Conversation 38124 - Soucca volé
Est-il vrai qu'il est prescrit de construire la soucca avec du matériau "volé" ? Comment cela est-il possible et quel est le sens d'une telle prescription si elle existe ?
C'est totalement faux. D'où sortez-vous cela ?
Au contraire, la halakha précise que si quoi que ce soit qui ne nous appartienne pas entre dans la construction de la soucca, on n'a pas accompli la mitzva. Elle doit être "nôtre" d'un bout à l'autre...
ktiva vehatima tova
Suite de la question 38124.
La source de mon interrogation était dans ce passage d'un livre de Robert Alter, professeur d'hébreu à l'université de Californie :
"Dans le Talmud, une mitsvah, ou bien l'accomplissement d'un commandement divin, qui littéralement, "arrive par transgression", est une notion légale : que dire, par exemple, du statut légal de la sukkah, la cabane de fête que le Bible enjoint de fabriquer, construite avec des matériaux volés" (Les Anges nécessaires, p. 61, trad. I. Rozzenbaumas, Les Belles Lettres). C'est un passage qui porte sur l'hérésie sabbatéenne, mais il semble que la phrase citée se rapporte au Talmud et non à son interprétation sabbatéenne. Je ne sais pas d'où Robert Alter tient son information. Peut-être aussi est-ce un problème de traduction de l'anglais.
Je pense qu'il s'agit en l'occurrence d'une erreur d'interprétation de votre part, due sans doute au fait que la phrase est un peu ambigüe.
Voici ce que dit cette phrase : étant donné le fait qu'il est possible qu'une mitzva soit pratiquée en conséquence d'une transgression et que cette transgression a rendu possible l'accomplissement de la mitsva, cette dernière est-elle dès lors disqualifiée, ou bien garde-t-elle sa valeur positive de mitzva accomplie ? Et il prend comme exemple ici la soucca. La soucca est un commandement positif de la Thora ("la cabane de fête que le Bible enjoint de fabriquer"). Par conséquen que dire lorsque cette soucca que la Bible enjoint de fabriquer, a été "construite avec des matériaux volés". Le texte ne dit pas que la Thora commande de la fabriquer avec des matériaux volés, mais que c'est cela qui s'est passé.
Sans rentrer dans le détail de la discussion sur le fond, il est important de distinguer deux cas de figure : le premier lorsque la transgression est sans rapport avec l'essence de la mitzva. Par exemple, la mitzva de prier avec minyane, donc de se rendre à la synagogue, en particulier le chabbat et les jours de fête. Et que, pour pratiquer cette mitzva, quelqu'un prendrait sa voiture ou le bus parce qu'il n'a pas de synagogue à distance praticable. Cette personne viole le chabbat mais c'est cette violation du chabbat qui lui rend possible de prier avec le minyane chabbat. La mitzva a été accomplie mais une faute a été commise.
L'autre cas de figure, c'est lorsque la transgression est en rapport direct avec l'essence de la mitzva. Une particularité de la formulation de la Thora implique par exemple que le loulav soit la propriété de celui qui va accomplir la mitzva. Il ne peut le faire avec un loulav emprunté et encore moins avec un loulav volé. Par conséquent, si le loulav a été volé, bien que les gestes de la mitzva aient été effectués, la mitzva elle-même n'a pas été accomplie puisque c'est comme si on avait agité les mains, mais qu'elles étaient vides.
En conclusion : les virgules sont importantes à la compréhension du texte et pas seulement à la respiration.