Conversation 84652 - La lutte pour la boxe
Bien le bonjour,
J'ai lu quelque part que la boxe c'est interdit pour les juifs. C'est vrai ça ?
ça m'a étonné, parce que c'est qu'un sport comme un autre, non ?
Merci de votre réponse.
Shalom,
Pour vous répondre, je vais d'abord essayer de vous présenter un aspect général du rapport à l'exercice physique dans le judaïsme et, par la suite, exposer l'usage de la lutte au sein du Peuple juif et finalement, on va analyser si l'interdit de blesser autrui (h'ovel) s'applique au cas des sports de combat pratiqués pour l'exercice, la santé et le plaisir, selon la volonté, et avec l'accord implicite de pouvoir se faire mal, des deux parties en cause.
1. La nécessité de renforcer son corps
Tout le monde est d'accord, je crois, que le devoir de "garder sa vie" (Devarim 9,15) exprime aussi un devoir physique, comme le note Rambam (hil. De'ot, chap. 4 et dans le 5ème de ses huit chapitres d'introduction au traité d'Avot).
Le Rav Nathan bar Yeh'iel de Rome écrivait (dans son grand dictionnaire talmudique, l'Arouh'), au début de 12ème siècle, que le fait de "tendre et plier ses membres, en avant et en arrière… jusqu'en transpirer est comme un acte médical".
De manière similaire, le Rav David ibn Yeh'ia (père du grand exégète rabbi Yossef ibn Yeh'ia et grand-père de rabbi Guedalia ibn Yeh'ia, auteur du fameux "Shalshelet HaKabala"), qui fuya le Portugal, après l'expulsion des juifs, pour l'Italie, écrivit dans des notes autobiographiques :
"Et hormis tout cela (-l'enseignement de la loi et le travail de rabbin), je rendais les enfants meilleurs et effectuais avec eux de la gymnastique, jusqu'au petit-déjeuner".
Le Rav Itzh'ak Nissenboim (1868-1942) disait dans une drasha énoncée en 1908 (par. Emor – Drashot LeKol Shabtot HaShana veHaMoadim, Vilna, 5668, p. 176-179), par ailleurs, que c'est à cause de l'exil (la galout) que nous avons amoindri notre force physique et par conséquent notre force spirituelle et notre sentiment national. Avant l'exil, soutenait-il, la force physique n'était pas méprisée, au contraire, nos Sages nous enseignent à propos du Grand-Prêtre qu'il doit être "plus grand que ses frères", c'est-à-dire plus fort qu'eux. De manière similaire, pour être prophète, il faut avoir une grande puissance physique (cf. TB Shabat 92a). Yaakov, pouvait soulever, seul, une pierre sur un puits que plusieurs bergers avaient du mal à mouvoir ensemble et nos Sages le voient comme un degré à atteindre. Le Rav Nissenboim conclut qu'à l'époque les parents élevaient leurs enfants à être forts et valeureux, afin que lorsqu'ils grandissent, ils puissent défendre leur peuple.
Le Rav Dr. Yossef Zeliger (1872-1919), qui fit sa alyah en 1907, publia, quelques années plus tard, en 1913 un article intitulé "L'âme et le corps" (Kitvei HaRav Dr. Yossef Zeliger, Jérusalem, 5690, p. 317-318). Il y soutient qu'il est interdit de retourner à la culture grecque où l'on ne voue culte qu'au corps, toutefois, la voie du judaïsme, affirme-t-il, n'est pas d'abandonner le corps pour autant, mais d'y lier la sainteté et le travail Divin. Ainsi, dit-il, Matityahou et ses amis Maccabim, durent allier force et sainteté pour vaincre les Grecs, un "travail spirituel" sans force physique n'engendrerait que déperdition.
Le Rav Yehouda Leib Greubarth (1862-1937, auteur des responsa H'avalim baNe'imim) affirma lors d'une réunion du Mizrah'i, il y a plus de cent ans (revue HaMizrah'i, n°19-21, 14 Iyar 5679, p. 27) :
"Nous devons élever une génération forte, avec des muscles solides et bien faits et garder cette règle: une âme saine dans un corps sain. Or voici que la foule s'est attachée à cette idée idiote selon laquelle il s'agirait d'un grand honneur d'être un homme faible, dont le genou tient à peine et ils pensent que c'est synonyme de juste (tzadik) et saint (kadosh). Nous devons lutter contre cette bêtise et publier… que quiconque a un corps faible aura également un esprit faible, puisque toutes les mauvaises pulsions proviennent de la faiblesse du corps. Les jeunes doivent être, dans la mesure du possible, à l'air pur, se promener dans les champs, renforcer au mieux leur corps, être un Peuple fort – c'est cela que l'on doit être. Renforçons-nous !"
