Conversation 35877 - Le nom de Chabbath ha-gadol

Karen8
Mercredi 28 mars 2007 - 23:00

Bonjour, je voudrais connaître les raisons de l'appellation Chabat Hagadol, pour le chabat qui précède Pessah. merci

Jacques Kohn z''l
Mardi 21 août 2007 - 06:05

Contrairement à une idée souvent reçue, l’expression Chabbath ha-gadol ne signifie pas : « Grand Chabbath », mais : « Chabbath “du grand” ». Pour qu’on le traduise par « grand Chabbath » ou « le grand Chabbath », l’application des règles de la grammaire hébraïque aurait exigé que l’on dise, respectivement : Chabbath gadol ou ha-Chabbath ha-gadol . On dira par conséquent que la grandeur de ce Chabbath ne s’attache pas à ce jour-là lui-même, mais à quelque chose de « grand » qui lui est associé.

Beaucoup d’explications ont été avancées pour faire connaître la raison de cette appellation. Nous en citerons ici quelques-unes :

La première de ces explications, plus amusante que réfléchie, consiste à associer l’office du matin de ce Chabbath -là à la deracha , qui peut se prolonger au-delà de sa durée habituelle, prononcée par le rabbin de la communauté au cours de laquelle il expose et commente les dinim applicables à la fête de Pessa‘h .

On dira cependant, plus sérieusement, que ce Chabbath reste associé à un « grand » événement, passé ou futur.
Le grand événement futur est celui qu’annonce la haftara que l’on récite le dernier Chabbath avant Pessa‘h : Cette haftara a été empruntée au troisième et dernier chapitre du prophète Malachie qui parle de l’ultime délivrance, du verset 4 au verset 24.

Or, le verset 23 de ce chapitre est ainsi conçu : « Voici Je vous envoie Elie, le prophète, avant que vienne le jour de Hachem , le grand ( ha-gadol ) et le redoutable. » En ce jour-là, expliquent les commentateurs, aura lieu notre libération définitive, et l’on sait que, selon certaines opinions, c’est au mois de nissan , mois de Pessa‘h , que cette libération aura lieu.

Un autre élément de grandeur associé à ce Chabbath est lié aux événements qui ont précédé la sortie d’Egypte. Cette « grandeur » tient à des miracles dont ont bénéficié alors nos ancêtres.

Notamment, alors que, obéissant à l’ordre de Hachem , ils avaient entraîné dans leurs maisons ce Chabbath -là, 10 nissan , l’agneau qui allait, quelques jours plus tard, être offert en sacrifice pascal, les Egyptiens, qui tenaient pourtant cet animal pour l’un de leurs dieux, n’ont pas réagi à ce qui était pour eux un sacrilège.

On rappellera également un autre miracle survenu le même jour : une révolte des premiers-nés égyptiens. Pressentant le massacre dont ils allaient faire les frais quelques jours plus tard, ils se sont rebellés, nous apprend le Midrach , contre l’autorité royale, et la guerre civile qui a alors éclaté a fait de nombreuses victimes.

L’important est toutefois que ce n’est pas cette guerre civile qui a sauvé les enfants d’Israël, mais la main de Hachem Lui-même, bi-khevodo ouve-‘atsmo , comme si notre histoire se chargeait ici de nous rappeler que ce ne sont pas les événements humains qui font les « grands » miracles, mais l’intervention divine et elle seule.