Conversation 40457 - Mariage mi-figue mi-raisin

Man1
Mardi 29 janvier 2008 - 23:00

Bonjour,
Pour un couple dont la famille d'un des marié est religieux, et celle de l'autre marié l'est moins... Si c'est très difficile (voir impossible) de faire des danses séparés pendant toute la soirée car un des côtés s'y opposerai très fortement. J'ai déjà assister à quelques marriage ou il y a une mehitsa pour la première moitiée de la soirée et ensuite après le souper la danse est mixte...Qu'en pensez-vous, est-ce mieux que rien? Est-ce un bon compromis, ou plutot une contradiction?
Merci

Rav Elie Kahn z''l
Vendredi 8 février 2008 - 07:03

Chalom

Voici une réponse que j'ai publié dans "le livre juif des questions réponses" à ce sujet:

Comment satisfaire tout le monde ?

J'ai fait techouva il y a peu de temps ainsi que mon fiancé, et nous tenons à faire un mariage conforme à la Halakha, donc séparés (pour les danses). Mais ma famille n'est pas très enchantée, ni sa famille ; surtout que nos familles ont été claires : elles ne veulent pas de musique h'assidique toute la soirée. Donc, mon fiancé et moi nous avons pensé à faire quelque chose d'original pour changer, et nous avons besoin d'idées (toujours conformément à la Tora). AIDEZ-NOUS A DESTRESSER. Merci pour toutes vos suggestions.

Vous n'êtes pas les premiers à être confrontés à ce problème. C'est une bien faible consolation. D'expérience, je sais que l'on a souvent du mal à convaincre les parents que le mariage est celui de leurs enfants, et que par conséquent, pour leur faire plaisir, il serait logique de répondre à leurs attentes. Aux yeux de beaucoup de parents, ce sont eux qui payent, et ils ont ainsi leur mot à dire.
Si vous n'arrivez pas à les convaincre, voici la solution que je préconise :
• La première partie de la soirée se déroulera selon vos vœux. Mettez-vous d'accord sur l'horaire. Durant cette partie, les danses seront séparées et h'assidiques. S'il était possible de la clore par le Birkat hamazone et les cheva berakhot (cela peut se faire avant le dessert, si nécessaire), ce serait encore mieux.
• La seconde partie se déroulera selon les vœux de vos parents. Durant cette partie, vous pourrez déambuler entre les invités, remercier tout le monde, et parler avec vos amis.
J'espère que cette solution permettra à tout le monde de jouir de votre mariage. Avec de la bonne volonté, on peut régler beaucoup de problèmes.

Puisque vous avez fait techouva, permettez-moi un conseil : conduisez-vous de sorte que cette techouva soit un plus pour vos parents. Redoublez d'attention et d'amour à leur égard, ce qui en plus de la mitsva d'honorer les parents, leur montrera qu'observer la Tora n'éloigne pas les enfants, mais bien au contraire resserre les liens familiaux.

Comment satisfaire tout le monde ? suite

Comment permettre de faire la Halakha à moitié ? Est-il concevable par exemple de conseiller à un baal techouva de manger cacher le midi et de continuer à manger taref le soir?
L'interdiction de danses mixtes est une interdiction explicite du choulh'ane aroukh. Existe-t-il un posek (sérieux) qui autorise les danses mixtes ?

Si vous lisez attentivement ma réponse, vous verrez qu'elle ne comporte aucune autorisation de danser mixte. J'ai bien précisé au couple qui a posé la question que, lorsque se dérouleront les danses qui ne sont pas conformes à la Halakha, ils seront eux-mêmes occupés à autre chose.
Depuis un peu plus de deux cents ans, le Peuple Juif subit un processus de déjudaïsation. Les personnes observant les mitsvot sont devenues une infime minorité (et de nombreuses responsa traitent de ce problème depuis le milieu du 19ème siècle). On ne peut pas ignorer ce processus, et il faut éviter de se couper des membres de notre peuple qui n'observent pas les mitsvot.
C'est dans ce but, et afin de préserver la paix dans les familles, de ne pas creuser un fossé encore plus large entre les enfants qui ont fait techouva et leurs parents qui ne l'ont pas encore fait, que j'ai donné le conseil que j'ai donné.
L'alternative est bien plus problématique.
Etre rav signifie bien plus que de citer tel ou tel passage du Choulh'ane Aroukh. Cela demande aussi de bien comprendre dans quel monde nous vivons. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs, en Israël, il ne suffit pas, pour être rabbin de communauté, de passer des examens. Il faut avoir reçu l'autorisaiton directe des Grands Rabbins d'Israël, à la suite d'un entretien au cours duquel c'est sont plutôt ce genre de connaissance qui est vérifié.
Un de mes maîtres m'a dit une fois que les rabbins ne se trompaient généralement pas dans la compréhension de la Halakha, mais dans la compréhension du monde dans lequel ils vivaient.
C'est bien ce genre d'incompréhension que reflète votre question.
Le Rav Yaacov Ariel, Grand Rabbin de Ramat Gan avec qui j'ai parlé de ce problème, a accepté ma réponse.