Conversation 42918 - Conversion de personnes d'origine juive
Shalom Rabbanim,
Je m'adresse à vous car je crois que certains d'entre vous organisent des cours de conversion au judaisme en Israel.
En ouvrant le site de l'agence juive en Israel en version francaise, il y a en première page une curieuse publicité pour les personnes non juives qui ont un père juif.
On leur propose de suivre de cours de religion juive et de pratique des mitsvotes en Israel.
J'avoue ne pas vraiment comprendre de quoi il s'agit.
On propose même d'offrir une bourse aux personnes qui participeraient à ce programme.
S'agit il de faire du proselytisme vers les personnes d'origine juive ?
N'est ce pas interdit par la Halakha, et que vient faire l'Agence juive dans ce cadre ?
S'agit-il d'encourager l'alya de personnes non juives en Israel, mais qui parce qu'elles ont un père juif, peuvent immigrer dans l'Etat juif ?
Avez vous connaissance d'une nouvelle politique concernant l'alya de non juifs ou de campagne de conversion vers les personnes d'origine juive ?
Qu'en pensent les rabbanim ?
Faut il faciliter la conversion de certaines personnes car celles ci sont d'origine juive ?
Faut il favoriser l'alya de personnes non juives en Israel, en esperant que ces dernieres se convertissent plus tard ?
http://www.jewishagency.org/JewishAgency/French/Delegations/AJPI/
Chalom
L'identité juive n'est pas binaire, comme on a généralement tendance à penser.
Nombreux sont les décisionnaires qui tiennent compte du fait que le père d'une personne soit juif même si la mère ne l'est pas pour le considérer d'une certaine manière comme demi-juif. Ainsi, le Rav Tsvi Hirsch Kalischer (cite dans Choute Rabbi Azriel Hildesheimer 229) écrivait au siècle dernier:
Bien que selon la Halakha c'est le statut de la mère qui compte, on voit malgré tout que le fruit d'une telle union est appelé "zéra kadoch", "descendance sainte". En effet,quand Ezra fait des remontrances aux Juifs qui ont épousé des femmes étrangères, après avoir mentionné qu'ils ont pris leurs filles pour eux-mêmes et leurs fils, il dit "et la descendance sainte s'est mélangé aux peuples de la terre" (Ezra 9, 2). C'est pourquoi si nous avons la possibilité d'extirper une descendance dévoyée par l'impureté, de délivrer un prisonnier de sa captivité, nous aurons fait une bonne action... D'ailleurs Abraham a épousé l"esclave de Sarah, l'enfant selon la loi a le statut de sa mère et est lui aussi esclave, ce qui n'empêche pas D'ieu de dire "car il est ta descendance" (Beréchit 21, 13).
Le Rav Ouziel (Piskey Ouziel becheelot hazman, 65) écrit lui aussi:
Même les enfants d'une non Juive mariée à un Juif sont de la descendance d'Israël, ce sont des brebis perdues. Je crains que si nous les repoussons totalement et n'acceptons pas de convertir les parents, nous serons jugés par D'ieu, et on nous dira "vous n'avez pas ramené l'éloignée, et n'avez pas cherché celle qui s'est perdue" (Ezechiel 34, 4)
Ces opinions ne font pas l'unanimité et d'autres rabbins ont émis des avis contraires.
Le nombre de mariages mixtes, et le nombre de jeunes dans cette situation qui évoluent dans les communautés juives en France, peut influer sur la décision à prendre, des deux côtés. Ce peut une bonne raison pour s'opposer avec plus de véhémence à de telles conversions, pour ne pas encourager les mariages mixtes et afin que les candidats à de tels mariages comprennent qu'il s'agit d'une décision ayant des conséquences irréversible. D'autre part on peut estimer qu'il faut tenter de juguler cette hémorragie en facilitant la conversion des enfants nés de mariage mixte, s'ils s'engagent, bien entendu, à observer les mitsvot.
Comme vous pouvez le constater, ce programme est cautionné par le consistoire, ce qui signifie que les autorités rabbiniques françaises compétentes en matière de conversion ont tranché sur la question. Je les en félicite.
J'en profite pour rappeler que les candidats à la conversion peuvent aussi faire appel à l'oulpane de conversion du kibbouts Ein Hanatsiv, dirigé par mon épouse:
oulpane@hanatziv.org.il