Conversation 39916 - Religion de naissance

sibotemet
Dimanche 23 décembre 2007 - 23:00

pourquoi pratiquer la religion acquis à la naissance?

Jacques Kohn z''l
Jeudi 27 décembre 2007 - 00:09

Il m’est difficile d’imaginer que l’on puisse, à moins d’un choix réfléchi, pratiquer une autre religion que celle dans laquelle on est né.

sibotemet
Vendredi 28 décembre 2007 - 23:00

suite à la question 39916:
pourquoi pratiquer sa religion, sans penser avant s'il serait mieux de pratiquer une autre?

Jacques Kohn z''l
Lundi 31 décembre 2007 - 04:06

Il est impossible d’adhérer à quelque doctrine que ce soit, y compris à une religion, dans laquelle on n’a pas été éduqué dans sa jeunesse, où à laquelle on ne s’est pas soi-même formé.

On ne peut donc envisager de pratiquer une autre religion qu’à la suite d’un choix réfléchi, et non par agrément fugitif.

sibotemet
Dimanche 30 décembre 2007 - 23:00

suite à 39995

Dans mes cheelot, je considérais que le choix d'une autre religion se faisait bienevidemment après une réflexion profonde.
Or, la plupart des juifs ne se convertissent pas, mais deviennent religieux dans leur religion, pourquoi ne pas REFLECHIR, plutôt que de pratiquer le judaisme, même pour un juif, à pratiquer une autre religion?
Pensez vous que tous les juifs pratiquants ont des convictions qui les soumettent aux lois juives specifiquement ?

Jacques Kohn z''l
Mardi 1 janvier 2008 - 05:27

Le Midrach nous apprend qu’Abraham s’est convaincu, par sa seule intuition, de l’existence d’un Dieu unique.

On n’a plus jamais assisté par la suite à une telle prouesse.

C’est dire qu’il n’est pas concevable que l’on puisse « réfléchir », sans y être encouragé par quelque influence extérieure, à la pratique d’une autre religion que la sienne.

anna2
Lundi 31 décembre 2007 - 23:00

suite de la question 40024

J'ai été élevée dans la religion catholique. J'étais très jeune ( 11 ans) quand je me suis mise à me sentir mal à l'aise de ne pas pouvoir questionner les dogmes de cette religion. Mon intuition me portait à m'adresser à D.ieu "autrement" mais je ne savais pas "comment" alors j'attendais qu'Il s'adresse à moi. J'ai attendu très longtemps et puis la vie m'a amenée à sentir les choses différemment plutôt que de les "penser". Enfant, je savais seulement que le lien à D.ieu n'était pas satisfaisant ( peut-être n'est-ce pas le mot juste) et je ne pouvais même pas m'imaginer que je puisse avoir le droit de m'intéresser à d'autres religions, à d'autres manières de concevoir ce qui Est. Ce n'est pas la recherche de D.ieu qui m'a amené à m'intéresser au judaisme mais tout un concours de circonstance pour comprendre un ensemble de choses de la vie elle-même. Je ne pense pas me convertir, je suis simplement disponible à entendre, voir, laisser la Vie ou D.ieu me conduire là où Elle, Il le veut bien. Ne croyez-vous pas qu'il s'agit de "sentir" qu'on est sur le chemin de D.ieu, que l'on fait, que l'on dit, que l'on entend Sa voix, à l'intérieur de soi, sans nécessairement savoir où mène la route, sans nécessairement tout comprendre, penser, réfléchir ? Peut-être y a-t-il plusieurs chemins qui mènent vers D.ieu, vers le respect de la Vie ?

Jacques Kohn z''l
Mercredi 2 janvier 2008 - 00:43

Il va sans dire qu’il est donné à chacun, selon son tempérament et selon les élans de son cœur, de « sentir », pour reprendre votre expression, qu’il est sur le chemin de D.eu.

Il en est cependant différemment du judaïsme et du christianisme.

Pour autant que je sache, le christianisme met essentiellement l’accent sur la foi. C’est d’elle que vient le salut. Les actes, c’est-à-dire ce que le Juif appelle les « commandements », ne font que concrétiser et renforcer cette foi.

