Conversation 71135 - Frère et sœur co-locataires

Michpaha
Samedi 24 août 2013 - 23:00

Bonjour, je passe une période assez difficile en ce moment et ma sœur aussi. On pensait s'installer dans le même appartement pendant quelques temps (chacun sa chambre et juste un salon commun) mais apparemment la torah limite et régit ce genre d'installation. Pourriez-vous m'apporter plus de précisions à ce sujet : quels en sont les enjeux, les règles et le pourquoi ? merci d'avance pour votre aide

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Rav Samuel Elikan
Lundi 26 août 2013 - 08:37

Shalom,
Je comprends que vous passez une période difficile et que ce n'est pas toujours évident. Concernant votre question, les décisionnaires sont assez clairs, bien qu'en grande discussion...

La source de l'interdit
Dans le Talmud (TB Kidoushin 81b), Rav Assi dit qu'il n'y a pas d'yih'oud entre un frère et sa sœur. Le Rosh, dans ses psakim, tranche ainsi la halah'a. Cependant, ni le Rambam, ni le Rav Yossef Karo dans le Shoulh'an Arouh' n'écrivent cette opinion. Par conséquent, il semblerait qu'ils interdisent, ainsi que le préconise Shemouel dans la guemara, qu'un frère et une sœur restent ensemble, plus d'un certain temps, dans un lieu fermé où personne ne viendrait par surprise. En outre, Rashi (s.v. mityah'ed), Rabbeinou Yerouh'am (Adam et H'ava, Netiv 23), tout comme le Rashba et le SMaG écrivent qu'ils peuvent être dans le même lieu fermé de temps en temps, si ce n'est pas de manière fixe et il n'y a pas en cela de problème d'yih'oud (cf. encore resp. H'ikrei Lev, EH 17).
Le Beit Shemouel (sur Sh. Ar. EH 22, s.k. 1) écrit ainsi qu'un frère et sa sœur n'ont pas le droit de dormir ensemble de manière fixe. Il existe une discussion quant à savoir si cet interdit rabbinique était d'abord d'ordre toraïque (Rashi s.v. vedar; Pnei Yehoshoua, ad loc, s.v. piska; Sefer HaMakne, ad loc. s.v. berashi) ou si c'est une h'oumra (Sefer HaMakne, id.; Nah'alat David, 23) instituée par les rabbins.

Vivre de manière fixe ?
L'avis du Imrei Yosher (II, 43) est que pour moins de 30 jours - c'est permis. En outre, la majorité des décisionnaires ne sont pas d'accord avec cette opinion et interdisent. C'est l'avis notamment du resp. Shevet HaLevi (V, 201, lettre 2) qui ne permet que jusqu'à 3 jours, comme le préconise le Dvash LeTzouf. Le Rav Moshé Feinstein (resp. Iggrot Moshé EH IV, 64,3), quant à lui, va plus loin encore et pense que même pour 3 jours cela est interdit. Il définit néanmoins que pour une visite (dont la limite n'est pas le temps, mais le fait que cela se sache qu'il s'agit d'une visite) - c'est permis. L'interdit d'yih'oud entre un frère et une sœur n'étant valable que s'ils vivent ensemble, de manière fixe.
En espérant avoir su vous expliquer.
Puissiez-vous avoir les forces et les moyens de surmonter cette période.
Quoi qu'il en soit, si vous ne trouvez pas d'autres solutions, il y a des moyens d'éviter le problème de yih'oud, en laissant la porte de la maison ouverte par exemple. Mais ce ne sont pas des solutions "normales" à effectuer a priori.
Kol touv