Conversation 1451 - Pourquoi une femme ne peut témoigner?
bonjour,
je sais qu'il est interdit pour une femme de temoigner lors d'un mariage,mais lorsqu'on me pose la question,je ne sais pas vraiment y repondre. On m'a deja repondu qu'une femme est trop emotive et impulsive pour rester impartiale face a des problemes de couple. Est-ce la veritable raison?
Le Talmud ne donne pas de raison au fait qu'une femme ne puisse pas temoigner .
Certains rabbins expliquent cette loi tel que vous l'avez fait dans l'enonce de votre question. Mais en realite, il ne s'agit pas seulement de temoignage par rapport au mariage, mais de tous les temoignages. La raison que vous invoquez n'est donc pas complete. De plus, les femmes sont-elles vraiment plus emotives que les hommes et plus suspectes d'impartialite? Permettez-moi d'en douter.
D'ailleurs, le fait de ne pas accepter le temoignage de deux personnes ne prouve pas obligatoirement que l'on n'a pas confiance en elles. Ainsi, si Moche Rabbenou et Aharon HaCohen en personne venaient temoigner, aucun tribunal n'accepterait leur temoignage, car l'on n'accepte pas le temoignage de deux freres. Cela signifie-t-il que nous les soupconnons de ne pas temoigner la stricte verite?
Il est possible que cette loi reflete la condition feminine a l'epoque talmudique, et que quand nous aurons un Sanhedrin qui aura l'autorite necessaire de faire des amenagements de la Halaha, cette Halaha sera changee. Maimonide ecrit que pour changer certaines lois un tribunal de moindre autorite est suffisant, et la loi concernant le temoignage des femmes entre dans cette categorie de lois.
De nos jours, certains tribunaux rabbiniques font confiance aux depositions faites par des femmes aussi bien qu'a celles faites par des hommes, sans les considerer comme des temoignages au strict sens du terme.
Comment expliquez-vous pourquoi les femmmes ne peuvent pas témoigner et pensez-vous aussi que le Sanhédrin annulera cette loi.
La non acceptation du témoignage d'une femme est une loi de la Torah. (Rambam Loi des Témoignages 9,2) Aussi, aucun Sanhédrin au monde ne pourra annuler cette loi.
Par exemple, pour qu'un mariage soit valable, il faut qu'il soit célébré devant deux témoins. Si ces deux témoins sont des femmes, le couple ne sera pas marié et on n'a jamais entendu qu'un couple non marié puisse devenir marié par décision d'un tribunal rabbinique.
De même, lorsque le sanhédrin existera et que les sanctions de la Torah seront rétablies, nul ne pourra recevoir la punition de la Torah suite au témoignage d'une femme.
Un tribunal rabbinique qui instituerait une telle chose se disqualifierait ainsi et on aurait l'interdiction de respecter ces décisions.
Certes, me direz-vous,les sages ont permis la vente du Hamets pour garder du Hamets pendant Pessah', la vente d'Israël pour permettre la loi de la Chemita, le "Heter Iska" pour permettre d prêter avec intérêt.
Mais en fait il n'y a aucune comparaison possible.
En effet, les sages n'ont pas permis le Hamets à Pessah', n'ont pas annuler la loi de la Chemita, celui qui le désire peut la respecter. Ils n'ont pas annulé la oi des interêts, nombreux sont les juifs qui respectent cette injonction de la Torah à la lettre.
Ce qu'ils ont fait, c'est utiliser un espace juridique prévu par la Torah pour contourner la loi en cas de nécessité. En cela notre Torah est une Torah de vie qui a prévu en son sein les moyens de prendre en considération des difficultés qui surgiront. des siècles après que la Torah ait été donnée.
Ceci dit, l'interdiction du témoignage d'une femme n'est pas - dans la Torah même - une loi universelle.
Il existe de très nombreuses exceptions.
En particulier une femme est crue pour tout ce qui concerne les interdits de la Torah, comme cacheroute, etc. (Y.D.127,3) Son témoignage est accepté aussi pour permettre le remariage d'une femme.
De plus, il faut savoir que les lois concernant les relations entre les hommes sont situées sur deux niveaux, l'un le niveau de l'absolu, un autre un niveau qui prend en considération le concret.
Dans ce deuxième niveau, le Choulh'an Aroukh prévoit déjà que le témpoignage des femmes peut être accepté dans certaines circonstances. (H.M. 35,14)
En effet, si on appliquait le niveau de l'absolu, on ne pourrait juger de rien. En effet, dans l'absolu, il faut être assuré de la vérité des dires des deux témoins. Aussi, ceux-ci son très facilement considérés comme invalides. En effet, tout celui qui ne respecte pas des lois de la Torah est disqualifié, de m^me celui qui a l'habitude de perdre son temps en jouant est également disqualifié. Les deux témoins subissent un interrogatoire serré et en cas de contradiction leur témoignage sera considéré comme non recevable et encore beaucoup de lois que l'on ne peut pas énumérer ici.
C'est cela l'absolu et dans ce cadre là le témoignage des femmes n'est pas valable.
