Conversation 34841 - Srumonter un deuil

verede
Mercredi 17 janvier 2007 - 23:00

comment accepter un deuil d'un parent et ne pas se révolter
comment dépasser la peine et rejeter la révolte
comment ne pas se sentir "abandonné" par la personne disparue
comment avoir les réponses à ces questions?
merci à vous et à ce que vous apportez

Raoul Spiber
Mercredi 24 janvier 2007 - 08:31

Ces questions sont difficiles, sensibles, douloureuses. Il est très difficile d’y répondre à distance, sans vous connaître.
Mon conseil : rechercher un sage, un Rav dans votre entourage avec lequel vous puissiez aborder ces questions plus directement.
D’une manière générale, les souffrances isolent les êtres humains. La Torah a institué des règles qui nous obligent à rompre cet isolement envers les malades ,les personnes âgées et surtout les endeuillés. La souffrance et la mort font peur , on est tenté d’ignorer ces drames qui remettent en question notre quiétude et nous rappellent notre fragilité d’êtres mortels.
Rompre la solitude où la personne est enfermée et parfois c'est enfermée elle-même c' est déjà une réponse familiale, communautaire, qu vient dire à celui qui souffre :
«Tu n’es pas seul, nous comprenons ta souffrance et nous venons la partager avec toi ! ».

Comment ne pas se révolter ?
Je vous apporterai une réponse personnelle, peut-être ne vous conviendra-t-elle pas, je vous invite à en chercher de meilleures.
Rabbi Chimon ben Elazar enseignait (Michna Avot :IV,23) :
« Ne cherches pas à calmer quelqu’un quand il est en colère, ni à consoler celui dont le proche est décédé alors que le corps du défunt n’a pas encore été enterré . »
Il faut attendre, ce n’est pas encore le moment. La personne en question ne peut, ni ne veut , écouter des propos qui contredisent des sentiments aussi puissants.
Il faut donc les respecter.
La mort de ceux qu’on aime est tragique et douloureuse ,elle est scandale. Pour lui la terre ne devrait pas continuer à tourner, la vie quotidienne et banale devrait s’arrêter devant le scandale de cette mort.
Ceux qui entourent celui qui souffre ont souvent peur de ce scandale, on doit se contenir ,ça ne se fait pas de se mettre ainsi dans tous ces états, ça offense D., la famille ,la communauté; ça dérange!.
Et alors on veut calmer ce scandale, sans s’en rendre compte, on veut le nier. On veut rétablir un monde serein, sans désordre.
L’endeuillé entend les mots, les arguments de ceux qui l’aiment et qui veulent le consoler, mais pour lui cela signifie autre chose, on est en train de lui dire :
« ce n’est pas si important, personne n’est irremplaçable etc. » .
Bref , pour lui ,ces sentiments profonds et violents lui ont leur source dans son affection et son respect pour la personne disparue et il se doit d’être fidèle à ces sentiments. Les lois du deuil font partie du »kavod hamet » du respect envers les morts, qui est aussi respect de la vie. Contrairement à ce que l’on dit facilement ,les êtres disparus sont irremplaçables parce qu’ils sont tous uniques et que nous devons respecter cette unicité.

Pour que la consolation soit possible, pour qu’elle respecte à la fois la douleur de l’endeuillé et la dignité du défunt, il faut que les consolateurs reconnaissent la légitimité de cette douleur, qu’il sachent attendre.

Ensuite dans un 2eme temps, on peut aborder la question de la consolation. Le respect envers les morts ne doit pas devenir morbide, il doit être respect de la vie, respect de Celui qui donne la vie en nous permettant d’accéder à ,ce qui est éternel.
Le kavod hamet va prendre ensuite une autre forme, il va chercher à continuer dans notre vie à nous ce qu’il y a d’éternel dans l’existence du disparu et que nous perpétuons