Conversation 25865 - La chasse cachère
bonjour,
au fait, pourquoi les parties basses de certains animaux sont interdittes, et pas celles des volailles par exemple.
pourquoi les avis diffèrent sur la cacherout de telle ou telle volaille?
canard et paon par exemple.
et enfin, une question qui a failli me brouiller avec une de mes collègues juives, les animaux cachers tués à la chasse sont ils autorisés.
moi je dis pas de chehita pas cacher.
la chasse existe t elle en israel ? si non pourquoi?
un animal cacher tué lors d'une chasse comment peut on dire s'il est cacher?????
et re enfin, un restaurateur peut il acheter de la viande cacher (pour sa qualité et sa fiabilité ) pour en faire usage pour des non juifs dans un resto non cacher..?
Ruben
Dans le cadre de la préparation de la publication d'un nouveau tome de responsa, il m'arrive de revoir ma position sur des réponses données par la passé.
C'est le cas concernant la réponse suivante. Il n'y a pas d'incidence pratique au changement de version, mais la nouvelle réponse est plus près de la vérité.
1. Le nerf sciatique est interdit à la consommation en souvenir du combat de Yaacov avec l'ange, combat au cours duquel il fut blessé à cet endroit. Il ne s'agit donc pas vraiment d'interdiction de manger les parties basses, mais plus précisément le nerf sciatique.
Cette interdiction ne concerne que les animaux ayant une patte articulée, ce qui n'est pas le cas des volailles. S'il se trouvait une espèce de volaille dont la patte est articulée, son nerf sciatique serait interdit à la consommation. De même que si l'on trouvait un animal cacher dont la patte ne l'est pas, son nerf sciatique serait autorisé (Rambam, Maakhaloth Assouroth, 8, 4). Peut-être parce que la jambe humaine est articulée?
On a pris l'habitude, dans certaines communautés, de ne pas consommer toute la partie arrière de l'animal, pour des raisons de rentabilité. En retirer les parties interdites (certaines graisses, en plus du nerf) demandaient trop d'efforts, et n'était pas rentable, quand il était possible de vendre ces parties aux non Juifs vivant aux alentours. Aujourd'hui en Israël, on vend ces parties, nettoyées et cachères. Les amateurs de bonne viande affirment que ce sont les meilleures parties, je ne saurais donner un avis éclairé sur la question. Cela ne présente aucun problème halakhique: en effet, comme je l'ai signalé, cela ne se faisait pas dans certaines communautés, pour des raisons de rentabilité, pas pour des raisons religieuses (Igrot Moché, Y.D., 2, 42).
Nous avons appris là encore un principe important concernant la Halakha. Le fait qu'une chose se faisait ou ne se faisait pas dans le passé, ne lui accorde pas obligatoirement la valeur de Minhag, de coutume, à laquelle il faut s'attacher. Encore faut-il savoir comment cette coutume s'est enracinée, quand et pourquoi. C'est seulement après avoir répondu à ces questions qu'on pourra décider s'il s'agit d'une conduite à suivre obligatoirement, ou si elle peut être abandonnée.
2. Je ne connais pas de divergence d'opinion concernant le canard qui est autorisé de l'avis général.
Concernant le paon, les avis sont plus partagés. Ceci provient du fait qu'il n'y a pas de signes clairs dans la Tora pour désigner les animaux cachers, mais une liste exhaustive de vingt quatre volatiles qu'il est interdit de manger (Vayikra 11 et Devarim 14).
Il y a de plus, des signes physiologiques qui, par tradition, désignent les volatiles cachers (C.A., Y.D., 82, 1 et 2). Mais on ne mange effectivement que les oiseaux sur lesquels il y a une tradition bien établie qu'ils sont cachers.
Le problème est le suivant: l'oiseau appelé aujourd'hui en hébreu "tavasse", et qui désigne en hébreu moderne le paon, est-il bien l'oiseau qui dans les sources anciennes est désigné par ce nom? Nous entrons là dans une problématique connue, celle de l'identification des animaux nommés expressément dans la Tora ou dans le Talmud (voir la réponse "au lièvre ruminant").
Si la réponse est positive, il y a lieu de l'autoriser à la consommation, puisque nos ancêtres en mangeaient. C'était une tradition bien établie en Italie que d'en manger (Pahad Yitshak, 6, page 68). C'était moins répandu dans les Balkans (toutes les références à ce sujet se trouvent dans l'article remarquablement documenté du Docteur Zohar Amar, Chana Bechana 5763, repris sur Internet http://www.daat.ac.il/daat/kitveyet/shana/amar-1.htm).
Depuis environ 150 ans, cette tradition s'est perdue, et on ne mange plus de paon.
Notons que ces dernières années en Israël, certains réclament que les traditions ancestrales concernant les animaux cachers et ceux qui ne le sont pas, soient conservées, qu'on n'en vienne pas à unifier les coutumes, ce qui ne manquera pas de mener à l'interdiction de tous les animaux qui n'étaient pas consommés dans l'ensemble du monde juif. Le 3 Tamouz 5762, un repas a été servi à Jérusalem, en présence de rabbins, avec au menu les viandes "originales" à propos desquelles il y a des traditions bien établies.
3. Il faut impérativement faire la chehita, donc le gibier chassé n'est pas cacher.
4. Aucune interdiction pour des non juifs de manger de la viande cachère
ANCIENNE REPONSE
Chalom
1. Le nerf sciatique est interdit à la consommation en souvenir du combat de Yaacov avec l'ange, combat au cour duquel il fut blessé à cet endroit. Il ne s'agit donc pas vraiment d'interdiction de manger les parties basses.
Cette interdiction ne concerne que les animaux ayant une patte articulée, ce qui n'est pas le cas des volailles. Si il se trouvait une espèce de volaille dont la patte est articulée, le nerf sciatique y serait interdit. De même que si l'on trouvait un animal cacher dont la patte ne l'est pas, son nerf sciatique ne serait pas interdit (Rambam, Maakhaloth Assouroth, 8, 4)
2. Je ne connais pas de divergence d'opinion concernant le canard qui est autorisé de l'avis général, et du paon qui est interdit. Mais il y a effectivement parfois des traditions différentes, comme par exemple concernant le faisan. Ceci provient du fait qu'il n'y a pas de signes clairs dans la Tora pour désigner les animaux cacher, mais une liste exhaustive. Et que l'identification des espèces désignées n'est pas toujours évidente.
3. Il faut impérativement faire la chehita, donc le gibier chassé n'est pas cacher.
4. Aucune interdiction pour des non juifs de manger de la viande cachère