Conversation 74798 - Deuil non proportionnel
Pourquoi une periode de deuil pour les 40.000 eleves de rabbi Akiva et pas pour les 6.000.000 de juifs exterminés ?
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Chalom,
Le Talmud [Yebamot 62b] nous dit que les 24000 élèves de Ribbi Akiva sont morts durant cette période du fait qu'ils ne se respectaient pas l'un l'autre. Une question survient immédiatement à l’écoute de ces propos : si les élèves étaient si irrespectueux au point d’être punis de mort, pourquoi devons-nous leur porter le deuil? Et si c'est à cause de la Torah qui a été perdue, le Talmud poursuit et nous apprend que Ribbi Akiva a réussi , grâce à ses 5 élèves du Sud , à remettre cette Torah sur pied.
Le Rav Shrira Gaon [Igeret 9] nous fait savoir qu'ils sont morts durant la révolte de Bar Kokhva. Ils seraient donc tombés au combat et non pas devant leur livre au Beth-Amidrach. Cette affirmation s'accorde tout à fait avec ce que le Rambam écrit dans Michne Torah [Melakhim 11,1] à savoir que Ribbi Akiva soutenait activement Bar Kokhva dans son combat à l’indépendance contre l’oppresseur Romain.Il est donc plus qu'envisageable qu'il ait envoyé ses propres élèves à l’armée de Bar Kokhva comme en témoigne Rav Shrira Gaon.
Nous comprenons mieux maintenant pourquoi nous sommes en deuil pendant le Omer ; le peuple juif avait une occasion historique de retrouver son indépendance en se soutirant du joug romain mais l'a laisse échapper à cause de ses mœurs non-corrigées.
D'ailleurs, les jeunes institués par nos Sages raisonnent selon la même logique : le 10 tevet, le 17 Tamouz et Tichea Beav relatent les étapes de la fin l’indépendance du peuple juif sur sa terre avant l'exil.
Le jeune de Guedalia, qui est parait être a priori un épisode anodin: ce n'est malheureusement pas la première ni la dernière fois qu'un juif en tue un autre dans l'Histoire. Guedalia régnait sur le peu de juifs qui restaient en Judée. Ce règne était loin d’être total et était astreint à une tutelle babylonienne.Cependant, nos Sages ont cerné en ce soupçon d’indépendance un potentiel, espoir encore vivant de recouvrer un Etat souverain. L'assassinat de Guedalia mit définitivement fin a ces espoirs et c'est la raison qui les poussa à instituer ce jeûne.
Sans dénigrer aucunement l'extermination de millions de juifs, ce n'est pas une raison suffisante pour décréter une période de deuil national. Malheureusement, des juifs ont été extermines durant quasiment toutes les périodes de leur Histoire et il y a plusieurs façons de le commémorer a travers différentes dates du calendrier juif : le 9 av (dans certaines kinot), le 10 Tevet (Yom hakadich haklali), Yom hachoa. Mais une période de deuil national ne survient uniquement lorsque l'essence du peuple juif, à savoir, être un peuple souverain sur sa terre, est annihilée.
Ce n'est pas par hasard que Yom Haatsmaout, date de création de l'Etat d’Israël qui mit fin à 2000 ans d'exil , ainsi que Yom Yeroushalaim . commémorant la libération de Jérusalem, plus particulièrement du Mont du Temple ,de la Judee-Samarie et du Golan soient survenus en cette période.
Il nous faut nous rappeler que ces 49 jours du Omer sont au départ une période de grande joie aboutissant au don de la Torah. Elle est considérée par les Kabalistes comme un long 'Hol Hamoed (ce qui expliquerait peut-être l'origine de ne pas se couper les cheveux et se marier, interdits tous deux pendant 'Hol Hamoed). Ce sont des jours comprenant un grand potentiel de réussite et grâce à D., notre génération à eu le mérite de concrétiser ce potentiel et de ne pas laisser filer l'occasion contrairement à l’époque de Ribbi Akiva.
Bivrakha.
Shalom,
Dans votre réponse vous faites un lien entre le deuil lié à la mort des élèves de Rabbi et les jeûnes liés à la perte de notre indépendance nationale.
Pourquoi pas, mais cela appelle une question de ma part.
Dans le cas des jeûnes (de tichiri, tevet, tamouz et av), on a une prescription rabbinique dans le talmud. Ici, pour le deuil des 40 000 élèves de Rabbi Akiva, ce n'est la cas. Le talmud, dans Yebamot 62b, qui relate cet événement n'indique pas d'implication halakhique. Je comprends donc de cette absence de texte du talmud sur le deuil du Omer que l'institution du deuil est plus tardive (peut etre à l'époque du Rav Sherira Gaon).
Ceci permet d'expliquer pourquoi il y a temps de différences entre les communautés sur la pratique de ce deuil. Certaines communautés font démarrer le deuil apres pessa'h jusqu'à lag baomer, d'autres apres rosh 'hodeh Iyar jusqu'à la veille de shavouot.
Finalement, avez vous une explication sur ces différences, et confirmez vous que le deuil lié au Omer n'était pas pratiqué à l'époque du talmud?
Merci pour le temps que vous nous consacrez.
Chalom ouvrakha,
Bien que je ne connaisse pas de témoignage historique sur les pratiques précédant la révolte de Bar Kochva, j'imagine qu'effectivement, cette période n’était aucunement identifiée avec le deuil. Au contraire, ce devait être une période de grande joie puisqu'elle marquait la préparation jour après jour a la fête de Chavouot, événement marquant le don de la Torah.
Certaines communautés ashkenazes repoussent les pratiques de deuil de Roch Hodech Iyar à Chavouot, parce qu'elles considèrent que l'essentiel est de marquer les 33 jours de "deuil", que ce soit du début de la période ou du milieu et du fait que des grands pogroms se sont déroulés à la fin de cette période dans les pays d'Europe centrale et de l'Est, ils ont décidé de repousser la période de deuil du milieu a la fin du Omer .
Bivrakha.
Le deuil du Omer
Je ne comprends pas pourquoi on accordé une telle valeur à la disparition des 24000 élèves de Rabbi Akiva par rapport aux autres tragédies de notre histoire
Chalom,
Veuillez consultez la réponse à la question 77846 ci-dessus.
BIvrakha.