Conversation 82153 - La cacheroute du turbot
Justement : la réponse du rabbin Simsovic ne tranche pas, lorsqu'il s'agit du vrai turbot (et non du flétan ou de la barbue).
En néerlandais, ce poisson s'appelle "tarbot" et j'ai rencontré des coreligionnaires de Hollande qui prétendent que les nodules qu'il porte sur sa peau sont des écailles.
Cet article (http://www.volkskrant.nl/archief/op-weg-naar-de-kosjere-garnaal~a437116/) précise que le rabbinat de la Haye avait en effet décidé en ce sens, tandis que ceux d'Amsterdam ont refusé de le considérer casher.
J'aimerais savoir d'une part si vous pouvez me procurer la source rabbinique de ce mandement de la Haye, et d'autre part quelle est la marge de manœuvre, pour l'israélite français que je suis, en matière de consommation de turbot, sachant que j'ai rencontré des gens d'Amsterdam qui mangeaient du turbot en se revendiquant justement du mandement de la Haye (d'où ma confusion dans mon précédent message).
Shalom,
J'ai relu la réponse du Rav Simsovic et c'est très clair. Il dit, avec beaucoup d'autres décisionnaires, qu'à sa connaissance, le "vrai" turbot n'est pas casher.
Concernant l'avis des rabbins de la Haye - j'ai envoyé un mail à plusieurs rabbins hollandais et j'attends leur réponse.
Il faut néanmoins savoir que les discussions autour de la question du turbot ne sont pas nouvelles.
Déjà à l'époque des tossafistes on se demandait si ce poisson était casher.
Le "Jewish Chronicle" avait recensé de nombreux avis, tous différents l'un de l'autre sur la question... et les débats ne sont pas vraiment clos.
En Hollande et en Angleterre justement l'usage était de ne pas manger ce poisson... jusqu'en 1738.
Alors, arrivèrent deux "shada"r" (shaliah' deRabbanan - personnes arrivées d'Israël pour recueillir des dons pour la communauté qui y résidait alors, notamment à Tzfat, Tibériade et Jérusalem, entre autres) à Londres.
Ils venaient de Venise et témoignèrent que ce poisson est "pur", qu'il est comestible.
La discussion continua jusqu'en 1822 où le Rav Hirshel, alors grand rabbin, le permit.
127 ans plus tard, le tribunal rabbinique de Londres a rediscuté la question et ils tranchèrent que ce poisson est interdit, car ne possédant pas d'écailles sur sa peau.
En 1954, le turbot fut tout de même donné dans un grand repas officiel où furent présents les grands rabbins d'Israël et depuis la discussion continue.
Pratiquement - si l'on voit (de nos propres yeux) une partie de peau avec des écailles - on pourra le consommer, sinon - on s'abstiendra ; c'est la consigne qui est généralement donnée.
Cordialement,
P.S. Il n'est pas inutile de préciser qu'une étude scientifique récente a déterminé que les bosses du turbot sont des espèces d'écailles sous-jacentes transformées en protubérances, mais, morphologiquement, de vraies écailles :
Zylberberg, L., Chanet B., Wagemans F. et F.J. Meunier (2003) Structural peculiarities of the bony tubercles in the skin of the turbot, Scophthalmus maximus (L., 1758) (Osteichthyes, Pleuronectiformes, Scophthalmidae). Journal of Morphology, 258(1): 84-96.
Merci de votre contribution.
Il est à noter que l'acceptation "scientifique" d'écailles ne signifie pas nécessairement que la halah'a considère cela ainsi.
Cordialement,