Conversation 4257 - Dangereux coup d'oeil

Anonyme
Lundi 3 février 2003 - 23:00

Shalom, merci pour votre site qui m'est vraiment utile. L'anne derniere j'ai dit a une fille que je n'apprecie pas trop par ceratains cotes qu'elle avait des beaux yeux ( je precise que je suis une fille), juste pour la complimenter, lui faire plaisir. Et le lendemain, elle avait l'oeil injectee de sang ( completement ) son colocataire lui a ferme la porte au nez et elle a recu la porte dans les yeux. Ca m'a tout de suite fait reflechir mon intention n'etait pas mauvaise mais j'ai peur de lui avoir mis le mauvais oeil. Pouvez vous me dire si c'est le cas?

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 5 février 2003 - 23:00

Ça fait réfléchir, y a pas de doute, mais vous savez, les coïncidences, cela existe !

Anonyme
Mercredi 5 février 2003 - 23:00

suite de la question 4257. Est ce que si on dit blynara cela protege d'une maniere certaine du mauvais oeil? Si on a mis le mauvais oeil est ce que c'est une avera, si oui est ce reparable???

Rav David Zenou
Mercredi 26 mars 2003 - 23:00

Shalom,
Je vous propose de consulter les reponses 880 et 3239, vous verrez alors que le mauvais oeil est tres psychologique et succite souvent chez celui de qui on parle une envie (souvent inconsciente) de 'taire' les curieux et jaloux, cela entraine un 'chute' justement sur la chose dont on a parle.

Si quelqu'un ressent qu'il fait partie de ce qui ont entraine a cette nouvelle situation, il serait bon qu'il demande pardon.

Anonyme
Mercredi 26 mars 2003 - 23:00

[ suite cheela 4257 ]

Chers Rabbanim,

1) Bien que cela n'ait pas à proprement parler de rapport avec la question originelle, l'expression "Et le lendemain, elle avait l'œil injecté de sang" me suggère une autre question.

Voici ce qui m'est arrivé.

Je me trouvais devant une synagogue, lorsqu'un individu m'a accosté en me demandant : "vous savez comment ça s'écrit, Kena'an ?" ; comme c'était une entrée en matière assez peu ordinaire, je lui ai demandé pourquoi il avait besoin de ce renseignement. Il m'a alors répondu : "Parce que c'est de là que viens...", avec une de ces voix très énigmatiques, inimitables par écrit. Mais je vous laisse imaginer !

Si à ce stade du récit vous commencez à sourire devant votre écran, mettez donc quelque réserve, et réservez l'éclat de rire pour dans quelques lignes !

Voici à quoi ressemblait cet étrange habitant de Kena'an : des bottes, un sac assez encombrant (j'imagine que c'étaient des michloa'h manot, vu que Pourim n'était pas loin), un gros anorak, la tête découverte, et enfin le visage orné de jolis tatouages. Mais le plus beau, le voici : le coin de l'un de ses yeux était... injecté de sang.

Kena'an... le sang dans les yeux... j'ai immédiatement pensé à l'affrontement entre Yossef et Yehouda rapporté dans la Paracha Vaygach, puisqu'il existe une source selon laquelle du sang sortait des yeux de Yehouda lorsqu'il se mettait en colère, ce qui épouvantait ses ennemis.

J'ai donc répondu à cet homme que, bien qu'il n'avait pas tellement l'accent du pays, j’allais malgré tout lui écrire son fameux "Kena'an" sur un bout de papier. Après quoi il m'a remercié de façon encore plus énigmatique que tout à l'heure, puis il a continué son chemin.

En le suivant des yeux je me suis dit, me retenant de pouffer de rire : "J'espère que ce n'était pas le Machia'h ou bien Elyiahou hanavi, sans quoi je viens de faire LA méga bêtise !".

Laissant vagabonder ma pensée, je me suis alors demandé : "De toute façon, serait-il possible qu'un Tsadik, voulant pour une raison ou une autre cacher son identité, puisse marcher la tête découverte et la face bariolée de tatouages ?". Je n'ai donné aucun crédit à une telle possibilité ; pourtant j'aimerais, chers Rabbanim, connaître votre avis sur la question.

2) J'aimerais également relever une partie de la réponse de Rav Elyakim : "mais vous savez, les coïncidences, cela existe !". Une des bases du Judaïsme, et Rav Elyakim le sait certainement à des degrés élevés, est que la coïncidence n'existe pas, puisque tout ce qui arrive est décidé par Hachem Lui-même. Aussi pourquoi affirmer que certaines situations sont des coïncidences ?

Berakha vehatsla’ha

Rav Elyakim Simsovic
Vendredi 28 mars 2003 - 22:00

Je n'ai personnellement aucun avis sur le témoignage que vous rapportez dans la première partie de votre message. Si un autre rav a quelque chose à dire à ce sujet, nous trouverons un moyen pour insérer ultérieurement sa contribution dans cette réponse.

Il serait bon, pour cette raison, de ne pas réunir des questions diverses dans le même message.

