Conversation 24258 - Raciste, le zohar?

hayim
Mardi 7 juin 2005 - 23:00

"ZOHAR - RATIONNALISME - GOYIM - GERIM"

1) Est-ce que le Zohar (voir les interpretations qu'il donne) a ete donne a Moshe au Sinai pour etre mis sur papier bien de temps apres - ou est-il un Perush Thorah parmis d'autres de sorte que l'on ne serait pas obliger a s'y soumettre absolument surtout quand il s'oppose a la Halakhah ?

2) Suis-je en erreur en pensant que la raison et l'echange d'arguments sont une condition indispensable a la communications entre les hommes dans ce monde ? J'ai du mal a accepter certaines choses qu'enoncent le Zohar qui sont selon ma comprehension contraires a la logique et a la Halakhah - mais je me vois dans l'impossibilite d'en discuter avec ceux qui classe le Zohar au-dessus du Mishneh Thorah et certainement au-dessus du Moreh Nevukhim du Rambam en disant que le Zohar serait Thorah Mi-Sinai et le "Rambam" un simple commentaire "rationnaliste" que l'auteur lui-meme aurait regrete a la fin de sa vie quand il fut confronte avec la Qabbalah, comme ils le pretendent.

3) Je pense dans ce contexte surtout a l'image des Goyim et des Gerim que dessine le Zohar, c'est-a-dire leur inferiorite innee et irreversible. Tandis que le Shulkhan Arukh affirme que "tout homme peut se convertir" le Zohar le dement. Aussi, si le Rambam tout comme la Thorah affirment qu'il n'y a pas de differences entre les Gerim et les Juifs de part la naissance, le Zohar place dans le Monde a venir le Ger (meme Ruth et 'Ovadyah Ha-Navi) en-dessous de tous les Juifs originaires qui y auront acces (les Beynonim par exemple !) S'il en serait ainsi : Alors a quoi bon faire des Mitsvoth et etudier la Thorah ?! Que veut donc dire notre croyance : "La recompense des Justes est dans le Monde a venir" ?!

...et le Rav Kook a formuler : "Le pire des Juifs est plus Qadosh que le plus sages des Goyim". Tandis que la Gemarra en repetant un Midrash affirme : "Un Goy qui etidie la Thorah est comme le Kohen Ha-Gadol", en precisant que "la Thorah" c'est "la Thorah qui lui appartient (au Goy)" : la sagesse des nations comme la science, la philosophie (la vraie), la musique etc.

Quand pensez-vous ?

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 14 juin 2005 - 23:00

Chalom,

Je n'ai pas vérifié les assertions que vous avancez au nom du Zohar.
Le Zohar est un midrache sur la Tora. Certains l'attribuent à Rabbi Chimone bar Yohaï, d'autres y voient l'oeuvre d'un rabbin médiéval.
Il est possible qu'il y ait un peu de vrai dans les deux affirmations, à savoir qu'une partie est peut être ancienne, mais que le rédaction finale est plus récente.
Quoi qu'il en soit, le Zohar n'a pas l'autorité du Talmud, et en cas de contradiction entre le Talmud et le Zohar, selon la majorité des opinions c'est le Talmud qu'il faut suivre.
Et l'on n'est pas obligé d'accepter son opinion sur des questions de pensée. Si vous vous sentez mieux avec ce que dit le Rambam, c'est tout ce qu'il y a de plus légitime.
Et effectivement, une partie de mes réticences à l'égard du Zohar proviennent de son approche de la définition de la spécificité du Peuple Juif.
Dans le vaste éventail de systèmes de pensée légitimes au sein du Judaïsme, vous êtes libre d'adhérer à un système autre que celui du Zohar.