De manière similaire, le Rav A. I. HaKohen Kook (Orot HaTeh'yia §33=Shemona Kevatzim III, §273) écrit:
"Notre revendication physique est grande, nous avons besoin d'un corps sain. Nous nous sommes beaucoup préoccupés de l'âme, du spirituel en oubliant la sainteté du corps. Nous avons oublié que nous avons de la chaire sacrée, tout autant que nous avons un esprit sacré. Nous avons abandonné la vie de l'action (…) notre teshouva ne pourra réussir uniquement si elle est aussi, avec sa splendeur spirituelle, une teshouva physique, matérielle, créant un sang sain, une chaire saine, des corps bien modelés et résistants, un esprit brûlant luisant sur des muscles forts, et par la chaire consacrée, l'âme amoindrie pourra enfin illuminer. Cela nous rappelle la résurrection physique des morts".
Ces propos ont été vivement soutenus pas le Rav Nah'man Shlomo Grynszpan, directeur de la Yeshiva Etz H'ayim de Londres, dans un article publié en 1921 (Or Zaroua LaTzadik, revue She'arei Tzion, Shwat-Adar 5681, p. 16-18).
Le Rav Dr. Itzh'ak Breuer ne disait-il pas que la grande lumière de son siècle qui se disait "illuminé", est le fait que l'on se soit rappelé que nous avons un corps et qu'il fait partie intégrale de notre avodat Hashem ?
2. L'usage de la lutte
La lutte a souvent été pratiquée par les juifs. Ainsi, le Rambam (Guide des Egarés III, 25) écrit qu'il existe des activités sportives qui sont bonnes pour le corps, pour la santé "tels les jeux de ballons ou la lutte", s'ils sont pratiqués pour la santé et pas simplement pour s'amuser (1).
Le Rav Raphaël Halperin, auteur de l'Atlas Etz H'ayim était d'ailleurs champion du monde de lutte.
Il raconte (2) comment énormément de juifs sont venus le soutenir et ont prié pour lui, avec le soutien des rabbanim pour son dernier match contre le détenteur du titre, l'allemand Hans Schmidt. Les journaux en Yiddish titraient : "un étudiant de yeshiva au stade le plus avancé d'un sport requérant force et héroïsme". Le Rav Aharon Kotler lui dira : "des rabbins nous en avons beaucoup, mais des hommes braves, valeureux (guibborim) et a fortiori des rabbins braves, nous n'en avons que très peu" (3).
Le Rav S.R. Hirsch (H'orev, éd. 1973, p. 284) écrit ainsi en commentaire au verset de Devarim 4,9 affirmant qu'il faut "garder notre corps" :
"Utilise l'ordre de ta vie pour les choses qui vont ajouter au corps force et santé, courage et bravoure".
Le Rav Yossef Tzvi Carlebach hy"d, rabbin de la ville d'Altona (près Hambourg), en Allemagne (massacré par les nazis en 1942), eut l'occasion en 1905 de voyager en Galilée. Il décrivit alors, dans une lettre ce qu'il vit à Rosh Pina (Mih'tavim MiYeroushalayim, Jérusalem, 1996, p. 37) :
"La satisfaction morale énorme que l'on ressent du fait que l'on sache qu'il existe parmi les juifs des gens qui… travaillent dur et avec grand effort, zèle ; des juifs avec des midrashim sur leurs lèvres, et des bras musclés et forts".
Aujourd'hui encore à la Yeshiva University de New-York il y a une équipe de lutte institutionnelle, qui va concourir dans tous les Etats-Unis (s'ils se qualifient aux tournois), soutenue par les rabbanim de YU, dont le Rav Herschel Schaechter, etc.
Par ailleurs, le Rav Gisser d'Ofra, m'a témoigné avoir entendu plusieurs fois son maître, le Rav Tzvi Yehouda Kook, raconter comment son père le Rav A.I. Kook, dans sa jeunesse, avait rencontré de grands rashei yeshivot lituaniens qui se "reposaient", ensemble, lors de bein hazmanim (temps de pause, vacances, de la yeshiva), en exerçant de la lutte, dans un endroit discret et combien cela l'avait marqué.
