Conversation 27106 - Potentiometre
B onjour,
Cette question porte sur l'interdiction d'utiliser l'électricité à Chabat.
N'étant pas très érudit, je n'arrive pas à comprendre exactement les raisons pour lesquelles l'usage de l'électricité est interdit pendant Chabat. Selon, les pesonnes et les rabbins à qui j'ai posé la question, on m'a répondu:
- usage d'un interrrupteur = risque de la production d'une étincelle
- allumer la lumière = incandescence d'un filament renvoyant au "feu"
- fermeture/ouverture d'un interrupteur = création/destruction d'un circuit permettant le passage d'électrons
Pour l'instant, ce sont les seules raisons qu'on m'a fournies et je ne suis sûr ni de l'exhaustivité de la liste ni de la véracité de chacune des trois raisons avancées.
Faisant quand même l'hypothèse que les trois sont valables (et à moins qu'il en existe d'autres), je voudrais savoir pourquoi l'usage d'un potentiomètre (à la place d'un 'interrupteur) serait-il à bannir. Par potentiomètre, je veux parler de ce qui permet dans le cas d'une radio de faire varier l'intensité du son. Dans la mesure, où il n'y a pas extinction complète de la radio mais seulement réduction de l'intensité, il n'y pas risque qu'on se trouve dans le cas de la création/destruction d'un circuit (il y aurait passage plus ou moins important d'électrons mais pas interruption complète du passage des électrons) . Il n'y a pas non plus risque de création d'une étincelle (puisque celle-ci ne peut se produire qu'au "démarrage", en produisant un arc électrique. Le problème de l'intensité du filament n'existe pas dans le cas d'un poste à transistors.
Merci d'avance de m'indiquer en quoi je me trompe.
Bien sûr, la radio n'est qu'un exemple. Mes remarques pourraient être valables pour le cas d'une lampe hallogène avec variateur (encore que là, il y a incandescence du filament) ou même s'il existait des appareils électriques (style cuisinière par exemple où on aurait la possibilité de réduire sans supprimer l'alimentation d'un "feu" et sans bien sûr qu'il y ait de thermostat).
Chalom,
J'ai traité de la question de l'interdiction de l'électricité le Chabat (18798).
Selon la logique que j'y ai développée, l'usage d'un potentiomètre sur une lampe hallogène sera interdit "mideorayta" (interdiction d'origine toranique) puisque assimilable à l'augmentation d'une flamme, comme d'ailleurs pour une cuisinière.
Dans certains cas ce ne sera qu'une interdiction "miderabanane" (d'origine rabbinique).
J'espère avoir répondu à votre question.
Cher Maître,
Merci de votre réponse à ma question n° 27106.
Je suis allé consulter la réponse à la question n° 18798 comme vous me l'avez conseillé. Je sens bien que les débats que vous évoquez dans votre réponse concernant l'utilisation de l'électricité ne peuvent pas être résumés en quelques mots. Néanmoins, je suis resté quand même sur ma faim. J'ai bien compris que concernant une lampe hallogène la variation du potentiomètre agit sur la lampe, en quelque sorte comme un soufflet sur une flamme et je comprends éventuellement l'interdit dans ce cas (bien qu'il n'y ait pas à proprement parler de flamme). Mais pour certains autres appareils électriques comme un poste à transistors par exemple, toujours en ne considérant que l'action de la variation de l'intensité (le son), j'ai du mal à assimiler cette action au fait de raviver une flamme.
En ce qui me concerne, on peut pour simplifier dire que l'électricité se caractérise par un mouvement d'électrons. Dans le cas d'une pile électrique, ce mouvement est crée par une réaction chimique. Or, à notre époque, on sait maintenant que la vie même de notre corps repose sur de nombreuses réactions biochimiques dont l'une d'entre elles est la digestion: l'acide chlorhydrique présent dans notre estomac transforme les aliments ingérés avant de les diriger vers d'autres organes (intestins, foie etc...). Or ces réactions se caractérisent pas des flux d'électrons semblables à ceux existant dans une pile électrique
Croyez bien que je n'essaie pas de montrer mon érudition dans un domaine que je maîtrise très mal ("...la culture c'est comme le beurre, moins on en a plus on l'étale..."). Mais mon objectif était finalement de poser la question de savoir si l'existence de toutes ces activités biochimiques naturelles (fonctionnant y compris durant Chabat heureusement) ne permettraient-elles pas de faire un tri sur les utilisations de l'électricité à Chabat plutôt que de rejeter l'utilisation de ce progrès technique en bloc.
Merci par avance du temps que vous consacrerez à me lire.
Chalom,
Vous avez raison de noter qu'augmenter le volume dans un transistor, et bien d'autres manipulations ne sont peut-être pas vraiment interdites. Ou alors elles relèvent au plus d'une interdiction "miderabanane".
Finalement on évite de les faire plus pour sauvegarder une certaine ambiance de Chabat. L'idée de ne pas s'occuper le Chabat de ce dont on remplit nos journées en semaine est bien ancrée dans la Halakha, on veut que le jour du Chabat soit un jour à part.
Il s'agit donc plus de l'esprit du Chabat que de la lettre, si l'on peut s'exprimer ainsi.