Il ne nous reste plus qu'à attendre l'avalanche de protestations que va provoquer ma réponse...
Protestations dont je connais les arguments, et qui ne changent rien à mon opinion.

eliyoël
Mardi 14 juin 2005 - 23:00

chalom rav,

au sujet de la n°24258, je voulais formuler quelques remarques à ylona38 : il semble évident que l'affirmation de la guemara n'indique pas que la thora et la thora du goy sont équivalentes, mais plutôt que relativement à chacun et à ses devoirs etc.. on peut la comparer ; ensuite je n'ai pas vérifié (et les références ne sont pas données d'ailleurs), mais il me semble que le cohen gadol en question soit un cohen gadol qui soit racha ou 'hallal..

De plus, je ne sais pas si l'on peut s'opposer au zohar en prenant son sens littéral ou s'il manque des éléments écrits dans le zohar, et donnant un nouvel éclairage aux phrases choquantes à priori : pour ma part j'ai du mal à comprendre cette notion d'infériorité ou autre. Mais je crois que la guemara affirme pourtant cette notion, puisqu'il y a des derés parmi les juifs (beynoni, tsadik etc..) et cela ne semble pas vous gêner. Pourtant si l'on suit le tanya par exemple, il est clair qu'un tsadik n'est pas comme un beynoni (nous ne parlons pas des actes mais de la néchama que D... donne), et si l'on ne veut pas entendre parler du tanya, la thora affirme qu'il y a des degrés dans notre peuple, cohen-lévi-israël : un cohen est plus kadosh qu'un israël, et un israël ne pourra jamais arriver au niveau du potentiel du kohen gadol ! mais un israël peut avoir la couronne de la thora, voire de la royauté.
Alors si je ne peux pas atteindre la niveau du kohen gadol, à quoi sert que je pratique les mitsvot et tora si ça m'empêche d'accéder à certaines choses ?
Hachem nous juge en fonction des possibilités qu'il nous donne, et même si un tsadik est plus "haut" qu'un beynoni, la geumara affirme aussi que là ou un baal téchouva se tient, un tsadik ne peut se tenir.

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 27 juin 2005 - 23:00

Nous nous attendions à ce que la question sur le Zohar amène quelques réactions.
Tant que les échanges sont de bon ton et pas trop longs, nous les publions...
Même si nous n'y adhérons pas obligatoirement.

Fred77
Mercredi 15 juin 2005 - 23:00

"Je pense dans ce contexte surtout a l'image des Goyim et des Gerim que dessine le Zohar, c'est-a-dire leur inferiorite innee et irreversible"

La notion d'inferiorité pour classer les hommes est un argument dangereux , qui a servi a deja servi , il n'y a pas si longtemps , faut il le rapeller ...

"le Rav Kook a formuler : "Le pire des Juifs est plus Qadosh que le plus sages des Goyim"

C'est homme n'est pas un rabbin , un Rabbin ne pense pas ainsi :(

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Concernant l'avalanche dont vous faites allusion Rav Kahn , je pense qu'il n' y a pas de raison , je pense toutefois qu'un certain nombre de texte propres au judaïsme sont manifestement guidées par une pensée bien lointaine des opinions defendues par la religion , d'autant plus que ses textes sont anciens .

Je trouve particulierement condamnable que des gens qui se dissent religieux aient pu avoir de telles reflexions par le passé.

