Conversation 11081 - Du pied gauche
La maniere de lacer les chaussures est il different pour un gaucher ?
Non, c'est la même.
Je vous remercie pour la reponse a la question 11081.
Cependant, j ai consulte le michna broura qui dit dans Ora'h 'haim siman 2,saif katan 6, il dit qu un gaucher qui met les tefilin a la main droite, doit devancer la chaussure droite aussi pour le lacage. Y a t il d autres poskim qui disent autrement ?
Merci
La coutume de mettre la chaussure droite puis la gauche sans les lacer, puis de lacer celle de gauche avant celle de droite a sa source dans le Talmud (1).
Il ne ressort pas de manière très claire qu'il s'agit d'une obligation acceptée par tous, et c'est vraissemblablemant la raison pour laquelle nombreux sont les décisionnaires qui n'en font aucune mention (2). Elle est cependant citée dans le Choulhane Aroukh, probablement car même ceux qui ne la citent pas ne s'y opposent pas.
Cette coutume étonne, et on peut se poser la question de savoir quelle importance peut bien avoir l'ordre dans lequel on met ses chaussures. N'y a-t-il vraiment pas de questions plus fondamentales?
En dehors d'éventuels aspects mystiques, il me semble qu'il y a ici tout d'abord une exigence de discipline. On s'efforce à ce qu'aucun acte ne soit fait de manière automatique, mais soit accompagné d'une certaine reflexion. Même mettre ses chaussures se fera selon un rituel bien précis.
Pourquoi droite/gauche, gauche/droite? La Guemara explique que la Tora exige d'honorer la droite (donc faire précéder la chaussure droite), mais que concernant le laçage la gauche à la primeur puisque c'est sur le bras gauche qu'on lace les Tefiline.
On peut peut-être expliquer ceci de la manière suivante: la droite symbolise dans le judaïsme la miséricorde et la bonté; la gauche, la justice et la sévérité. En s'habillant le matin, le Juif prend la décision de mener sa journée en faisant précéder la bonté à la sévérité. C'est la première qui guidera ses actes. Il faut cependant parfois réagir de manière sévère, ne pas accepter certaines choses, et donc faire préceder la gauche, la sévérité.
Quelque soit l'explication que l'on donne à cette coutume, il faut remarquer que sa place dans la hiérarchie des mitsvot n'est pas très haute.
Ce qui n'a pas empêché certains rabbins de se pencher sur les moindres détails la concernant et de se poser la question de savoir si dans les cas où on met les Tefilin sur la main droite, il faudrait peut être lacer aussi la chaussure droite en premier. C'est l'opinion du Michna Beroura que vous citez. Ce problème n'est quasimment pas traité même par les décisionnaires qui citent cette coutume. Ce silence signifie qu'à leurs yeux, il n'y a aucune différence entre les gauchers et les droitiers.
De plus, le Michna Beroura cite le Chaarey Techouva qui cite lui même le Bekhor Chor. Mais le Bekhor Chor ne parle pas d'une personne gauchère de la main mais du pied (!?).
D'où ma réponse qui, se basant sur plusieurs décisionnaires, ne tient pas compte du Michna Beroura (3).
Références: 1: T.B. Chabat 61 a. 2: Bet Yossef, O. H., 2. 3: Voir Minh'at Ytsh'ak, 10, 1.