Conversation 43627 - Fromage cacher et pates aux oeufs

claudinette
Dimanche 31 août 2008 - 23:00

Chers repondeurs, j'ai une question generale sur les fromages. Les fromages fabriques avec de la presure animale provenant d'un animal non-cacher sont interdits, comme explique par le rabbin Zenou dans une des reponses. Pourquoi cependant est-il permi de consommer un fromage fait avec de la presure d'un animal cacher? Il y a toujours le probleme du melange lait-viande?

Autre question a propos du principe "batel bechichim". J'ai cru comprendre que les pates aux oeufs sont cacheres, justement a cause de ce meme principe. Cependant, comme on applique ce principe a posteriori (bediavad), comment cela m'autorise-t-il a consommer des pates aux oeufs?

hodech tov a tous

Nathan Schwob
Vendredi 5 décembre 2008 - 02:49

La différence entre les deux genres de présures relève du fait que la présure provenant d'un animal non cacher est interdite par la Thora, alors que le mélange lait viande sans cuisson pour faire cailler le lait, est d'ordre rabbinique, qui plus est lorsqu'il n'y a pas de goût. Dans le premier cas, on ne peut pas appliquer le principe de l'annulation au soixantième parce que le composant à annuler (la présure) est un élément essentiel de la fabrication (Maamid) sans lequel le fromage ne pourrait exister. On considère donc que l'interdit de la Thora continue d'exister. Dans le second cas, on peut utiliser ce principe parce qu'il n'y a pas de mélange des goûts de viande et de lait par cuisson et donc la viande et le lait coexistent encore indépendamment l'un de l'autre, et c'est le goût d'une viande autorisée qui s'annule. On est donc encore trop loin de l'interdiction originale pour rajouter un interdit d'ordre rabbinique (1).

L'autorisation est bien entendu à posteriori, et pour de la présure dérivée directement de l'animal. Mais il y a certains procédés chimiques qui permettent de changer complètement la nature de la présure, ce qui la rend parfois autorisée à priori même si elle est d'origine animale.

Il est bon quand même de rappeler une fois de plus que l'industrie alimentaire étant tellement compliquée, il ne faut donc pas se fier, pour la cacherout, aux étiquettes ou aux vérifications personnelles superficielles, mais uniquement à une surveillance rabbiniques. Cette surveillance est faites par des spécialistes de la Cacherout et de l'agro-alimentaire.

Pour les œufs.
La majorité des oeufs ne contiennent pas de sang, même lorsqu'il s'agit d'œufs "non industriels" avec risque de fécondation. Pour cette raison on a le droit de manger à priori un oeuf à la coque ou de le gober, ou de se cuire une omelette dans l'obscurité. Dans tous ces cas on ne peut pas vérifier les œufs (2).

Pour cette même raison, si les oeufs ont été cassés et mélangés sans avoir été vérifiés comme c'est l'habitude, l'aliment est autorisé à posteriori. À plus forte raison lorsque les oeufs sont industriels et donc non fécondés et si s' y trouvait une tache de sang, qui s'est mélangée elle est annulée sur soixante lorsque le produit arrive chez vous.

Les décisionnaires se sont demandés si le fait d'acheter un produit qui contient un interdit annulé au soixantième par un non juif, ne doit pas être considéré comme une situation à priori puisqu'on a le choix de ne pas l'acheter et de consommer un produit équivalent. On se base sur ceux qui autorisent parce que l'interdiction d'annuler à priori un interdit par mélange à d'autres ingrédients permis, ne s'applique pas à un non juif qui l'a fait finalement pour lui, parce qu'il n'y a pas d'intention préméditée d'annuler et parce qu'il n'y a finalement pas de certitude qu'un des œufs mélangés soit interdit (3).

(1) Ch.Ar. Yo.Dé.87-11 et Chach 35.
(2) Ch.Ar. Yo.Dé. 66-8.
(3) Ch.Ar. Yo.Dé.84-14 et Chach 40.