pas forcément de quoi manger, surtout s'ils vivent dans des endroits où il n'y a pas de grande communauté aux alentours.

Le rabbin Yéhouda Léon Askenazi, dit Manitou, faisait cette boutade, malheureusement si pertinente : "la cacherout, bien trop souvent, nous cache la route".

Cordialement,