Dans les responsa du rabbin de Mantoue en Italie, Rav Moshé Provençal (resp. RaMaP §53), on trouve un témoignage extraordinaire dans une réponse datée de 1560 dans laquelle il écrit qu'à la différence des jeunes juifs de sa génération qui jouent au ballon durant shabat (et pour lui cela est très problématique, pour plusieurs raisons qu'il décrit), leurs ancêtres, juifs italiens, ne faisaient de la lutte pendant shabat que pour le plaisir (o'neg shabat), raison pour laquelle cela avait été permis par les rabbins de l'époque ! Ils ne le faisaient pas pour l'argent, dit-il, mais pour digérer la nourriture du shabat. C'est-à-dire que non seulement la lutte était un usage courant, mais en plus c'était un plaisir du corps que l'on pratiquait pour honorer le shabat. Cet avis, sans entrer dans le débat halah'ique l'entourant, nous donne un témoignage unique sur la place de la lutte, comme sport, parmi les juifs.
3. L'interdit de h'ovel ?!
La Torah (Devarim 25,3) dit à propos de l'envoyé du tribunal rabbinique chargé de punir une personne condamnée à 39 coups (loi qui ne s'applique plus du tout !), qu'il n'a pas le droit d'ajouter de coups. De là, nos Sages apprennent (TB Sanhédrin 85a) qu'il est interdit de frapper son prochain.
Cette loi est tranchée par le Rambam (hil. H'ovel ouMezik chap. 5, hal. 1) qui écrit :
"Il est interdit à qui que ce soit tant de se blesser physiquement que de blesser de la sorte autrui, et pas uniquement blesser physiquement, mais également frapper un juif kasher, que ce soit un homme ou une femme, lorsqu'il s'agit de faire violence (dereh' nitzayon). Quiconque contreviendrait à cela transgresse l'interdit de "ne pas ajouter de coups".
Maïmonide nous enseigne que même si l'on ne fait pas couler de sang, le fait de frapper reste interdit lorsqu'il est fait pour "régler des comptes", de manière violente. Le terme "nitzayion" est semblable au terme "nitzim" dans le verset (Shemot 2,13) traduit par le Rabbinat : "deux Hébreux qui se querellaient" (4).
Il existe cependant, dans certaines versions du Rambam, un texte légèrement différent et à la place de dereh' nitzayon, il est marqué dereh' bizayon – soit pour faire honte à autrui.
C’est-à-dire que si cela n'est pas dans le cadre d'une querelle, d'un "règlement de comptes", ou pour faire honte à autrui, selon les versions, cela serait permis.
C'est la conclusion tant du Rav Moshé Feinstein (resp. Iggrot Moshé HM II, §66, p. 290) que de nombreux autres décisionnaires.
Le Rav Elh'anan Wasserman hy"d (Kovetz He'arot, §70), se basant sur ce Rambam, va même beaucoup plus loin en affirmant que tous les interdits entre l'homme et autrui ne s'appliquent que lorsqu'il y a volonté de faire du mal ou de détruire sans raison, mais s'il y a un intérêt quelconque à l'acte en question, et ne provient pas d'une mauvaise volonté – cela sera permis !
Par ailleurs, le Rosh (1250-1327, resp. Klal 101, §6) s'est fait interroger sur deux "lutteurs" juifs qui dans le cadre de leur lutte tombèrent l'un sur l'autre violemment et l'œil de l'un d'entre eux fut tellement blessé, qu'il en perdit la vue.
La question qui se pose est de savoir s'il faut payer pour dédommager le mal causé à autrui, dans la mesure du possible, et s'il y a une responsabilité à prendre à cet acte.
Le Rosh est catégorique :
"…exempté… en luttant l'un avec l'autre, volontairement, leur intention principale était que l'un fasse tomber l'autre et lorsque l'un donne un coup à l'autre, il ne peut pas se retenir et faire attention que l'autre tombe doucement, pour ne pas être blessé, car ils luttent de toutes leurs forces, et chacun a pour intention de faire tomber l'autre. La possibilité de se blesser l'un l'autre est prise en compte, puisque c'est sciemment, en toute connaissance de cause qu'ils ont choisi de lutter".
C'est donc que pour Rabbeinou Asher, il n'y a là aucune responsabilité à prendre quant au dégât infligé, puisqu'il fait partie du jeu (cf. encore resp. Mahari Bruna §19 et Mordeh'ai BK, chap. 3, remez 38).
Cette règle a été clairement tranchée par le Tour et le Shoulh'an Arouh' (HM 421,5).