Rav Elie Kahn z''l
Samedi 6 août 2005 - 23:00

Chalom,

N'ayant pas noté les numéros des réponses auxquelles vous faites allusion, vous ne me falicitez pas la tâche.
Si vous suivez un peu mes interventions sur le site, vous verrez que je suis bien loin de toute interprétation élitiste du judaïsme.
Entre les deux courants de pensée concernant la compréhension de l'idée de l'élection du peuple juif, je n'ai pas choisie celle du courant mystique. Justement pour les raisons que vous évoquez.
Il faut cependant être plus circonspect dans le jugement que vous ne l'êtes; les penseurs qui parlent de différence innée entre juifs et non juifs, n'ont jamais, au grand jamais, prétendu que cela donnait au peuple juif des droits sur les autres peuples.
Ils n'ont d'ailleurs jamais parlé d'infériorité, c'est vous qui utilisez ce terme.
Quand ils parlent de caractère inné, cela peut se traduire de différentes façons.
Pour Rabbi Yehouda Halévi, il s'agit de la potentialité de devenir prophète. Pour le Pav Shnéour Zalman de Ladi, auteur du Tanya, il s'agit d'un trait de caractère qui fait qu'au moment crucial, un Juif reviendra toujours au judaïsme, d'une impossibilité innée de quitter le sein du peuple juif sur plusieurs générations.
Pour le Rav Kook, il s'agit d'une certaine sensibilité morale, plus exacerbée chez les juifs que chez les autres.
Nulle part il n'est question de supériorité ni de droits qu'auraient les Juifs sur les autres.
C'est pourquoi je rejette formellement votre accusation de racisme, même si je ne partage pas les opinions des rabbins que j'ai cités.
Je ne crois pas d'ailleurs que je sois digne d'attribuer ou de retirer le titre de rabbin à qui que ce soit comme vous le faites si allègrement.

C'est justement à cause des évènements qui sont arrivés il n'y a pas si longtemps qu'il faut être à mon avis prêt à abandonner une théorie qui peut être acceptable à une époque et ne plus l'être à une autre.
Mais il me semble que je me répète et que j'ai déjà écrit tout cela dans les réponses 19985, 2464 et 3934.
Bonne lecture.

hayim
Samedi 24 juin 2006 - 23:00

Suita a 24394

Kevod HaRav Kahn !

Je suis d'accord avec vous sur le principe. Mais je pense que pour le Rav Kook la difference (pretendue) innee entre Juifs et Goyim etait plus qu'une SENSIBILITE !

Il me semble que le Rav Kook, ayant pour but d'attribuer a l'union du peuple juif et etant inspirer par un amour infini vers notre peuple, avait besoin de "complimenter" les non-pratiquants et non-croyants pour les faire revenir vers D'ieu en leur disant : "voyez ! D'ieu vous cherit plus que le reste de l'humanite et vous n'avez qu'a accepter votre nature sainte". Et subitement le POTENTIEL divient plus important que la REALISATION. A mon avis une telle position est absurde car elle va a l'encontre de deux principes fondamentaux de notre Tradition revelee au Sinai : 1. le LIBRE ARBITRE et 2. SAKHAR-VA-ONESH (recompense et punition).

Il me semble que pour le Rav Kook, la difference entre Goyim et Juifs n'est pas comme la difference entre Cohen, Levi et Israel car les Goyim SONT EXCLUS DE LA SAINTETE et le GIYUR N'EXISTE PAS EN FAIT CAR LES GERIM NE SONT QUE LES AMES QUI ETAIENT PRESENTES AU SINAI et qui reviennet maintenant, tandis qu'un VRAI GOY ne peut rien faire,
Evidemment, le Rambam ecrit une chose qui est partiquement tenue sous couvert dans certains etablissements proche du Rav Kook : Juif est qui adhere par son intellecte EN ACTE aux 13 principes de la foi, et celui qui n'y adhere pas n'a pas de part au monde futur (Intr. au Pereq Heleq). Ici : aucune mention du IHUS (descendance) et du potentiel... CE QU'ON A FAIT DE SON POTENTIEL C'EST CE QUI COMPTE !

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 4 septembre 2006 - 15:50

Chalom,

Je ne reviendrai pas sur les deux sytèmes de pensée que j'ai déjà exposés.
Pour répondre à votre intervention, je me contenterai de dire qu'il ne me semble pas nécessairede pousser la théorie du Rav Kook à son paroxysme et prétendre que la potentialité prime la réalisation.
Je ne crois pas que c'est ce que le Rav Kook dit. Je vous serais d'ailleurs reconnaissant de me donner la référence exacte chez le Rav Kook (si elle existe) de la phrase que j'ai effacée de votre question.
Je n'ai pas de livres sous la main. Mais il me semble que dans sa lettre numérotée 555 (c'est pour les tunes, cette lettre) fait le point sur la question, de manière un peu différente de ce que vous exposez.

