Conversation 37675 - Kadish pour lustiger

Antirien
Lundi 6 août 2007 - 23:00

Bonjour,

J'ai appris aujourd'hui que Lustiger est mort.
Puis je espérer que quelqu'un dira Kaddish pour lui ou dois je faire une croix dessus ?
La Halakha est-elle de dire ou est-il considéré comme impie ?`

Qu'Hachem lui pardonne, il devait sûrement vouloir bien faire...

Rav Elie Kling
Samedi 11 août 2007 - 14:14

Rassurez vous, ses proches disent kadish pour lui. L'un d'eux l'a meme recite le jour des funerailles sur le parvis de notre Dame.!
Il me semble que le probleme est davantage la presence de ce proche a la cathedrale que la recitation du kadish en elle meme.
Cordial chalomi

Barbidouille
Samedi 11 août 2007 - 23:00

Bonjour Rav Elie Kling

Je viens de lire la question n° 37675, "Kadish pour Lustiger", ainsi que la réponse qui a été apporté.
Je ne suis pas certaine de comprendre ce que veut dire l'internaute en écrivant : "Qu'Hachem lui pardonne, il devait sûrement vouloir bien faire... ", et du coup cela me dérange.
Y'a t il eu une faute de commise à ses yeux ? Pourriez vous m'expliquer svp, ce qu'il a voulu dire ....

D'autre part, dans votre réponse, vous écrivez : "Il me semble que le probleme est davantage la presence de ce proche à la cathedrale que la recitation du kadish en elle meme"
Est ce que cela signifie que le fait qu'un juif soit entré dans une cathédrale, tout simplement pour accompagner une dernière fois un de ces proches catholique, soit un problème pour vous ? Pourquoi tenir de tels propos ? Lorsque je lis ca, j'ai l'impression que c'est une honte, voire un déshonneur, pour vous, et votre peuple , qu'un juif soit entré dans une église !
Pour moi, qui suis athée jusqu'au bout des doigts, je peux vous dire que ca n'était pas un problème du tout ! Bien au contraire ! Heureusement d'ailleurs que plusieurs religions étaient représentées ce jour là !
Comment voulez vous qu'il y ait la paix entre les peuples, avec de tels propos ?
J'aurai aussi une dernière question qui me vient à l'esprit : Est ce aussi un problème pour vous, et est ce mal vu au sein de votre communauté qu'une juive soit amie avec une goy (après tout, c'est comme ca que vous nous surnomé) ?
Peut être aussi ai je mal interprété votre réponse.... Mais voyez vous, j'essaie tout simplement de comprendre pourquoi est ce si compliqué entre les peuples.
J'espère aussi que vous ne serez pas offensé par mes propos... Si c'était le cas, je m'en excuse dès à présent, parce que ce n'était pas mon intention.
J'espère aussi pour finir, que vous me répondrez.

Barbara

Rav Elie Kling
Mercredi 15 août 2007 - 16:53

Aux yeux de l'internaute, le fait qu'un juif delaisse la Torah pour epouser une autre religion, ce qui fut le cas du cardinal, est une faute. A mes yeux egalement. Je comprends parfaitement qu'a vos yeux, puisque vous etes athee jusqu'au bout des doigts, la notion de faute liee a l'adoption de telle ou telle religion est un non-sens: D.ieu n'existant pas, quelle importance de rester ou non fidele a la religion de ses peres?' Pour nous, qui somme convaincus que le peuple juif a une mission a jouer dans le monde, la conversion de Lustiger au catholicisme est en effet une faute.

Tout ceci n'a evidemment rien a voir avec la paix entre les peuples. Les hommes et les peuples vivront en paix les uns avec les autres lorsqu'ils apprendront a se respecter dans leurs differences.

Pour un juif, penetrer dans une eglise n'est ni une honte, ni un deshonneur. C'est une faute. Le juif est en effet astreint a s'eloigner de tout ce qui touche de pres ou de loin a l'idolatrie. Or le christianisme (par opposition a l'Islam) est loin de pouvoir etre considere par la plupart de nos decisionnaires comme un monotheisme pur, meme si les chretiens s'en defendent. Je vous renvoie aux nombreuses reponses redigees sur ce site a ce sujet. Un juif a donc le droit de penetrer dans une mosquee mais pas dans une eglise. Si un de ses amis cathioliques decede, rien ne l'empeche de lui prouver son amitie autrement qu'en penetrat a l'eglise. Il peut rendre visite a sa famille pour lui exprimer sa sympathie et lui apporter ses condoleances. Il peut meme accompagner le corps jusqu'a l'entree de la cathedrale. Si le defunt etait un veritable ami, sa famille comprendra sans doute que le refus de penetrer a l'eglise n'a rien a voir avec l'amitie qu'il lui portait. (ceci repond egalement, vous l'aurez compris, a votre derniere question: l'amitie d'une juive et d'une non juive ne pose pas probleme)

Ce que je viens d'ecrire est encore plus vrai dans le cas du cardinal Lustiger qui considerait son christianisme comme l'aboutissement de son judaisme, idee qui pourrait etre cautionnee par la presence de personnalites juives a la cathedrale le jour de ses funerailles.

