Conversation 17621 - Moise inspire par Zoroastre?
chalom à tous les rabanim!
Les historiens nous disent que le zoroastrisme aexercé une influence non négligeable sur le judaisme (monothéisme luttes entre bien et mal jugement dernier...). Comment aborder cette"théorie"? Je vous soumets aussi une lecture afin que dans la mesure du possible vous la contredisiez avec des arguments que je n'ai pas; En vous remerciant.
"Les qualificatifs de Dieu sont nombreux dans l'Ancien Testament. Adonaï, "Seigneur" en phénicien ; Sabbaot, "le dieu des armées", que certains rapprochent du Seht égyptien ; Eloha, "l'Eternel" et son singulier pluriel : Elohim ; Shadaï ; etc.. Comment expliquer cette multiplicité des dénominations, accompagnant certaines fois le nom Yahvé, d'autres fois non, utilisées parfois alternativement dans un même texte ?
Est-il interdit de penser que tous ces noms et les attributs qui vont avec ont leur origine dans l'existence d'un polythéisme hébreu antérieur au monothéisme ? Yahvé n'est-il pas une confusion, une fédération de plusieurs dieux ? D'autant qu'il apparaît parfois lui-même ambivalent et contrasté : "le mauvais souffle d'Elohîm triomphe sur Saül" (I Samuel 18,2)
Il faut bien garder à l'esprit qu'Elohim, s'il est un nom-qualificatif du Dieu des juifs, est aussi un nom générique désignant tous les dieux.
Comment donc ce dieu, qui revêt à l'origine les mêmes caractéristiques que les autres divinités finit-il par se métamorphoser et s'imposer devant tous comme unique ?
Dans les mythologies traditionnelles aussi on assiste à la prédominance progressive d'un dieu particulier (Zeus en Grèce par exemple). L'affirmation de l'unicité, quant à elle, vient sans doute après. Or, il existait plusieurs moyens pour les mythographes et prêtres de l'Antiquité d'habiller le coup de force que constitue une révolution de panthéon pour le faire paraître supportable.
D'abord, comme dans la mythologie grecque, on réélabore les généalogies ; on attribue à Yahvé la paternité des autres dieux. C'est ce qu'ont sans doute fait des auteurs de la Genèse. En effet, c'est Elohim qui est à l'origine de la "milice des ciels"... Pourtant, on peut noter que Satan n'est pas une créature divine. Mais un passage encore plus étonnant fait allusion aux fils de Dieu. Il faut donc supposer que Dieu n'a pas engendrer qu'Adam et la race des hommes. Mais ce qui prouve de manière encore plus convaincante qu'il existe une généalogie de dieux distincte de la généalogie adamique, c'est cette rencontre entre les "fils de Dieu" et les "filles des hommes" !
Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu'ils choisirent. (Genèse 6,2) Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l'antiquité. (6,4)
(traduction Louis Segond)
Ces fils de Dieu ne sont donc pas des hommes. Et comme dans la mythologie traditionnelle du bassin méditerranéen, les unions entre des femmes humaines et des dieux donnent des héros ("fameux dans l'antiquité").
Ce qui est encore plus étonnant, c'est quand André Chouraqui traduit : "les fils des élohim", utilisant au pluriel le nom générique de toute divinité (les éternels), là où la Vulgate et les traductions qui s'en inspirent traduisent Elohim par "Dieu", effaçant ainsi toute trace suspecte de polythéisme.
Il peut aussi s'agir d'une soumission des autres dieux à celui qui les a vaincus à l'issue d'un combat titanesque. Elohim triomphe des autres "élohim". Mais jamais il n'y a de contestation de l'existence des autres divinités jusqu'à une date très avancée : Yahvé ne fait que s'imposer comme le plus puissant des dieux.
Enfin, la dernière étape consiste à rejeter l'idée-même d'une pluralité de dieux. Les autres dieux évoqués dans la Bible ne sont plus simplement des abominations, mais de purs artifices (Ezechiel en 16,17 parle de "constructions d'hommes").
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Dans la majeure partie de l'Ancien Testament, les récits dénigrant les autres dieux sont d'une grande virulence : l'adoration des abominations païennes mérite la mort. Il n'en demeure pas moins que dans la lutte contre les autres peuples, les fidèles de Yahvé ne font que détruire des temples, renverser des idoles ; on brise des statuettes votives. Mais jamais on ne conteste l'existence de ces dieux. D'ailleurs, le monothéisme judaïque ne s'impose que peu à peu ; il est loin d'être acquis dans Israël lui-même tout au long de l'Ancien Testament. Ce fut même souvent une pratique minoritaire (d'où la thématique du peuple infidèle). Il était même objet de sarcasme que les divinités païennes ne fussent pas capables de défendre leurs autels de la profanation par les Juifs !
Le projet juif fut donc moins ce lui de nier une vérité peut-être évidente mour l'époque – celle de la pluralité des dieux – que d'imposer la leur. L'absence d'arguments théologiques fins en faveur du monothéisme correspond bien, si l'on en croit Paul Veyne, à une volonté de puissance, qui se dispense de preuves, mais fait avancer sa vérité par coup d'éclat (par exemple, le bucher sacrificiel s'embrasant tout seul)"
meditation.free.fr/myth/contr1.htm
Les historiens se trompent : ce n'est pas sur Moïse que le zoroastrisme a exercé son influence, mais sur Dieu, puisque c'est Dieu qui nous a donné la Thora par les mains de Moïse.
Il est inutile de s'étendre sur le déluge d'arguments que vous avez cru bon de déverser sur nous. Il n'est rien non plus de plus dessechant pour la pensée que d'en envisager l'histoire uniquement sous l'angle des emprunte et des influences, comme si les mêmes processus de pensée ne pouvaient mûrir indépendamment et produire des résultats analogues. Il en est pourtant des exemples innombrables.
Depuis le premier homme, une tradition s'est transmise à travers les diverses familles de l'humanité, plus ou moins fidèlement, avec plus ou moins d'élaboration et de reconstruction.
Et ce sont de toute éternité les mêmes thèmes qui tourmentent l'âme humaine même lorsque les réponses qu'elle se donne divergent ça et là et que les moyens qu'elle propose pour atteindre au salut ou à la béatitude diffèrent.
Et finalement, voyez-vous, les zoroastriens ont disparu mais Israël est encore là pour dire aux historiens déçus : vous n'y pouvez rien. Les siècles ne nous ont pas réduits à néant et vous n'y parviendrez pas non plus.
Je ne répondrai qu'au premier paragraphe sur les Noms de Dieu et évidemment ils faut qu'ils avancent l'hypothèse polythéiste. Il est est en effet insupportable de dire que Elyakim Simsovic est un "répondant" de Cheelé, qu'il est informaticien, qu'il est traducteur, qu'il est francophone et bien d'autres choses encore et que c'est la même personne et qu'il n'est pas schyzophrène et que tout dépend de la perspective de relation qui est visée par tel ou tel attribut.
Vous verrez sur le site des réponses (11420...) déjà données concernant la lignée d'Adam (les fils de Dieu) par Seth, engendré à l'image de Dieu (Genèse début du chap. 5) et celle de Caïn désignée par le terme les fils de l'homme. Je n'y reviens pas.
Je suis à chaque fois frappé par la pauvreté intellectuelle et spirituelle de ces historiens qui ne peuvent refuser qu'une seule hypothèse qu'ils ne formulent même pas, à savoir que la tradition des Juifs est peut-être authentique. Parce que, si c'était le cas, où cela les laisserait-il ?