Quant à la question sur les coïncidences, vous l'introduisez par les mots "tout ce qui arrive est décidé par Hachem Lui-même". Je ne peux pas vous suivre sur ce point. C'est effectivement une pieuse pensée et d'un certain point de vue elle semble dictée par notre foi en la Providence. Mais elle cache une terrible "mine anti-personnel" qui risque de faire sauter celui qui en toute innocence poserait le pied dessus : si tout ce qui arrive est décidé par Hachem, cela voudrait dire y compris les fautes que nous commettons. Dès lors, plus de liberté, plus de responsabilité, plus de sens à la foi en la sanction de nos actes.
Consultons Maïmonide (Hilkhot Téchouva V, 2) : "Ne te laisse pas aller à cette pensée que disent les imbéciles des nations et la plupart des simples d'Israël que Haqadoch Baroukh Hou décide pour chacun à sa naissance qu'il sera juste ou méchant. Il n'es est pas ainsi. Chacun est susceptible d'être un juste comme Moïse notre maître ou un méchant comme Jéroboam, ou sage ou idiot ou miséricordieux ou cruel ... et aisni de suite et nul ne le contraint ni ne détermine ce qu'il sera ni ne l'attire vers l'une ou l'autre de ces voies. C'est lui seul et de sa propre autorité qu'il penche vers la voie qu'il décide ; et c'est à ce sujet que Jérémie a dit : de la bouche suprême ne sortent point les maux ni le bien... "
Je ne crois pas nécessaire de poursuivre la citation qui est déjà suffisamment longue et explicite.
J'essayerai toutefois d'indiquer une direction de réflexion à ce sujet : il y a une différence entre le fait que des coïncidences se produisent et le fait de croire que tout ce qui arrive soit le fruit du hasard. Il s'ensuit que dans chaque situation où je me trouve, j'ai à décider de ma conduite. Tout a un sens. Au carrefour où se rencontrent les conséquences d'une infinité d'actions depuis la création du monde, il y a moi. Et ma décision de la conduite à tenir. Je peux tourner le dos ou faire face et je peux me tromper ; ce qui me sera compté, c'est l'effort que j'aurai fait pour agir conformément à ce que je savais à ce moment-là être Sa volonté. Où est le bien ? Où est le mal ? Bien et mal, non tels que je les imagine subjectivement mais tels que la Thora me les enseigne. "Difficile liberté !" a déjà dit monsieur Lévinas, pour conclure que "décidément, le judaïsme est une religion d'adultes".

Anonyme
Jeudi 8 mai 2003 - 23:00

BJR RAV,je me permet de vous interpeller sur la réponse que vs avez donné a la question 4257.En effet vs y spécifiez que les coincidences éxistent mais on m' a toujours appris que selon l'acception juive de la chose le hasrd n'existe pas.En hébreux hasard se dit mikre si on inverse les lettres du mot qd il est écrit en hébreux cela donne rak mi hachem.Par son omniscience et son Omniprésence il intervient ds ts les domaines de plus si je ne m'abuse on parle du ain ara ds la torah il y a 1 tehilim pour ça, des tefiloth des segouloth...Peut etre que je me trompe veuillez me rassurer svp.Merci

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 8 mai 2003 - 23:00

Je n'ai pas dit que le 'ayin hara' n'existe pas et coïncidence ne veut pas dire hasard. C'est un sujet assez complexe et dont l'élucidation demanderait plus que quelques lignes. Pour simplifier, disons que l'infini de l'ensemble des interactions depuis la création du monde provoque des situations où tel acte particulier de quelqu'un aujourd'hui (ou hier) ne joue qu'un rôle infime et qu'il ne faut pas chercher de relation simple de cause à effet entre tel acte que j'ai pu faire la semaine dernière et telle chose qui se produit aujourd'hui. A notre niveau, cela s'appelle une coïncidence. Qu'elle ne soit pas gratuite, c'est encore autre chose ; qu'elle m'interpelle et que la question se pose à chaque fois de savoir comment y réagir, c'est encore autre chose.
Quand Jacob se prépare à bénir ces fils, il leur dit "rassemblez-vous et je vous dirai ce qui vous arrivera (acher yiqré ètekhem) à la fin des temps d'exil" ; et cela ne veut pas dire que cela arrivera par hasard. Mais cela arrivera. Et comme il n'y a pas de déterminisme moral, que les actes des hommes sont libres, il n'y a pas de fatalité. Alors comment Jacob pouvait-il envisager de pouvoir "prédire l'avenir" ? C'est qu'il ne s'agissait pas de cela, mais d'une sagesse qui permet de savoir quel sera le type de problème qui nous interpellera et auquel nous aurons à faire face. Les circonstances de fin d'exil posent ce type de problème où se rencontrent diverses lignes de forces, diverses conjonctures parce que l'histoire aussi obéit à des lois. Il en est ainsi à l'échelle universelle ; mais à l'échelle individuelle, cela s'appelle une coïncidence.