Conversation 10815 - Manger ds la souka vendredi soir (tres urgent)

Bien que j'aie fait une session de dernière minute sur le site avant de prendre congé pour Chabbat et fête, je n'ai pas vu cette question. Il faut tenir compte du temps de triage. Si vous avez des questions TRES urgentes, le rav local est une adresse plus sûre. Il nous est pratiquement impossible de répondre immédiatement. Ou alors essayez une de nos adresses personnelles déjà publiées sur le site.
En tout état de cause, on prend congé de la soucca à Hochaba Rabba et on ne mange pas dans la soucca à Chémini Atséret.
Si pour des raisons pratiques on doit encore manger dans la soucca (et il vaut mieux éviter cela que d'aucun considèrent comme relevant de "bal tossif") on ne fait certainement pas la bérakha.

Non, pourquoi ? Elle est valable de par le monde. Le fait que Chmini Atseret dure deux jours en France, commençant vendredi soir comme en Israël mais finissant dimanche soir ne change rien à la chose.
Il n'y a plus de mitsva de soucca à Chmini Atseret.

1. Ce n'est pas le Michna Broura qui écrit cela, mais le Choulhane Aroukh.
2. Le Maguen Avraham rapporte le Minhag des communautés qui depuis des temps reculés ne pratiquent pas ainsi car (explication du Beth Yossef) on ne peut pas à la fois dire dans la téfila et le qiddouch "chémini atséret" et se conduire comme si c'était encore Souccoth.
C'est pourquoi le Michna Broura dit [note 7] que c'est une houmra.
Le Maguen Avraham considère quant à lui que la raison serait plutôt à cause de Bal Tossif. La Thora a dit "vous résiderez dans des Souccoth sept jours" - et non huit. Or comme on a fait en tout état de cause la bérakha le 1er jour de souccoth on a déjà passé sept jours comme prescrit et rajouter un jour serait Bal Tossif.
3. Il reste que les posqim prescrivent en effet de prendre les repas dans la soucca sans dire la bénédiction "léchev bassoucca" (ce qui pose d'ailleurs d'autres problèmes - voir Michna Broura note 6). Le Maguen Avraham utilise le terme de "tsarikh léékhol" et non "hayavim léékhol" pour indiquer qu'il s'agit d'une houmra. (un peu comme la différence, en français, entre nécessité et obligation).
4. Voir aussi Minhat Chlomo I, 19 dans le cadre de son analyse sur la conduite d'un habitant de Houtz Laaretz séjournant en Israël pour la fête.
"ובפרט שלמעשה הרי ידוע שגם רבים מקילים וגם אין מנהג קבוע בזה"
5. Voir Mahzor Vitry §358 (qui est une importante source de référence de minhaguim anciens) et au paragraphe 384 il écrit que rabbi Yossi de Chinon ne mangeait pas dans la soucca le soir de Chémini Atzéret. Il cite aussi le Yérouchalmi qui dit qu'après avoir fait Qiddouch dans sa maison, celui qui a un faible pour sa Soucca peut manger dans la Soucca (mais pour houtz laaretz ceci n'est pas une preuve car le Yérouchalmi parle a priori pour Eretz Israel - ce que confirme par ailleurs le Reavia II, 695).
6. Voir aussi R. Eliézer b. R. Yoel Halévi (Reavia) II, 695 qui rapporte les différences de minhaguim à ce sujet au sein même de la famille de R. Yitzhaq Halévy de Worms dont une partie des fils mangeaient dans la soucca et les autres non, et que le rav lui même, dans sa jeunesse ne mangeait pas dans la soucca mais a changé d'avis dans sa vieillesse. Il analyse aussi - en s'y opposant - le commentaire de Rachi sur la guémara, faisant ressortir que selon Rachi il n'y a pas obligation de manger dans la soucca, bien que Rachi lui-même y mangeait.

En bref, vous avez d'un côté raison et j'aurais dû être plus précis, mais d'autre part il n'est pas moins vrai que le minhag de ne pas manger dans la soucca ajouté à l'interdiction d'y dormir et - pour certains - l'interdiction d'y manger quoi que ce soit qu'on y mangerait pendant Souccoth sans faire la bérakha de léchev bassoucca (comme des fruits ou du pain ou des gateaux en quantité moindre que celle requise pour la bérakha) montre bien que la question n'est pas aussi simple qu'il y paraît.

(La source de la controverse est dans le traité Soucca 47a.)