Conversation 39512 - Vin touché par un futur converti

Pilpel harif
Dimanche 25 novembre 2007 - 23:00

Shalom,
j'avais lu dans une réponse (concernant le cas de candidats à la conversion qui décederaient) que le non-Juif en conversion réduit l'altérité religieuse qu'il a vis à vis des Juifs. Peut-on en ce sens considérer que le vin et le jus de raisin touchés par un non-Juif mais en cours de conversion (qui pratique donc les mitsvot) ne deviennent pas nessekh, puisque le candidat n'est pas 'oved kokhavim?
Toda

Dr Michael Ben Admon
Lundi 14 janvier 2008 - 02:42

Shalom,

L'argumentation halakhique est totalement valable, mais elle n'est pas appliquee pratiquement, sauf peut-etre dans des cas extremes ou pour des raisons bien specifiques, le rabbin de cette personne considerera au vue des donnees en presence, d'opter pour l'avis moins rigoureux. cependant, meme si un cas comme ceci se presentait, il ne ferait pas force de loi (precedent) dans le monde de la halakha du fait de son caractere exceptionnel.
Vous me direz: Si l'argumentation halakhique est valable, pourquoi ne pas l'appliquer ??
Une premiere reponse est qu'en matiere de conversion et d'evaluation de la progression du candidat, il est tres difficile de donner des criteres objectifs. Comment, en effet, evaluer la minimisation de l'alterite religieuse ? quel en serait le critere ? Pour untel ca marcherait, et pour un autre non ?! Ceci pose un probleme de politique halakhique.
Le deuxieme point, et non moindre, est que la halakha, en tant que systeme juridique, et principalement dans le domaine des conversions, s'occupe d'identification plus que d'identite. Je m'explique: L'identite est quelque chose de tres dynamique, qui appartient a tout un chacun, qui est en constante evolution et changement au travers les experiences que l'on vit. Meme si une grande partie de mon identite n'est pas reflechie mais acquise par l'influence de la societe environnante, il n'en reste pas moins que le principe subjectif est tres present dans la constitution de mon identite. C'est pourquoi je pourrais tout a fait imaginer quelqu'un dont l'identite se rapproche de la mienne (ne peut etre jamais identique) du fait de son interet commun pour certaines choses. Je pourrais, a ce titre, imaginer quelqu'un, qui apres avoir etudie les sources du Judaisme et vecu cette pratique, revendique une identite juive - au meme titre que la mienne, bien qu'il ne soit pas juif.
L'identification elle est un processus qui vient definir la personne et son appartenance sur la base de criteres exterieures. Les donnees de l'identite sont egalement prises en compte mais ce sont des criteres qui ne dependent pas de ma volonte qui vont definir mon idenfication a un groupe ou un autre. La halakha, dans le domaine des conversions, meme s'il elle s'occupe de former les candidats a une identite juive, ne s'occupe en fin de compte que d'identification. Ses criteres sont: est juif celui qui nee d'une mere juive ou qui passe le processus formel de conversion (circoncision, bain rituel et acceptation des commandements).
La halakha, concretement appliquee, considerera comme juif a part entiere quelqu'un qui a remplit les criteres formels d'identification au peuple juif, en tenant compte evidemment, autant qu'il se peut de l'identite du candidat.
L'identite etant tellement difficile a cerner qu'il est preferable d'opter pour le principe d'identification.

Pilpel harif
Dimanche 13 janvier 2008 - 23:00

Suite a la question 39512
Shalom je voulais ajouter quelques précisions vis à vis de la question que jai posée précedemment concernant le vin nessekh et les non-Juifs. Le qitsour shoul'han 'aroukh du Yalkout Yossef indique notamment deux précisions qui me semblent assez importantes et éclairantes du problème. Premièrement, il est précisé que le vin touché par un Qaraïte n'est pas du tout nessekh ("יין שנגע בו קראי אין אוסרים משום יין נסך"), bien que les Qaraïtes ne soient pas reconnus comme Juifs selon notre Halakha (bien souvent d'ailleurs ils ne sont pas Juifs selon la Halakha puisque la filiation est en général parternelle en cas de mariage mixte chez eux). Deuxièmement, le vin touché par un musulman ("מגע ישמעאלי") -ou plutôt diront nous ici le jus de raisin puisqu'un musulman pratiquant n'est pas sensé avoir de contact avec toute boisson alcoolisée- n'a pas le même statut que celui touché par les autres non-Juifs puisque dans le cas du musulman c'est seulement le vin (ou le jus) versé qui est nessekh et non pas la bouteille ("רק מששפך מהיין נאסר. וכן אם הגביה את הבקבוק הפתוח, אינו אוסרו"), alors que dans le cas des autres non-Juifs la bouteille aussi devient nessekh.
Le shoul'han 'aroukh du Maran n'évoque pas le cas des candidats à la conversion, cependant à l'aune de ces informations nous pouvons aisément concevoir qu'un candidat à la conversion qui respecte les mitsvot et le shabbat jouit d'un statut plus proche que celui du musulman de qui on ne connait rien, et se rapproche aussi d'ailleurs plus de celui du Qaraïte puisque les deux ne sont pas Juifs selon la Halakha mais pratiquent le judaïsme (ou une certaine forme de judaïsme dans le cas du Qaraïte) à un certain degrès, et celà est surtout vrai pour le futur converti.
Si l'on accepte donc l'opinion du Maran, à mon sens il est bien entendu évident que le non-Juif candidat à la conversion peut au moins jouir de la même tolérance que le musulman vis à vis du pri hageffen (c'est à dire que seul le verre de vin versé par lui pourrait être nessekh et pas la bouteille). Et à fortiori si le Qaraïte ne rend pas le vin nessekh, alors si l'on est sur que le candidat est sérieux (fréquente la synagogue, respecte les mitsvot et connait déjà bien le judaïsme) je pense qu'on peut lui permettre de toucher le vin sans problème. Je ne pense pas qu'il y ait de problème à opérer une évaluation personnelle, en effet une telle évaluation est également exigée vis à vis de tout Juif: si l'on évalue que le Juif profane volontairement et publiquement shabat, le vin qu'il touche devient en effet nessekh.
En espérant avoir soulevé des éléments interessants et convaincants je vous remercie!
Kol touv

Dr Michael Ben Admon
Mercredi 5 novembre 2008 - 13:31

Shalom,

J'entends l'argumentation mais je pense que l'element qui joue en faveur des karaites et musulmans est qu'ils soient 'Bne Avraham' (Rambam ramene a plusieurs reprises cette idee que le Bne Avraham, en tant que monotheistes ont un statut different du reste des non-juifs (en cas de mila par exemple).
Le candidat a la conversion n'est pas encore Ben Avraham et ne rentre donc pas dans cette categorie.
(Excusez mon retard dans la reponse)