Mais dans le cadre de la vie pratique, il est nécessaire pour empêcher que des méchants puissants s'emparent du monde, il faut instituer des allègements à ces lois pour que la société fonctionne. Et ceci est juridiquement possible parceque l a Torah a donné le pouvoir aux juges de condamner sans respect dans sa totalité les exigences de la Torah pour conserver la société. (H.M. 2)
Pour des questions d'argent, leur intervention est facilitée par le principe talmudique qui s'appelle "Hefker Bet Din Hefker" qui permet au Tribunal de disposer des biens des gens s' il le juge nécessaire.
Dans ce cadre là des adaptations sont possibles et ceci sans même attendre l'avènement du Sanhédrin.
Pour conclure, même si nous ne comprenons pas une loi de la Torah, on ne peut pas l'annuler. C'est nous qui devons étudier davantage pour mieux s'identifier à elle.
J'essaiyerai de revenir sur le site pour compléter la réponse, ceci dans ses prochains jours si D veut.
chalom rav,
j'ai lu la n°1451, et avec votre permission je voudrais citer un extrait du livre "introduction au talmud" du rav steinsaltz (dispo en poche chez albin michel)- sachant que cet extrait ne figure pas dans une section sur les témoignages :
"on rapporte une anecdote particulièrement éclairante à propos de Rabba et de sa seconde épouse, amoureux l'un de l'autre depuis leur plus tendre enfance. La femme de Rabba, << fille de Rav 'Hisda>>, assistait à une séance de tribunal où une femme était sur le point de prêter serment; elle dit à son mari qu'elle savait que cette femme mentait; celui-ci accepta son opinion et émit son jugement en fonction de cet avis. Cela ne causat pas d'émotion particulière parmi les présents où l'on comptait plusieurs élèves de Rabba. Quelques temps plus tard, dans des circonstances analogues, un des disciples les plus doués de Rabba, l'amora Rav Pappa mit en doute l'honnêteté d'un plaideur. Rabba rejeta poliment son opinion : << vous ètes, monsieur, le seul témoin, et je ne peux agir sur la foi d'un témoignage unique.>> <> lui demanda Rav Pappa. A quoi Rabba répondit : << Je connais très bien ma femme et fais confiance à son jugement. Je ne vous connais pas, vous, Monsieur, aussi bien.>> On remarquera que Rav Pappa ne s'en formalisa nullement; il tra au contraire parti de cet incident pour exposer des conclusions générales sur la validité d'une déposition émanant d'un témoin digne de confiance"
(p.157)
Chalom,
Merci.
re No. 1451
'Maimonide ecrit que pour changer certaines lois un tribunal de moindre autorite est suffisant, et la loi concernant le temoignage des femmes entre dans cette categorie de lois. '
Vous pouvez nous expliquer et aussi nous donner des references s il vous plait, c'est un sujet assez interessent!! Todah rabah!!!
Chalom,
La référence se trouve dans le Michné Tora, Hilkhot Mamrim, 2, 1.
Le Rambam y écrit que les lois qui sont déduites de la Tora (pas celles qui y sont explicites) peuvent être changées par un Sanhédrin de mondre importance que celui qui a édité cette loi. Il semble que ce détail ait échappé au Rav Botschko quand il écrit qu'aucun Sanhédrin ne pourra annuler cette loi. J'en ai d'ailleurs parlé avec mon maître le Rav Aharon Lichtenstein qui a confirmé mes dires.
Je tiens juste à préciser que le Rambam ne cite pas l'exemple du témoignage féminin, que j'ai amené en illustration de ce qu'il écrit.
Erev Tov Kvod Harav,
je me permets de reprendre une discussion sur la question 27450 sur l'interdiction faite aux femmes de témoigner.
Je me suis retrouvé pris à parti dans une discussion très féministe qui soutenait que la femme était inférieure à l'homme dans la Thora pour preuve "elle n'a pas le droit de témoigner".
J'ai tenté d'expliquer que bien au contraire, elle a été éloignée de la chévoua mais pas pour des raisons de confiance ou de position pour preuve son témoignage sur la cacherout ou sur la judaïté d'un individu, ou encore sur le célibat d'une personne est TOTALEMENT recevable et accepté.
J'ai lu il y a un moment un commentaire très beau qui rapportait que la femme a été éloignée des témoignages délicats pour la protéger et uniquement pour cela, pas pour la rendre inférieure, mais au contraire pour la préserver des effets de vengeance que pourrait entraîner ses témoignages dans des sujets d'argent, de moeurs, ou juridique.
La protéger d'elle même pour des raisons de sensibilité aux émotions, mais surtout de la préserver dans une société essentiellement composée d'hommes à l'époque et qui pouvait l'entraîner à une disgrace de son mari, dans le cas ou son témoignage pourrait lui occasionner du tort.
je n'arrive pas à retrouver ce commentaire et je voudrais vraiment répondre à ce genre d'accusation de féministes qui tentent en permanence de faire coller Thora au mot misogynie !!!
Pourriez vous m'aider à retrouver ce commentaire, ou compléter mes arguments en me donnant des références allant dans ce sens.
Merci par avance.
Kol touv et Shabbat Chalom Kvod Harav
Michael AMAR (ancien H'anikh qui se souvient encore d'exploits d'acrobaties avec des cornets de journaux :))
Regardes la 3290 du Rav Kahn zal.
(-)
Bonne memoire pour le cornet (pourim 1993)