 

kolite
Samedi 1 juillet 2006 - 23:00

au sujet de la question 24258
Je crois que tous les intervenants y compris kevod rav khan,ont oublier un point essentiel a savoir zehout aboths cad le merite des peres
Je m explique si l on veut a chaque fois applanir les faits et dire que tout le monde est potentiellement egal ceci est un principe faux aux yeux de la torah(au sens net sans entrer dans les interpretations et avis divergeants)
en effet si ont dit que le cohen a une superiorite sur le levi qui en a sur le ben israel c est du a une asscendance et oui lors de la faute du veau d or ils se sont distingues en bien et on aquis un merite eternel affirme par la personne de pinehas (hinneni noten lo et beriti chalom)ceci est incontournable
Pour israel cela en est de meme, lors des yamims noraims nous rappelons le merite de abraham/itshak et de la akeda ,c est un merite eternel et incontournable
et ainsi de suite avec tout nos grands tsadikims
ainsi si mon pere s est comporte de maniere irreprochable j en herite meme de maniere involontaire le fruit
bien evidement mon comportement est l essentiel mais il n est pas tout
en tant que ben israel qui a eu des parents battus et humilie en tunisie al kevod chemo qui ont eu des ancetres brules en espagne qui ont eu des ancetres totures et tues de tout temps et qui ont garde leurs preceptes plus ou moins correctement tout au long de l histoire (sinon comment serais je la aujourd hui)
ainsi un converti ou un goys part evidemment avec un train de retard et s il s en sort il n en aura que plus de merite mais il ne faut en aucun cas oublie qui nous sommes CHEERIT YAACOB,le restant de jacob et par la l heritier de ses benedictions comme par exemple BENI BEHORI ISRAEL,je suis moi en tant que juif l aine et ai droit a une part double de maniere incontournable
et ce n est la pas du racisme mais seulement une hierarchie voulu par dieu et etablie par l effort humain!
chalom rav

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 5 juillet 2006 - 20:34

Chalom,

J'adhère à tout ce que vous avez écrit, et ne voie pas la moindre contradiction entre ce que vous écrivez et ce que je professe sur Cheela.
Le principe de "zekhout avoth", le mérite des pères est un principe indéniable. Les enfants profitent des mérites de leurs ancêtres.
Ceci ne signifie pas qu'intrinsèquement un individu né dans le sein du Peuple Juif soit différent d'un non juif. Il n'est en rien meilleur. Il a plus d'obligations, aura plus de mérites si ils les observe toutes assidûment, mais n'est pas meilleur. Il a la même potentialité que les autres êtres humains.
Je ne prétends pas que ceci soit l'opinion unanime. Pas même l'opinion majoritaire.
Dommage!

hayim
Lundi 3 juillet 2006 - 23:00

Suite a la question 31999

Kevod HaRav Kahn !

1. Vous m'avez demandé de vous donner la référence exacte du propos du Rav Kook que vous avez effacé dans mon intervention précédente. La voici. Dans "Orot," Orot Ysrael chapitre 5, article 10 (page 156), le Rav Kook écrit [je traduis approximativement] :

"La DIFFERENCE entre l'AME JUIVE, dans toute son indépendance, ses désires intimes, ses exigences, son caractère et sa valeur d'un côté et de l'AME DES GENTILS de l'autre côté, A TOUS LES NIVEAUX, est PLUS GRANDE et plus profonde que la différence entre l'âme de l'HOMME et l'âme d'un ANIMAL, car cette dernière différence n'est que QUANTITATIVE tandis que la première est essentielle et QUALITATIVE."

"Mathématiquement" cela se représente comme suit :

(Juif – gentil) >> (gentil – animal) DONC Juif >> gentil > animal.

(légende : >> bien plus grand, > plus grand, – différence)

En d'autres termes : le gentil (l'homme non-juif) ressemble bien plus à un animal qu'à un Juif – et c'est la phrase que vous avez effacé de mon message alors qu'elle reflète fidèlement la pensée du Rav Kook, et comme telle elle est aussi enseignée par ses élèves et leurs élèves.