Suite à la réponse de la question n° 27507:
Cher Maître,
Merci de votre réponse. Sans vouloir polémiquer, il me semble que dans le cas de figure d'un transistor (ou lecteur MP3), il est des utilisations possibles à Chabat, qui au contraire renforceraient le caractère sain de ce jour, comme par exemple écouter un cours enregistré pour les personnes ne pouvant pas se déplacer à Chabat
Dans le cas que j'évoque, il suffirait de brancher l'appareil avant l'entrée de Chabat avec le potentiomètre au plus bas et de faire en sorte (c'est possible sur de nombreux modèles de lecteur CD ou d'aitres appareils MP3) de demander une lecture en continu. Ensuite, au moment souhaité, il suffira de faire varier le potentiomètre jusqu'à obtention du volume désiré.
En fait, pour généraliser ma question, ne croyez-vous pas qu'à force de prudence halakhique, on passe à côté de mitsvoth qui seraient réalisables avec une lecture moins rigide (adjectif à prendre au sens premier sans connotation agressive et avec tout le respect que je vous dois et que je dois à tous les rabbanim)?
Un débat existe actuellement dans nos sociétés occidentales concernant le principe de précaution. En théorie, on ne peut que se féliciter de l'existence de ce principe. Mais en pratique on se rend compte qu'à force d'avoir peur de mal faire, on tend vers un certain immobilisme . C'est le cas des OGM en agriculture (en mettant de côté l'aspect halakha), certains ont peur de ce qui pourrait se passer et d'autres voient déjà tous les avantages pour les pays dont les populations souffrent de famine. Certes, il existe un juste milieu entre ces deux voies, mais pour revenir à la halakha, j'ai l'impresion que c'est le principe de précaution qui prend nettement le dessus.
Dans les pirké avoth, il me semble qu'il est écrit en substance: "Mets des barrières à (autour de) la torah", et pour illustrer cet adage, j'ai souvent entendu à la synagogue, cette histoire:
En ville, on découvre un colis suspect, avant d'en savoir plus, les artificiers créent un cordon de sécurité de 50 mètres autour de l'objet.
La gendarmerie par prudence empêche les curieux d'approcher du cordon de sécurité à moins de 100 mètres.
Le maire qui a eu vent de cette histoire et qui ne veut pas courir de risques à 6 mois des élections demandent à sa police municipale de placer des barrages sur toutes les rues menant au deuxième cordon de sécurité.
Une maman se trouvant en banlieue de la ville a vu toute cette agitation est très inquiète. Elle prévient son petit garçon: "Il y a un problème en ville. Il est hors de question que tu sortes cet après-midi". L'histoire s'arrête ici
Et moi j'ai coutume d'ajouter: L'enfant obéissant reste à la maison triste de ne pas pouvoir rendre visite à son grand-père handicapé qui habite en face de chez lui et qui restera seul cet après midi.
Toujours le problème du principe de précaution appliqué d'une manière trop draconienne...
Chabat Chalom (puisque le hasard de mon emploi du temps fait que cette question tombe fort à propos un vendredi midi)
Chabat Chalom,
Vous posez une très bonne question.
La frilosité rabbinique est un sujet très prisé et parfois à juste raison. Bien qu'il me semble que nous arrivons sur Cheela à généralement nous en préserver.
Dans le cas précis je ne vous suis pas. L'idée de Chabat étant aussi à mon avis de se couper un jour dans la semaine de la technologie qui nous envahit.
Il ne s'agit pas ici de la Halakha à la lettre, mais de l'esprit de la Halakha.
Suite à la réponse de la question n° 27555:
Cher Maître,
Merci de nouveau pour votre réponse. Si le problème est de se couper de la techonologie à Chabat alors la logique voudrait qu'on interdise aussi d'en profiter ce même jour (même sans action de l'homme), donc pas de plaque électrique, pas d'ascenseur de Chabat, pas de lumière s'allumant et s'éteignant "automatiquement" via des timers etc..
Toujours sans aucune agressivité, vous employez l'expression "technologie qui nous envahit". Il me semble que tout ce qui permet de faciliter la pratique religieuse est la bienvenue y compris à Chabat (dès l'instant bien sûr où ces facilités ne posent pas de problèmes halahiques): écouter un cours enregistré à Chabat via un lecteur CD par le moyen que j'ai proposé, facilite l'action religieuse et ne paraît pas aller à l'encontre d'interdictions torahiques...
Chalom,
Vous posez une très bonne question, et il n'est pas si aisé d'y répondre. C'est que le côté informel a pesé aussi lourd dans les décisions rabbiniques concernant la technologie que le côté purement halakhique.
Le Rav Moché Feinstein était extrêmement réticent devant tout usage de chronorupteur (minuterie), disant que cela ne correspondait pas à l'esprit du Chabat. Mais il ne les avait tout de même pas interdits.
Quand on a commencé à se servir des systèmes chabbatiques à retardement (vous trouverez grâce au moteur de quoi il s'agit. Cherchez Tsomet dans la rubrique Chabat), de nombreux rabbins ont aussi protesté invoquant la perte de l'esprit du Chabat.
C'est dire combien nous sommes loin des sentiers bien tracés de la pure Halakha.
Comme vous l'écrivez, on ne transgresse en effet aucune interdiction halakhique en écoutant un cours de Tora par le biais d'une minuterie. Peut-être pourrions-nous invoquer pour l'interdire une interdiction rabbinique de crainte que l'on en vienne à faire des manipulations interdites? Je suppose que c'est la réponse que donneront des décisionnaires à votre proposition, de crainte surtout que l'on en vienne à écouter simplement de la musique, puisqu'au niveau halakhique il n'y a aucune différence entre musique et cours de Tora, et de là à effacer toute spécificité du Chabat.