1/ A propos de la réponse qui a été faite à la question 4547 sur l'accès au Har Habït, le Rav Simsovic répond qu'il y a des endroits où les juifs peuvent se rendre, suite à une décision du Rav Goren en 1967.
Sur quelles bases s'est-il appuyé, et pourquoi la quasi-totalité des rabbanim actuels en interdisent l'accès total ?
2/ Sur la 2ème partie de la réponse, en quoi la halakha devrait s'effacer au profit d'un fait politique. Le pricipe de Et laasot Lachem Eferou Toratekha ne semblant s'appliquer en la matière. De plus nous n'avons pas de nos jours de prophète ou de Sanhédrin qui pourrait prendre une telle décision.
J'ai bien peur que votre réponse soit plus inspirée par un engagement politique que par un souci de faire connaître la pure halakha.
1. Je n'ai pas écrit que des Juifs pouvaient s'y rendre suite à une décision du Rab Goren. Il n'a besoin d'aucune autre base que celle de la halakha connue de tous. J'ai écrit que le rav Goren avait délimité les endroits où on pouvait se rendre. Il n'est pas le seul. Le rav Hayim David Halévy écrit dans une réponse (Assé lekha rav, 1, 48) :
Le "mont du Temple" est le mont sur une partie duquel était construit le Temple. Le Temple était entouré d'une muraille dont le Kotel Hamaaravi est un vestige. La surface du mont du Temple était de 500 coudées carrées.
Le Temple n'était pas bâti au centre du mont, mais du côté nord-ouest.
Suivent des détails techniques sur les divers espaces qui entouraient le Temple, le plus extérieur entourant toute la surface étant le Soreg, à l'intérieur duquel était le Heyl, d'une largeur de 10 coudées; à l'intérieur il y avait la Ezrat Nachim, l'espace des femmes, à l'intérieur l'espace des hommes (Ezrat Yisraël, à l'intérieur l'espace des cohanim, à l'intérieur la salle du Temple, le Sanctuaire, le Saint, et le Saint des Saints.
Et voici l'un des passages clés de cette réponse : Les mesures de ces espaces nous sont connues avec une précision absolue et sont clairement explicitées dans le Michné Thora de Maïmonide, Hilkhoth Beth Habe'hira, chap. 5 et 6.
Et voici le suivant : Tous ces espaces n'avaient pas le lême degré de sainteté (cf. Massékhet Kélim I) [...] le mont du Temple se trouve au 3ème rang et il est interdit aux zavim, zavoth, nidoth et yolédoth. Le Heyl est d'un rang de sainteté supérieur et il est interdit aux impurs par contact avec un mort (c'est-à-dire, dans la pratique, tout le monde.
Suivent deux pages de considérations halakhiques sur la nature de la sainteté du lieu, les diverses prises de positions à ce sujet, etc.
Je citerai encore deux passages :
I. Si nous voulions permettre aujourd'hui du point de vue de la halkha l'entrée sur le mont du Teple, il faudrait procéder à des mesures méticuleuses et situer exactement l'emplacement du Temple. Cela ne présente aucune difficulté, puisque ces mesures nous sont parfaitement connues avec une extrême précision (bédiouq nimratz) et même son emplacement n'est pas difficile à fixer, et ce en particulier après les fouilles qui ont été effectuées autour du Mur occidental et que tous les accès intérieurs au Temple nous sont désormais connus.
II. Il y a cependant des gens qui craignent que cette permission n'entraîne éventuellement le fait que beaucoup se trompent et soient ainsi passibles de kareth pour avoir pénétré là où c'est interdit où qu'ils pénètrent là où c'est permis mais sans s'être purifiés par le miqvé. Mais à mon humble avis c'est craintes sont insuffisantes pour nous interdire l'entrée du mont du Temple. Ceux qui n'ont point d'égards pour la sainteté du lieu y entrent partout de toute façon et seuls sont pénalisés par cet oukaze les craignants Dieu dont le coeur s'épanche du désir de se tenir aussi près que possible du lieu d'où rayonnait la merveilleuse lumière où se révélait jadis la divine Présence en claire lumière et qui s'y trouve aussi à présent, bien que cachée.
Fin de citation
Il ressort de ce qui précède que sous condition que la cause d'impureté (zavim, zavoth, nidoth et yolédoth) ait cessé et que l'on se soit plongé dans un miqvé cachère, on peut accéder à l'emplacement du Soreg. (Il ne faut pas oublier non plus qu'il y avait un emplacement dans le périmètre du Temple où venaient les lépreux pour être purifiés et qu'il y avait de même des miqvaoth où le public pouvait se purifier et jusqu'où il pouvait donc arriver même impur.)
Voir aussi Yérouchalayim véHamiqdach du rav Mordékahy Bar-Yossef (Tel Aviv 1974) qui comporte des plans et croquis détaillés ainsi qu'une étude minutieuse des mesures et distances.
Je ne peux évidemment pas répondre à la place de la "quasi-totalité des rabbins" dont vous parlez. Je ne sais pas qui ils sont et je n'ai pas de statistiques aussi précises que les vôtres. Il faudrait leur poser la question et leur demander leurs raisons et peut être aussi d'expliquer comment ils s'arrangent de la règle selon laquelle de même qu'il est interdit de permettre ce qui est interdit, il est interdit d'interdire ce qui est permis. (cf. Sifté Cohen, Choulhane Aroukh... {je n'ai pas la référence sous la main, je complèterai plus tard} et voir aussi Sdé Hemed, Klalim, Maarékhet III, simane 11).
Sur le deuxième point, ou bien vous ne m'avez pas compris ou bien les mots n'ont plus le même sens en France et en Israël.
D'une part, je n'ai jamais dit que la halakha devrait s'effacer au profit d'un fait politique. J'ai même dit tout le contraire, à savoir que quelle que soit la décision des autorités rabbiniques compétentes concernant où on peut ou non monter sur le Har Habayit, il reste que la Halakha nous fait obligation sans condition d'établir la souveraineté POLITIQUE d'Israël sur TOUT le territoire d'Eretz Israël. C'est donc le politique qui est soumis à la halakha comme tout le reste de la vie publique et privée. Mais le politique n'échappe pas à la sphère de la Thora. Il ne lui est ni extérieur, ni étranger. Le royaume messianique n'est pas une utopie spirituelle mais une réalité concrète et politique, même s'il s'agit de la politique par laquelle la volonté divine devient souveraine.
J'ai donc dit qu'il y avait une différence monumentale entre ne pas aller sur le mont du Temple (personne ne vous y oblige) par auto-restriction que de ne pas pouvoir y aller parce qu'une présence étrangère nous en empêcherait. J'ajoute que ceux qui sont si sourcilleux de la halakha devraient manifester jour et nuit contre le sacrilège qui autorise que le lieu le plus saint du judaïsme soit constamment foulé aux pieds par des étrangers, là-même ou le grand-prêtre d'Israël n'osait entrer qu'après les plus intenses préparatifs et purifications.