Conversation 74141 - Pourquoi et comment renoncer a la rancune !

Élisabeth30
Lundi 3 mars 2014 - 23:00

Bonjour,
J ai posé une question il y a plus d un mois sur une grosse peine que j avais eu et que des gens que j aimais ne m ont pas soutenu. Je n ai pas eu de réponses depuis plus d un mois. Je ne comprends pas car vous avez répondu à des questions plus récentes, et moi je me sens toujours très mal et je ne connais pas de rabbin à qui parler. J ai fait une fausse couche tardive qui m a beaucoup fait souffrir, et des gens que j aimais n ont pas été gentil avec moi, notamment mon frère et ma belle sœur, enceinte en même temps que moi. Je dois les revoir ce sabbat et j appréhende beaucoup car j aimerais me défaire de cette rancune, je sais que c est péché d être rancunier mais comment faire quand on a vraiment été blessé?
Merci

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Raoul Spiber
Vendredi 4 avril 2014 - 03:49

Il est toujours difficile de donner des conseils à distance surtout quand il s’agit de sujets sensibles touchant à la sphère familiale.
J`espère qu`en étudiant le passage de la Torah qui interdit la vengeance et la rancune vous trouviez votre propre voie, votre propre réponse a la question posée.
Récapitulons: Nous avons souffert et très naturellement nous en voulons à celui qui nous a fait souffrir. C`est bien naturel. Doit-on oublier la souffrance vécue? Comment?
Le texte de la Torah se trouve dans le chapitre 19 de Vaykra (Le Levitique)
« Ne va point colportant le mal parmi les tiens, ne sois pas indifférent au danger de ton prochain: je suis l'Éternel. 17 Ne hais point ton frère en ton cœur: reprends ton prochain, et tu n'assumeras pas de péché à cause de lui. 18 Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même: je suis l'Éternel. » Vaykra 19
Ce texte étonne a plus d`un titre.
Pourquoi l`interdiction du « lachon hara », du colportage et de la médisance, jouxte t`elle notre obligation d`assistance à notre prochain ?
Pourquoi l`interdiction de haïr notre frère est-elle reliée à notre devoir de faire des reproches et à l`interdiction de garder rancune.
La Torah est consciente de la difficulté pour l`être humain de vivre en société, en fraternité. L`amour du prochain qui conclue ce passage est `l’aboutissement de tout un travail, elle nous demande de nous situer correctement et d`assumer la ressemblance et les différences avec nos semblables.
Trop de distance aboutit à l`indifférence et peut même conduire à la cruauté envers autrui. Par ailleurs, trop de proximité, peut donner lieu à de la familiarité, a différentes formes de manque de respect.
On peut se sentir concerné par ce qui arrive aux autres et dénaturer cet intérêt en partageant nos informations sur la vie d`autrui avec les autres, en nourrissant la curiosité pour la vie des autres sans partage ni solidarité.
En nous demandant de respecter la vie privée des autres de ne pas la dévoiler, la Torah craint qu`alors nous nous déconnections des autres et que nous soyons même capables d`indifférence a la détresse auquel autrui est confronté.
En nous impliquant dans la vie des autres, en tentant de leur venir en aide, nous pouvons être déçu du manque de réciprocité, être aussi confrontes aux défauts des autres et leur en vouloir en oubliant parfois que même si nous sommes de temps en temps capables d`altruisme, nous aussi nous ne sommes pas parfaits.
L`interdiction de la rancune va nous obliger à
soit liquider l`affaire et considérer que c n`est finalement pas si grave, que tout le monde fait des erreurs etc
soit nous obliger a affronter autrui en lui disant, ton attitude dans telle et telle circonstance m`a blessé, cela m`a fait de la peine et surtout je ne voudrais plus revivre cela.
La rancune est nocive pour nous même, elle nous ancre dans la posture de victime et nous prive de relations saines avec les autres, de joies nouvelles...
Nous sommes généralement, paradoxalement, les premières victimes de cette rancune.
La rancune est le Hametz du cœur essayons de nous en libérer avant Pessah
Behazlaha!
Pessah cacher vesameah