2. Tous les Rabbins considèrent qu'il y a des différences qualitatives entre les êtres humains car c'est la Thora et la Tradition qui nous enseignent le principe fondamental de l'élection.

Or, TOUTE LA DIVISION en différents courants se place par rapport à la QUESTION (à implication morale) qui est de savoir si cette différence est innée ou acquise, si l'on juge le potentiel ou la réalisation. Il y a souvent malentendu à ce sujet résultant du fait que nombre d'auteurs sous-entendent presque inconsciemment par les termes "élection" et "différence qualitative" une qualité innée et potentielle ce qui est logiquement injustifié et philosophiquement douteux.

a) D'après ce que je croix comprendre, le point commun entre le Raavad, le Rav Yehuda HaLevi, le Zohar avec ses Tikunim, le Maharal, le Ari et le Rav Hayim Vital, le Tanya, le Rav Tsadok HaKohen MiLublin et le Rav Charlap est peut-être le mieux exposée chez le Ramhal (Derekh HaShem, partie 2, section 4) :

Le premier homme, ADAM HARISHON, fut créé à un niveau spirituel élevé, avec la connaissance de D'ieu et une intégrité morale qu'il possédait SANS LES ACQUERIR. Après sa chute, l'obscurité se mêla à son âme, mais ses descendants (l'humanité entière) ont gardé le POTENTIEL de revenir au niveau premier, et effectivement on y compte un certains nombre de JUSTES individuels (Enosh, Methushelah, Shem, Ever). Pendant cette époque firent créées les "racines" des futures nations ("branches") correspondant aux qualités acquises et les actions commises par leurs ancêtres, et c'est à l'époque de la Tour de Bavel, DOR HAPLAGA, que D'ieu décréta de CONSERVER les statuts spirituels jusque là acquis, "rien ne va plus". Alors les qualités des hommes devinrent PERMANENTES, et l'humanité se divisa en différents genres transmis génétiquement à l'instar du reste de la Création (animaux, plantes). Or, en accord avec le Jugement Supérieur [sic !], il s'avéra qu'aucune nation ne mérita d'atteindre un niveau comparable tant soit peu à celui du premier homme, à la seule exception de notre Père AVRAHAM qui s'est élevé grâce à ces bonnes actions et cela lui a valu d'être ELU par D'ieu, lui et sa descendance. Toute l'humanité resta "homme" au niveau après la dé-chéance du premier homme, et seul Israël devint "homme" au niveau élevé, donc "Bnei Adam". Dans le monde futur il n'y aura pas d'autres nations à part Israël. Cependant, les âmes des Justes parmi les nations auront aussi droit au monde futur (à titre individuel), mais seulement de façon accessoire qui sera secondaire par rapport à Israël, seul Israël est appelé "homme" véritable et authentique.

En conclusion, la différence entre gentils et Juifs est INNEE et donc IRREPARABLE et aussi NON MERITEE à l'échelle individuelle. Cette position attribut au Créateur une notion de cruauté, loin de nous une telle pensée, dans la mesure qu'elle repose sur un système de différences morales d'origine raciale, sans mérite.

b) Contrastant avec cette position, le Rambam dit que TOUS LES HOMMES naissent avec le POTENTIEL D'ACQUERIR PAR UN TRAVAIL MORAL ET INTELLECTUEL une âme d'homme et – s'ils le désirent – aussi une âme juive. TOUT HOMME – y compris l'enfant d'une femme d'Israël – est associé à un animal TANT qu'il n'a pas acquis l'intellect EN ACTE en réalisent son potentiel inné qui s'appelle "image de D'ieu". C'est d'après ma compréhension le seul point de vue qui soit en accord avec l'attribut de Bonté du Créateur, que soit glorifié Son nom, et la seule position qui donne un sens à l'histoire : éduquer l'humanité pour qu'elle connaisse D'ieu et devienne "humaine" (sage, responsable, juste et bonne) par sa propre volonté et non par obligation.