Pour le judaïsme, au contraire, l’essentiel est dans l’exécution des commandements. Ainsi que l’ont promis au Sinaï les enfants d’Israël, ils « feront et écouteront » (Exode 24, 7). Ils « feront » d’abord, c’est-à-dire respecteront les six cent treize commandements auxquels ils sont astreints, et c’est ensuite seulement qu’ils « écouteront », c’est-à-dire y appliqueront leur intellect et leur foi.

C’est dire que, pour un Juif, il n’est pas possible de parvenir tout seul à cette pratique des commandements, qui forme l’essentiel de l’adhésion au judaïsme.

anna2
Mardi 1 janvier 2008 - 23:00

suite de la question 40038

Merci infiniment pour votre réponse !

Si je comprends bien, pour vous il s'agit de vivre au quotidien, dans vos gestes et dans vos mots, en harmonie avec ces "commandements". Se soumettant à ce respect des règles, on pourrait éventuellement être en mesure de mieux "entendre" ce que D.ieu veut de nous ?

Mais alors, par quel processus choisit-on délibéremment de se soumettre à ces 613 commandements ? Ne faut-il qu'ils aient fait sens pour soi? Pourquoi, comment cet élan vers ce respect advient-il tant pour le juif que pour le non-juif ? Pourquoi , comment ces enfants vivent-ils en nous ? Le rebelle, le sage, le naif et celui qui ne sait pas poser de question ?

Je suis consciente que j'ai beaucoup de questions, peut-être trop ? Ne vous voyez pas dans l'obligation d'y répondre. Je ne suis pas pressée, J'ai tout mon temps.

Merci encore, Anna

Jacques Kohn z''l
Jeudi 3 janvier 2008 - 02:18

Il n’est pas possible de donner une signification, ni même d’en chercher, à tous les commandements. C’est ainsi que nul ne sait pourquoi, alors qu’il est interdit d’épouser la femme de son frère, une telle union devient obligatoire en cas de lévirat.

Cet exemple, et l’on pourrait en citer beaucoup d’autres, montre à quel point l’obéissance aux commandements, pour un Juif, échappe à toute logique et à toute rationalité. Que ces commandements possèdent ou non un sens, ils doivent être observés de la même manière.

anna2
Mercredi 2 janvier 2008 - 23:00

suite de la question 40053

Pour bien comprendre votre réponse, j'ai lu sur ce site ce que voulais dire levirat et j'ai trouvé ceci : "De nos jours le lévirat n'est plus appliqué par la plupart des communautés. Les rabbanims demandent que soit faite la Halitsa dans tous les cas. Seuls les juifs Témanim, d'origine du Yémen, continuent à appliquer cette tradition. "

Avec tout le respect que je vous dois, je me questionne encore. Je comprends dans votre réponse qu'on ne peut pas tout comprendre et j'accepte cela parce que croyant ou non-croyant, et même pour le non-juif ( j'vais parlé de moi, ça sera plus simple) il arrive que c'est seulement quelques années plus tard que l'on comprenne le comment et le pourquoi les choses adviennent comme elle adviennent et que certaines "lois vieilles comme le monde" prennent leurs sens pour soi après l'expérience. Cependant, je me dit que cette réponse trouvée sur votre site concernant levirat m'indique l'interprétation des textes vaient selon l'époque et les lieux. Ainsi, n'est-il pas "sain" ou "saint" que nos gestes, nos paroles et notre pensée soient en harmonie avec les lois ? Ou donc se situe le libre-arbitre dans tout ça ? Je suis dépassée par votre réponse. Pouvez-vous m'éclairer ?

Merci à l'avance, Anna

Jacques Kohn z''l
Dimanche 6 janvier 2008 - 03:34

Il est tout à fait exact que le lévirat n’est plus pratiqué de nos jours dans toutes les communautés juives, et que dans beaucoup d’autres, comme celles d’Europe, il est remplacé par la ‘halitsa (voir Deutéronome 25, 7 et suivants).

Cela ne change cependant rien à ce que j’ai écrit à propos du paradoxe consistant pour la Tora à interdire le mariage d’un homme avec sa belle-sœur, alors qu’elle le prescrit dans le cas de lévirat. Que celui-ci soit pratiqué ou non dans certains pays ne modifie en rien le paradoxe de la situation, même s’il n’est parfois que théorique.