Le Sm"a (Sefer Me'ïrat Eyinayim - ad loc. s.k. 10) confirme ce raisonnement du fait qu'il y a certaines choses qui sont acceptées et dans quel cas on fait concession (meh'ila), comme le fait de lutter, parce qu'on le veut, qui est comparable, pour lui, au fait de deux personnes courant sur la route et se rentrant dedans, ils seront alors tous deux exemptés de payer un quelconque éventuel dédommagement à l'autre, parce qu'il arrive que des gens courent sur la route, c'est quelque chose d'implicitement accepté dans la société. Raisonnement également repris par la Gaon de Vilna (dans ses notes ad loc.).
Toutefois, le Rav Yeh'iel Mih'al Epstein (Arouh' HaShoulh'an, HM 421,3) écrit que ses propos du Sm"a ne sont pas nécessaires, puisque la logique inhérente aux deux cas n'est pas la même. Deux personnes qui se battent volontairement, pour le plaisir et/ou le sport, le font en toute connaissance de cause et sont au fait qu'ils puissent se blesser mutuellement, ce qui n'est pas le cas de quelqu'un qui court dans la rue, en commençant à courir, il n'accepte pas formellement le fait qu'il puisse se faire renverser… cela ne fait donc pas "partie du jeu", de la même manière.
Quoi qu'il en soit, il semble évident pour tout le monde (5) que la boxe, la lutte et autres sports de combat et défense soient permis.
Ainsi, le Rav Yitzh'ak Zilberstein (né en 1934, H'ashoukei H'emed sur Shabat 106a), écrit explicitement que dans les concours de boxe il n'y a aucun interdit de "lo yossif", lié au fait de frapper (par contre, il limite cela au fait de ne pas mettre sa vie en trop grand danger, selon le principe de "venishmartem" – vous devrez garder vos âmes qui sous-tend que l'on ne doit pas se mettre en danger inutilement. Toutefois il permet quand même de gagner sa vie en servant de "sac de boxe" à des boxeurs professionnels (6), en cas de besoin…).
Dans ses responsa Shevet MiYehouda (III, §57, al. 3 – p. 230), le Grand-Rabbin d'Israël, le rav Isser Yehouda Unterman écrit qu'en Angleterre de jeunes juifs lui avaient posé la question de la légitimité à pratiquer la boxe. Il dit dans cette réponse avoir écrit un petit livret sur le sujet dans lequel il prouve que c'est absolument permis (et il renvoie à Shevet MiYehouda I, Batra, p. 442).
De manière similaire, le Dayan Rav Avi Gisser, rav d'Ofra, fondateur de l'institut de recherche en droit hébraïque Mishpetei Eretz et du Kollel de Dayanout qui y réside m'a affirmé qu'il lui semblait évident qu'il n'y avait aucun problème halah'ique à faire de la boxe comme sport, pour la santé et pour le plaisir. Lorsque je lui ai fait part des arguments qui pourraient être opposés, il les a repoussés les uns après les autres.
Conclusion :
Les sports de combat, comme la lutte ou la boxe ne sont pas interdits, et au contraire c'est important de construire son corps et de savoir se défendre, en cas de besoin.
Sous deux conditions :
1 - qu'on ne mette pas notre vie ou celle d'autrui en danger de mort.
2 - que ce ne soit pas un moyen de régler nos conflits avec notre adversaire…
Dans quel cas, ce serait effectivement interdit.
Cordialement,
Notes :
(1) Il faudra noter toutefois qu'il ajoute dans ses écrits médicaux (Pirkei Moshé biRefoua, 18,9) que la lutte reste un sport pour les plus faibles d'esprit, les gens les plus intelligents pratiquant des sports qui requièrent plus de réflexion. On retrouve un enseignement similaire chez le disciple du Rashba, Rabbi Yehoshoua ibn Shweb (1280-1340 - Drashot, Bereshit, s.v. ve'amar). En outre, le poète et rabbin, Yehouda Alh'arizi, auteur du Tah'kemouni et traducteur, entre autres, du Guide des Egarés, ayant également de larges connaissances en médecine de l'époque, conseillait à ceux qui le lui demandaient d'effectuer "une petite lutte avant le repas, pour éveiller l'appétit".
(2) Zirat H'ayay, éd. Hekdesh Rouah' Yaakov, Tel-Aviv, 1988, p. 121-124 et 163-164.
(3) Rapporté par le Dr. Aharon Ehrend dans son article publié dans "Tarbout HaGouf veHaSport baMeah Ha-Essrim (H' Kauffman et H' H'arif, éds.), éd. Yad Yitzh'ak Ben-Tzvi, Jérusalem, 2003, p. 40-45.
