Conversation 84286 - Un grand besoin d’aide

Mi kamoh’a
Lundi 29 avril 2019 - 23:00

Chalom,

Je suis un jeune garçon froum pour qui jusqu’ici tout marchait tout droit.

J’étudie, je prie, je vis un judaisme épanoui. J’étudie aussi du h’ol en accord avec mes convictions et la pensée des maîtres qui m’inspirent. Pensant depuis toujours que la vie d’un yid est une vie dans ce monde au dedans duquel il se mit d’u faire jaillir la Torah.

Je suis en âge de me marier et ait fait déjà plusieurs choses chidoukhim qui n’ont pas fonctionné. J’étais jusqu’à présent désespéré et triste de cette situation. Et il y a quelques mois, je rencontre celle qui je crois serait mon zivoug. Problème, elle n’est pas juive...et elle m’aime.

Je suis depuis partagé. A moitié outré de me dire que je pourrai envisager de m’interesser à elle. A moitié fou amoureux...

je me sent en porte à faux par rapport à moi même, je me sent tres honteux. Je me dis qu’il faut arrêter de penser à elle...Et parfois je m’en dis que je passe peut être à côté de celle aûHashem à voulu pour moi, qu’elle voudrais sûrement se convertir...

je suis coupé en deux entre mon cerveau et mon cœur. Et parfois je n’en sais plus ce qui est quoi...j’ai donc besoin de HIZOUK pour pouvoir prendre une décision claire et définitive et enfin, réussir à me regarder dans la glace le matin quand je met mes tefilin...

Pardon d’avance pour ce message très long...

merci pour votre aide. 

Nathan Schwob
Vendredi 7 juin 2019 - 09:02

Vous avez bien fait d'appeler au secours et de demander du H'izouk.

 

Je vais essayer de le faire en même temps que de vous aider à mettre de l'ordre dans vos idées.

 

Puisqu'elle n'est pas juive, elle n'est pas pour vous, point à la ligne.

Le mariage mixte a toujours été considéré, même chez les juifs assimilés comme la dernière ligne à ne pas franchir. En d'autres mots, le mariage mixte est une autodestruction, il signifie de s'exclure du peuple juif à court terme, puisque les enfants ne seront pas juifs.

 

L'idée de la conversion est une illusion car les conversions en but de se marier sont repoussées.

 

Votre situation ressemble un peu à celle décrite au début de la Paracha de Ki Testé. La Thora nous enseigne ce que doit faire un soldat qui tomberait fou d'amour pour une prisonnière du clan ennemi. Vous connaissez sûrement ce que nos sages nous enseignent et qui est repris par Rachi : "La Thora n'a permis cette femme que pour contrer le Yetser Hara. Si D-ieu ne la lui avait pas autorisée, il se serait marié en transgressant l'interdiction…".  Vous connaissez la suite. (Voir Devarim 21,11 et Rachi). Autrement dit : la Thora a pris en considération que ce soldat, n'arrivera pas à surmonter son attirance physique pour cette femme, à cause de la situation de guerre. Il fallait donc cadrer le problème pour éviter le pire. Ceci n'était pensable, n'a été dit et indispensable que pour le soldat. Ce qui n'a pas empêché les Baley HaMoussar, qui retirent de cette Mitsva son aspect moral, d'expliquer que "l'ennemi" dont parle le texte c'est le Yetser Hara, le mauvais penchant, c’est-à-dire les énergies physiques et vitales qui existent dans la nature du corps humain mais qui sont utilisées à mauvais escient.

 

Dans la culture qui nous entoure, on parle beaucoup du cœur et des sentiments d'amour comme s'ils justifiaient tout. Mais des études sur la chimie du cerveau et de l'amour ont mis en évidence la production de substances qui fonctionnent un peu comme des drogues. Elles sont fabriquées pour donner le sentiment de bien-être et d'attirance qu'on appelle l'amour. Et se tassent avec le temps.

 

Désolé de casser un peu le romantisme.

 

Cependant, dans la perspective morale que la Thora nous enseigne, on comprend mieux ce qu'est le Yetser Hara. Ce n'est pas ce petit diable ou ce dédoublement de la personnalité qu'on s'imagine en général, mais vraiment des volontés ou des sentiments qui se réveillent en nous, souvent pour des raisons physiologiques et qui doivent passer sous le crible de la raison et de la Nechama pour recevoir leur légitimité morale.

 

Nous voyons donc qu'Hachem nous a créés avec des sentiments extraordinairement agréables, qui donnent beaucoup de plaisir à la vie, et qui pourtant doivent être soumis à Sa volonté pour remplir leur rôle, tel que D-ieu l'a voulu.

