Conversation 15918 - Pour etre un non-juif acceptable

MAMAT
Mardi 4 mai 2004 - 23:00

Bonjour,

je suis non-Juif et je ne suis pas baptisé

mon meilleur ami, qui est Juif est en train de faire teschuva
nous discutons énormément de la torah, des relations judéo-chrétienne
et je l'accompagne régulièrement à des conférences judaique

mes questions sont les suivantes :
- etre non-juif se definit il comme un statut ?
- mis à part les 7 commandements (je crois que c'est 7 ?) que faut il pour etre un "bon" non-juif ?
- cette envie "irresistible" de comprendre le judaisme est-il "normal" pour un non-juif ? étant en quête spirituelle, comment expliquer l'impression d'etre déçu par le discours du christianisme (qui est, meme si je ne suis pas baptisé, ma religion "sociale" )

mes questions sont très générales, mais je vous remercie de trouver le temps d'y répondre

Mathieu

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 5 mai 2004 - 23:00

Je pense qu'il est parfaitement normal pour toute personne saine de corps et d'esprit de s'intéresser à ce qui l'entoure et en particulier à ce qui diffère d'elle. Aussi intégrés apparemment que soient les Juifs aux sociétés occidentales modernes, bien des signes montrent que de la part des dites sociétés les choses n'ont pas le caractère d'évidence qu'elles ont depuis longtemps pour les Juifs eux-mêmes. Le Juif et le judaïsme appartiennent qu'on le veuille ou non à ce que la théologie chrétienne a appelé "le mystère d'Israël". Et chacun sait que rien n'attire plus l'homme que le mystère... Ce qui n'est pas forcément négatif, bien au contraire sans doute.

Être non-Juif est d'abord un état de fait, qui est d'ailleurs sans importance aux yeux du judaïsme. Hors d'Israël, l'homme n'est pas tant jugé sur ses croyances que sur ses choix et ses actes, en vertu du bien tel qu'il le connaît - et sans faux-fuyants. Parler des sept lois de l'Alliance dite des enfants de Noé, signifie fonder le salut personnel de tout homme sur les critères de moralité personnelle et sociale. Vous en trouverez le détail sur plusieurs sites Noahides, y compris francophones.

Vous comprendrez aisément qu'il n'appartient pas à un Juif d'expliquer au chrétien - baptisé ou non, comme vous le remarquez fort judicieusement - pourquoi il a des raisons d'être déçu de la foi chrétienne. Les chrétiens, par ailleurs, se sont toujours montrés incapables de comprendre comment les Juifs fidèles à eux-mêmes pouvaient rester si indifférents à la douce tendresse du message que Noël annonçait au monde.
C'est que nous avons chez nous tout ce à quoi le christianisme prétend et bien plus encore : le Dieu de bonté et de compassion préoccupé du salut de Ses créatures qu'Il appelle "Mes enfants" même lorsqu'ils sont Egyptiens, la loi d'amour et de justice donnée au fils aîné pour le compte de toute l'humanité, qui n'oblige que lui mais qui sauve aussi les autres, pourvu, non qu'ils croient ou communient, mais qu'ils vivent en paix avec le fils aîné et pratiquent entre eux, non un culte, mais la morale du souci pour l'autre.
Et lorsque ces vérités commencent à se faire jour dans la conscience droite, elles ne peuvent que s'y frayer un chemin ; il ne conduit pas nécessairement à la conversion. Mais il conduit la plupart du temps à devenir ce que vous appelez un "bon non-Juif" et que nous appelons tout simplement : un homme.