Cordial Chalom

chcou
Mercredi 15 août 2007 - 23:00

Précision sur la 37755 : Les juifs présents à la cérémonie et les petits neveux de Lustiger qui ont recité le Kadish ne sont a aucun moment rentré dans la cathédrale, toute la partie "juive" de la cérémonie (Kadish et Tehilim) s'est en effet déroulé sur le parvis, c'est à dire devant la cathédrale. Donc à priori aucun interdit n'a été enfreint.

Par ailleurs j'en profite pour rebondir sur le théme : j'ai lu que le Grand Rabbin de France Joseph Sitruk était un grand ami du cardinal, et lui avait rendu visite à l'hopital de nombreuses fois. Qu'en pensez vous ? Si au regard de la halaha Lustiger était considéré comme un "moumar" (renégat), une personne authentiquement religieuse, d'autant plus lorsqu'elle est représentative de l'ensemble de la communauté, aurait du se garder de ce genre de contact, non ?

Rav Elie Kling
Mardi 21 août 2007 - 14:58

Heureux d'apprendre que la "partiejuive" de la ceremonie se soit deroulee sur le parvis de la cathedrale et non a l'intrieur de celle-ci.

En ce qui concerne l'amitie qui liait le grand rabbin de france au cardinal, je ne partage pas votre point de vue. L'anatheme (ou le herem) a beacoup perdu de son efficacite dans le monde d'aujourd'hui et il convient de ne l'utiliser qu'avec une extreme moderation, si tant elle qu'il faille l'utiliser. Le Grand Rabbin, ainsi qu'un autre ami du cardinal, Elie Wiesel, n'ont jamais cache leur profond desaccord avec Lustiger ey ont publiquement et fermement condanne tant la voie qu'il s'est choisie que son agacante tendance a vouloir a tout prix presenter sa conversion comme l'accomplissement ultime de son judaisme. Ce faisant, personne ne pouvait interpreter leur relation comme une caution qu'ils lui auraient accordee. Le reste est affaire de relations humaines. Je ne pense pas que c'est en boudant Lustiger qu'on pouvait efficacement lutter contre son message ambigu et dangereux.

Cordial chalom

fifo
Vendredi 24 août 2007 - 23:00

Bonjour,
Je tenais tout d'abord à vous féliciter pour le temps que vous passez sur les différentes questions et le travail accompli, ce qui m'a beaucoup aidé à mieux comprendre la religion juive.

A la réponse de la question 37755, vous dites que selon vos décisionnaires, le catholicisme est considéré comme de l'idolâtrie.
Je suis d'origine catholique, et même si je ne me reconnais pas dans cette religion, dans le sens où je ne crois pas en certains de ces précèptes, il me semble avoir appris qu'il n'y avait qu'un seul D.
Et si je me souviens bien, la chrétienneté, comme l'islam, ont la même origine : la religion juive.
Donc comment se peut-il que cette religion ne soit pas vu comme monothéiste par vos pairs ? Qu'est-ce qui fait que cette religion est percu comme de l'idolâtrie ?
Ceci n'est pas un reproche (bien au contraire), mais plus une question de curiosité. Car plus j'en apprends sur le judaïsme et plus je me reconnais. Du coup, je me laisse du temps pour voir s'il s'agit d'un "simple engouement" ou d'une véritable envie de conversion.
Merci d'avance.

Rav Elie Kling
Samedi 25 août 2007 - 16:26

Ce qui fait que certains decisionnaires refusent de considerer le christianisme comme un pur monotheisme et l'assomilent a une forme d'idolatrie provient tant des croyances que de certaines pratiques chretiennes. Au niveau des croyances, le mystere de la trinite est difficilement compatible avec l'affirmation du D.ieu unique. La repesentation de Satan comme force concurente de celle de D.ieu et duquel dependrait le Mal est problematique egalement: pour nous le Mal comme le Bien (ou plutot la perception que nous pouvons en avoir) ne peut avoir qu'une seule origine divine. Mais c'est surtout la possibilite de concevoir que D.ieu puisse s'incarner en homme qui pose probleme.
Au niveau des pratiques, les images et les sculptures qu'on trouve dans les eglises, les statuettes, la croix et les autres representations posent probleme ainsi que la croyance en la saintete de l'hostie.
Voila brievement ce qui fait que meme si on peut considerer le christianisme comme un progres par rapport au paganisme, il est difficile pour un juif de le reconnaitre comme monotheisme integral. (La relation au protestantisme est plus complexe et demanderait d'autres developpements. L'Islam ne pose pas de probleme de ce point de vue)

Cordial Chalom