(4) cf. Meh'ilta deRashbi 21,22 (éd. Epstein-Melamed, p. 176), She'iltot, Mishpatim §60 (dans l'éd. avec HaAmek Sheala et §69 dans l'éd. Mirsky) ; cf. encore à ce propos resp. Mishneh Halah'ot vol. IV, §245, al. 6
(5) J'ai vu trois avis opposés :
1. Dans les resp. Hitorrerout Teshouva II, §38, al. 1 – le Rav Shimon Sofer dit que du fait que l'exemption de responsabilité pénale envers un dommage commis à Pourim, ou lors d'un combat ou d'un jeu est le fait que le tribunal l'ait permis (hefker beit din hefker), alors cela ne s'applique pas aux dommages corporels puisque le tribunal n'a pas de droit à ce sujet. J'avoue ne pas comprendre comment il est arrivé à la conclusion que l'exemption provenait de la permission du tribunal, cela n'en est pas du tout la source, ni l'explication… (cf. ici par exemple: http://din.org.il/2018/03/04/%D7%A0%D7%96%D7%A7%D7%99-%D7%A4%D7%95%D7%A8%D7%99%D7%9D-%D7%A4%D7%98%D7%95%D7%A8-%D7%92%D7%95%D7%A8%D7%A3/).
2. Dans son Mishpatim Léisraël (pages 257-262), le Rav Yaakov Meshoulam Ginzburg, écrit que certes selon le Rambam et le Rosh, l'on ne doit pas payer de dommages, mais cela ne veut pas dire que cela n'est pas interdit. Comme argument, il apporte, entre autres, les propos du Rivash (resp. §484) affirmant que même si un homme pauvre a signé sur un contrat de prêt qu'il est prêt à être attrapé et torturé s'il ne rend pas son prêt, cela reste interdit et que l'on n'a pas le droit de mettre notre corps en danger pour cela. Il continue en citant Le Shoulh'an Arouh' HaRav (H'abad – HM, hil. Nizkei gouf veNéfesh, §4-6) qui affirme qu'on ne peut pas demander à quelqu'un de nous frapper, parce que "nous n'avons aucun droit sur notre corps". J'avoue avoir quelques peines à m'identifier avec ce raisonnement, qui sous-tend que toute opération plastique, même si nécessaire, reste interdite.
Or ce n'est pas l'avis de la majorité des décisionnaires
(cf. p. ex. : http://din.org.il/2012/10/09/%D7%A0%D7%99%D7%AA%D7%95%D7%97%D7%99%D7%9D-%D7%A7%D7%95%D7%A1%D7%9E%D7%98%D7%99%D7%99%D7%9D-%D7%9C%D7%90%D7%95%D7%A8-%D7%94%D7%94%D7%9C%D7%9B%D7%94/).
Idem, pour des massages où l'on se fait frapper dans le dos, c'est pour des raisons de santé et cela peut faire du bien, mais selon cela – ce serait interdit !
Il me semble que tant l'avis du Rivash, que du Baal HaTanya (et on peut y ajouter celui du H'azon Ish (Nezikin, §19, al. 5) qui tient d'une même veine) ne s'applique que dans le cas d'une vraie querelle ou des gens vont frapper méchamment d'autres gens – ce qu'ils disent c'est que même dans ces cas-là, mon autorisation à ce qu'ils me frappent ne sert à rien, cela reste interdit. Or ce n'est pas forcément le cas si c'est dans un cadre de nécessité, de santé, etc.
3. Le Rav Yitzh'ak Rodnick (resp. Sdei Yitz'hak, §9, p. 179-183) écrit qu'il y a une discussion quant à savoir si l'homme a une certaine propriété sur son corps ou pas. Il y a plusieurs retombées halah'iques à cela. Ai-je le droit de vendre un rein, par exemple ? Il affirme que la question des sports de combat, comme la boxe et par là même des opérations plastiques, dépendra de cette question et que c'est une discussion entre les ah'aronim. Lui-même ne tranche pas. Il est à noter que l'avis du Rav Moshé Feinstein (resp. Iggrot Moshe YD II, §36) et du Rav Sh. Z. Auerbach (cf. resp. Minh'at Shlomo §91, al. 24, p. 558), pour le dire de manière un peu abrupte et simpliste est que l'homme a une propriété sur sa vie, c'est-à-dire à choisir ce qui est le mieux pour lui, mais n'a pas de propriété sur sa mort (il n'a pas le droit de se suicider ou de faire des choses qui le mettraient en danger de mort). On peut en déduire que si l'on ne se met pas en danger de mort, il n'y a aucun problème, même selon le rav Rodnick.
(6) Rapporté dans son livre Ve'ha'Arev Na, avec le raisonnement hilh'atique à cela et leur source. Le texte est disponible ici : https://www.hidabroot.org/article/97012