 

Les sentiments de honte et de porte à faux sont des "gardes fous" qui ne doivent pas vous mettre en déprime, mais au contraire, vous réjouir et vous donner les encouragements de continuer dans vos efforts parce qu'ils sont la preuve que votre moralité est en bonne santé.

 

Alors la question qui se pose est de savoir pourquoi vous passez par cette épreuve, ce Nissayon. Seul vous-même ou quelqu'un qui serait prophète pourra y répondre. Mais il n'y a plus de prophètes.

 

Je ne peux que vous suggèrer quelques directions de réflexion, à vous de trouver la signification de ce que vous vivez.

 

Vous êtes en âge de vous marier, c'est donc normal et bienvenue que vous soyez sensible aux charmes d'une jeune fille. C'est ainsi que D-ieu a créé le monde pour qu'il se construise. Vous avez aussi eu plusieurs rencontres qui n'ont rien données, puis cette rencontre qui vous perturbe. L'ensemble de ces expériences, positives et négatives vont vous aider à mieux comprendre ce que vous attendez de votre future aux niveaux spirituels et matériels : la réflexion, la sensibilité, l'apparence extérieure, les qualités humaines, les valeurs et l'échelle des valeurs, la qualité du dialogue, l'avenir de la famille et l'éducation des enfants. Peut-être avez-vous eu cette rencontre impossible pour entrevoir positivement le beau côté que vous devrez chercher chez celle qui pourra être votre femme.

 

Je vais cependant vous proposer une autre direction de pensée qui peut être ne vous plaira pas, mais qu'à cela ne tienne.

 

Le Tanakh nous raconte par deux fois l'expérience de l'exil et ses conséquences sur les mariages mixtes. La première dans le livre de Ruth (1,3) que nous lirons après demain à Chavouoth. La seconde dans le livre d'Ezra (Ch9 et 10) qui nous montre à combien la vie de l'exil au sein de la société ambiante avait fait des ravages. Vous décrivez votre identité juive comme celle d'un individu qui pratique une religion de prière et d'actes qu'on appelle des Mitsvot, avec quelques concession sur le monde h'ol, et le but de faire jaillir une Thora qui n'éclabousse que vous. Vous croyez sincèrement, puisque c'est comme cela que vous avez été éduqué, que tout marche tout droit et que cela s'appelle un judaïsme épanoui.

Et bien je vous propose de penser que vous vous trompez et que c'est le message que D-ieu vous envoie dans ce Nissayon: si c'est cela votre judaïsme, alors il vous amène en perdition.

 

Nous lirons après demain, à Chavouoth les dix "commandements" (dix paroles) qui commencent par ces mots : Je suis Hachem ton D-ieu qui t'as fait sortir d'Égypte. Pourquoi les hébreux qui avaient vécu l'évènement 49 jours plutôt avaient-il besoin qu'on le leur rappelle ? C'est qu'en Égypte D-ieu leur avait dit qu'ils sortiront pour aller sur la terre d'Israël (Chemoth 3,16-18 et 6,6-8) alors que l'étape du don de la Thora au Sinaï est complétement occultée. Alors D-ieu leur rappelle qu'ils sont sortis d'Égypte avec comme but suprême d'arriver sur la terre de leurs ancêtres et pas de recevoir la Thora. Soyons clair et comprenez comme il faut : la Thora qui est la parole divine est fondamentale car elle vient enseigner au peuple juif comment être un peuple sur sa terre, comment être une nation à part entière parmi les nations du monde. Le but de la révélation de la Parole divine au Sinaï puis par la Thora, est de donner au peuple d'Israël son identité de nation sainte, de "fils ainé" responsable de transmettre la volonté de D-ieu aux autres nations du monde. Être un peuple prêtre.

 

L'identité juive ne peut se réaliser qu'au sein de la nation d'Israël, sur sa terre, là où toutes les actions, même celles qui pourraient paraitre H'ol, sont Kodech parce qu'elles participent au dévoilement de la présence divine en Israël pour le bien de l'humanité, dans un message d'harmonie entre le ciel et la terre, entre les actes et la morale. (Voir par ex. H'atam Sofer sur Soucca 36a Domé LeKouchi).

 

Se marier est une Mitsva qui a une implication personnelle mais aussi et peut être même plus à long terme, une implication nationale.

 

Comme dit, c'est possible que cela ne vous ait pas plu. J'ai proposé vous disposez. Bon courage, berakha vehatslah'a.

Chabbat Chalom et H'ag Saméa'h.