Conversation 2516 - Porter le Talith pour un non juif
Un non Juif (en voie de conversion) peut il porter un Talith?
Question
Un non Juif (en voie de conversion) peut il porter un Talith?
Réponse
En vérité, non. Pas parce que cela lui serait interdit, mais parce que c'est impossible.
Je m'explique : pour un Juif, un vêtement ayant quatre coins et muni de tsitsit est un talith. C'est son vêtement. Pour un non-Juif, même en instance de guiour, c'est un bout de tissu où pendent des fils.
Illustration : Un midrash (dont je n'ai hélas pas le temps de rechercher maintenant la référence) enseigne la chose suivante. Abraham, à l'instar des autres Pères d'Israël, observait toute la Thora dans les moindres détails. Mais par ailleurs il est appelé le Père des Guérim. Donc il y a un moment où il quitte le statut (excusez l'anachronisme) de non-Juif pour devenir Juif et il est le premier a avoir fait ce chemin. Toutefois - et ce n'est pas ici le lieu de s'en expliquer - un "païen" qui observe le Shabbat est passible de mort. Que faisait Abraham ? Il mettait un talith et sortait avec sur la voie publique. S'il est Juif, le Talith est son vêtement et il a le droit de le porter dans le domaine public. S'il n'est pas Juif, le talith n'est pas un vêtement pour lui et il s'est donc rendu coupable de porter sur la voie publique transgressant ainsi le shabbat.
Nous avons à comprendre que certaines réalités n'ont pas d'existence objective univoque mais qu'elles sont différentes selon le mode de relation qu'on a avec elles en fonction de qui on est.
Sincèrement vôtre
Elyakim P. Simsovic
Concernant votre réponse à jacques question du 2211, je pense avoir trouver la référence du midrash auquel vous faites allusion.
Toutefois, il me semble que ce soit une guemara qui rapporte cet enseignement concernant avraham: YOMA daf 28 amoud beth et le pb du akoum qui fait chabbat c SANHEDRIN daf 58 amoud beth.
J'ai lu ce hiddouch dans PIRHE NISSAN dans l'édition du KEHILOT ITSHAK.
Kol Touv et chavoua tov et encore bravo pour votre site littéralement exceptionnel.
Si internet n'a été crée que pour votre site, je veux bien le croire.
Merci.
Bonjour,
Dans la réponse à la question 2828 vous précisez : "un "païen" qui observe le Shabbat est passible de mort". Par "paien" vous entendez un goy ?
Je ne comprends alors pas ce que veut dire le passage d'Isaie Chap 56 1-7 ?
Merci de m'éclairer et merci pour votre site.
Marc
L'enseignement que je citais (Sanhédrin 58/B) dit : "l'idôlatre (littéralement : oved cokhavim) qui fait chabbat est passible de mort". Je ne pense qu'on puisse faire dire au talmud autre chose que ce qu'il dit.
Cette affirmation abrupte de Rabbi Chimon ben Lakich comporte deux niveaux d'explication. Le premier c'est que faire chabbat et rester idôlatre est une attitude blasphématoire.
Le deuxième [je résume ici un enseignement à ce sujet du rav Askénazi (Manitou) זצ"ל ] c'est que pour un être immoral le désoeuvrement est l'occasion de tous les crimes. Je crois inutile de décrire ce qui se passe dans la société de loisirs contemporaine...
Le passage d'Isaïe auquel vous faites référence traite de l'étranger qui décide de lier sa destinée à la volonté divine. Il ne parle pas de l'idôlatre qui fait chabbat. Le verset qui parle de celui qui "observe le chabbat plutôt que de le profaner" dit dans le même souffle "et retient sa main de commettre le mal..." (et d'ailleurs le verset s'aadresse au Juif).
La logique d'ensemble du passage est la suivante, sans entrer dans le détail :
Le texte parle d'abord de la rétribution qui attend le juste d'Israël qui observe les préceptes, donnant le Chabbat pour représentant des préceptes dans l'ordre des relations de l'homme à Dieu et "l'abstention du mal" pour représentant des obligations de l'homme à son prochain.
Deux catégories d'hommes pourraient se croire exclus du salut promis : le non-Juif et l'eunuque (qui n'ayant pas de descendance pourrait se croire sans avenir). Le texte les réintègre.
J'espère avoir répondu. Sinon, relancez-moi, c'est le principe de l'étude.
Chabbat chalom.