c) Il y a aussi une troisième position, intermédiaire, celle de "Tiferet Ysrael" du Rav Israel Lipschütz Ben Gedaljah (cf. "Boaz" sur la Mishna Avot 3:17 : "Il disait : Aimé est l'homme…"), qui dit que les gentils sont des hommes créés à l'Image de D'ieu mais SANS connaissances ni qualités morales au moment de leur naissance et ceux parmi eux qui arrivent tout de même à s'élever spirituellement le font par leurs propres efforts et grâce à leur apprentissage intellectuel et sont par conséquent PLUS MERITANT qu'Israël car ces derniers sont œuvre Divine à l'instar du premier homme (Adam HaRishon), c'est-à-dire déjà au moment de leur naissance créés à un niveau spirituel supérieur AVEC des connaissances et des capacités morales. D'après cette lecture, inattendue et originale, l'appellation "homme" attribuée aux Juifs n'est pas un compliment dans la mesure qu'elle enlève du mérite individuel.

3. Les partisans de la différence génétique et non méritée individuellement s'appuient d'un coté sur la tradition mystique (les innombrables passages du Zohar et des Tikunim qui vont dans cette direction) et de l'autre coté sur la Guemara Yevamot 60b-61a, Bava Metzia 114a-b et Keritot 6b où les Sages, de mémoire bénie, interprètent le verset "Et vous mes brebis, brebis que J'ai fait paître, vous étés des hommes" (Ezéchiel 34:31) en concluant :

"vous étés appelés des hommes, mais les gentils ne sont pas appelés des hommes".

Bien que cette Gemara soit dite dans un contexte strictement halakhique et très précis pour enseigner un certain nombre de loi d'impureté comme par exemple que la dépouille d'un gentil – à l'instar de celle des animaux – ne rend pas impur "sous une tente", les auteurs mentionnés dans 2a) l'interprètent de façon absolue, en dehors de son contexte.

4. Il appartient à chacun de positionner le Rav Kook parmi ces courants philosophiques du Judaïsme. Il me semble que la position mystique va à l'encontre de la Tradition Orale et des arguments rationnels. Or, tout cela est effacé face à la prétention que la mystique cabalistique faisait parti de la Tradition révélée au Sinaï (écartant ainsi tout opposant au rang d'hérétique) et l'affirmation que la réalité ne rentrait pas dans le cadre de la raison. Le Rav Kook a appelée sa pensée "Shira" (poésie), et il est vrai qu'il a adopté dans ces œuvres philosophiques un style plutôt affirmatif, tout à l'opposé du Rambam.

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 4 septembre 2006 - 15:49

Chalom,

1. Concernant le passage de Oroth Israël que vous avez traduit, vous remarquerez que vous n'avez pas rendu dans votre traduction la différence entre le mot "neshama" et le mot "nefesh" que vous avez traduit les deux par le mot "âme". Cette différence est essentielle, et traduire ce texte comme vous l'avez fait, et l'expliquer comme on vous l'a enseigné, c'est croire que le Rav Kook ,n'a pas choisi soigneusement ses mots quand il a écrit un texte si lourd de sens.
Je reprends votre traduction, en y replaçant les mots "neshama" et "nefesh".
"La DIFFERENCE entre la NESHAMA JUIVE, dans toute son indépendance, ses désires intimes, ses exigences, son caractère et sa valeur d'un côté et de la NESHAMA DES GENTILS de l'autre côté, A TOUS LES NIVEAUX, est PLUS GRANDE et plus profonde que la différence entre le NEFESH de l'HOMME et le NEFESH d'un ANIMAL, car cette dernière différence n'est que QUANTITATIVE tandis que la première est essentielle et QUALITATIVE."
Le mot "nefesh" traduit la vie animale. La différence entre un chat mort et un chat vivant est que le premier a une "nefesh" dont le second est privé. L'être humain a aussi un "nefesh", une partie de son être qui est la vie au sens biologique du terme. Il fonctionne d'une certaine manière comme un animal. Il se nourrit, il s'accouple et se multiplie etc. Il n'y a pas de différence essentielle entre la vie animale et humaine de ce point de vue. C'est ce qu'écrit le Rav Kook. C'est une différence quantitative, non qualitative.
Mais l'homme, qu'il soit Juif ou non Juif a quelque chose de plus, c'est la Neshama. Cette Neshama, c'est le souffle divin insufflé en l'homme, en tout homme. Remarquez bien que le Rav Kook, à l'encontre de certains textes kabbalistiques considèrent que tous les êtres humains ont une Neshama.
Selon lui, la Neshama d'un juif est essentiellement différente de la Neshama non juive. Pour lui le Juif naît avec certaines qualités spirituelles différentes, essentiellement différentes. Donc la différence entre la Neshama d'un Juif et celle d'un non Juif est plus grande que la différence entre le Nefesh d'un homme (tout homme, y compris le Juif) et celle d'un animal.
Il est donc tout à fait erroné de faire dire au Rav Kook que la différence entre un Juif et un non Juif est plus grande que la différence entre un non Juif et un animal.

