Conversation 1605 - Doit-on pardonner à tout prix?

Anonyme
Mercredi 4 septembre 2002 - 23:00

shalom
Nous arrivons en periode de roch hachana et de Yom kippour et bien sur c'est le temps du pardon.Je me suis brouillée avec une bonne amie a moi. Elle m'a fait enormement de mal ainsi qu'a mes amies et je lui en veut baucoup.
Bien, que ne me sentant pas responsable de la faute sur aucun point , je suis allée m'excuser ne serait ce que pour le lachon ara que j'avait dit.Elle s'est excusee de meme mais je lui ai dit que je ne pouvasi la pardonner tout simplement car ses excuses n'etaient pas sinceres.Ai-je eu tort? Ces excuses n'etant pas sinceres la avera est elle sur moi si aubout de 3 fois je lui ai refusee?
Merci d'avance.

Rav Zécharia Zermati
Samedi 21 septembre 2002 - 23:00

Chalom,
Votre question ne se résume pas à la veille de Kippour mais elle tout à fait d'Actualité et donc vraie durant toute l'année.
De façon générale, le Chalom et l 'unité dans le peuple juif est une chose dès plus importante et le fait de pardonner à son prochain et de pas garder rancune ou volonté de vengeane entre tout à fait dans le cadre de "Veaahavta lé réé'ha Kamo'ha" ou bien "lo Tisna et a'hi'ha Bilvavév'ha", ainsi comme le dit la Mishna de Yoma dans son dernier chapitre et ceci est bien le point soulevé par Rabbi Eliezer ben Azaria dans cette même Mishna , à savoir que concernant les fautes ou la correction du comportement entre deux juifs, le Jour de kippour ne peut venir effacer ces denières jusqu'à une demande de pardon et d'excuses sincères.

Ceci à etait ainsi tranché dans le Choul'han Arou'h (1) , dans les lois de la veille de Kippour comme vous y avez fait allusion en voici les paroles:" les fautes qu'un juif a commis envers l'Eternel, lui sont pardonnées après qu'il ya fait téchouva, celles envers son prochain ne lui sont pardonnées le jour de Kippour qu'après lui avoir demandé son propre pardon etc.. s'il ne lui pardonne pas au bout de la première fois il faut retourner le voir jusqu'à trois fois etc.. après ces 3 fois cette obligation ne lui est plus due".

Hélas nombreux sont ceux qui oublie les paroles du Rav le Réma au nom du Mordé'hai,liès aux paroles du Choul'han Arou'h, les voici :"si cette personne qui a fautée envers son prochain à diffuser des mensonges ou de la diffamation sur lui, on n'est pas obligé de lui pardonner".

Bien que cette décision semble être à l'encontre des valeurs intrinsèques du jour de Kippour, il y ici une valeur indépendante bien plus importante, celle d'éduquer tout juif à ne pas diffuser du 'Chem Ra', 'lachon hara' ou autre mensonges sur son prochain à fortiori si on parle d'un Rav ou d'unTalmid 'ha'ham et cette fautre même Hakadosh Barou'h hou ne la pardonne pas!

Comme l'explique le Mishna broura (2) une telle faute est difficilement corrigeable, les gens ont en effet entendu le lachon ara et les mensonges mais la demande de pardon ou d'excuses non!
Bien que ce même Mishna Broura souligne que la vertu d'humilité demande de pardonner et de ne pas être cruel, pas tous les Posskim acceptent cette avis comme le témoigne le Baar héteev (3):" le fait de ne pas pardonner dans ce cas n'est pas une preuve de cruauté".

En résumé: De façon générale il est dès plus important d'essayer d'applanir les relations entre juifs, la veille de Kipour et durant toute l'année, les disputes et les requelles qui pour la plupart n'ont pas de sens, sans aucun doute ne nous rapproche de ce que nous attendons tous, la venue du Mashi'ah qui dépend sans aucun doute elle de notre unité, amour réciproque et bonne entente.
Néanmoins il y des fautes qu'il est nécéssaire de mettre en valeur de par leur gravité destructrice, le 'lachon hara' ou plus grave le 'Chem Ra' qui est un mensonge, dans ce cas il est permis de ne pas pardoner car cette faute est difficilement expiable et en cela il y a un grande leçon pour le fauteur et ceux qui l'entendent (lémaan Yirou véyiraou).
Dans votre cas, vous êtes dans dans l'obliagtion de pardonner car vous avouez par vous même avoir dit du 'lachonhara', en cela vous êtes quites et que toutes deux voient en cela la fin de cette triste histoire.
Je ne dis pas que vous êtes dans l'obligation de retrouver des relations amicales comme avant cette brouille, mais le fait de se dire CHALOM qui est le nom de D... est indispensable!!

Chalom et Pitka Tova.
Rav Zécharia Zermati
Rav et Morei Tsédek du quartier d'Arnona à Jérusalem.

Réferences: (1) Choul'han Arou'h Siman 606 séif 1
(2) Mishan broura séif Katan 11
(3) Baer Hétév Séif Katan 5