J'adhère en gros à votre analyse des différentes opinions, sans entrer dans les détails.

J'ai dans deux réponses précédentes (2464 et 19985) cité le Professeur Chalom Rosenberg, sur un point à mon avis essentiel.
Il y a des théories que l'histoire humaine disqualifie. Après la Shoa, toute théorie parlant de différence raciale entre les humains, différence innée doit être irrémédiablement disqualifiée. Ce que l'on pouvait à la rigueur dire avant la Shoa devient monstrueux après. Et extrêmement dangereux.
Je vous invite à les relire.

gaboss
Mercredi 5 juillet 2006 - 23:00

a propos de la longue liste de questions intitulé "raciste, le Zohar?", je ne voudrais pas vous juger, mais je vous trouve un peu fermé. en effet, vous refusez souvent de changer votre point de vue alors que certains arguments sont parfois trés juste et bon, ne manqueriez-vous pas un peu de souplesse dans votre conception de la thora?

SHALOM

ps: je precise que j'aprecie beaucoup la plupart de vos reponses, surtout dans le domaine halahique, ou vous faites preuve de precision et justesse!

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 4 septembre 2006 - 16:00

Chalom,

J'espère que vous vous trompez dans votre jugement, mais je ne suis pas la personne la plus objective pour trancher en la matière.
Mais ayant relu les différentes interventions sur ce sujet, je ne vois pas sur quoi se basent vos doutes sur mon ouverture (ou fermeture, c'est selon). J'ai écrit clairement que deux courants de pensée s'affrontaient, et j'ai expliqué pourquoi j'avais préféré l'un à l'autre.

joel
Dimanche 3 septembre 2006 - 23:00

[suite cheela 32112]
Shalom Rav,
Je voudrais juste compléter la citation de Hayim au sujet du Ramhal (Derekh Hashem 4,6) : Dieu désirait néamoins qu'ils (les non juifs) possèdent une ame divine (neshama). Traduction du Rav Chriqui, qui précise bien dans son texte en français "neshama" surement pour éviter toute ambiguité.

L'utilisation du terme neshama par le Ramhal n'est certainement pas fortuit. N'indique t'il pas ici la possibilité pour un non juif de se convertir en son ame (neshama) et conscience. Réconcierait il les kabbalistes (dont il fait partie) et les rationnalistes?
Il est clair que le Rav Kook et le Ramhal pensent tous les deux que les non juifs ont une neshama. Meme si cette neshama n'est pas tout a fait de la meme nature pour les juifs et pour les non-juifs. Je crois que d'autres auteurs (notament l'Admour Hazaquen dans le tanya chapitre 2) soutiennent le contraire. Pour lui la neshama est une spécificité juive.

Merci pour tout le temps que vous nous consacrer.

Rav Elie Kahn z''l
Samedi 9 septembre 2006 - 22:28

Merci pour les précisions