Conversation 47375 - Le deuil pour un disparu avec un avion

AKIBAOLIVIER
Lundi 1 juin 2009 - 23:00

Bonjour,
Je souhaiterais connaître le statut d'une personne qui perd un parent proche et dont on n'a pas retrouvé le corps. Je fais allusion à une personne que je connais qui avait son mari dans l'avion d'Air France qui s'est krashé dans l'Atlantique. Un deuil peut-il être commencé sans avoir trouvé le corps et l'avoir enterré ?
Merci à Vous.

Rav Reouven Ouziel
Jeudi 11 juin 2009 - 02:27

Le Shoulkhan Aroukh Yore De'a chap.375 par.7 statue : "Celui qui s'est noyé dans l'eau qui a une fin [=étendue d'eau limitée dont il est certain qu'il n'en est pas sorti, et qu'il git au fond] on compte les jours de deuil du moment où on s'est désespéré de le rechercher". Dans le cas d'un avion qui s'est écrasé dans l'océan, nous avons affaire à "de l'eau qui n'a pas de fin", dont nous ne pouvons pas être certains qu'il n'a pas été sauvé par miracle. Dans le Beit Yosseph [ibid.], il a bien ramené l'opinion que dans ce cas, puisqu'il est impossible de le déclarer mort et de considérer sa femme comme veuve, il n'y aura pas non plus de deuil possible, mais il ne l'a pas écrit dans son Shoulkhan Aroukh. Cela laisse à entendre qu'il n'y a pas d'obligation de s'endeuiller et si la famille garde un espoir et veut encore attendre, elle le peut. Mais s'ils sont persuadés de sa mort, ils peuvent s'endeuiller tout de suite [voir Tsits Eliezer par.3 res.5]. Le problème est que s'il s'agit d'un homme marié, sa femme étant encore interdite, le fait de s'endeuiller risque d'induire en erreur et faire croire qu'elle peut déjà se remarier. La solution préconisée est que la famille obtienne l'autorisation du Beit din qui s'occupe de l'affaire pour qu'il soit bien clair que le fait de s'endeuiller n'a pas de conséquences sur le statut de la présumée-veuve [voir ibid. Pit'hé Techouva 3; Gecher Ha'haim chap.19 par.6, 2]. Mais il y en a qui interdisent de s'endeuiller [voir Pené Baroukh chap.8 notes 32-34.].

flo123456
Mercredi 10 juin 2009 - 23:00

Shalom,

suite à la réponse que vous avez donné à la question 47375, le bet-din pourrait-il statuer que la femme puisse se remarier malgré le fait que son mari soit tombé dans "maim shé ein lahem souf"? A la lecture de votre réponse qui traite surtout du deuil, j'ai l'impression que cette femme ne pourra jamais se remarier.
Ai-je bien compris votre réponse?
Ps voir ma question initiale qui était plus détaillée: 47429

Merci de prendre de votre temps pour répondre à mes questions

Rav Reouven Ouziel
Lundi 15 juin 2009 - 03:01

Effectivement, dans le cas de "de l'eau qui n'a pas de fin", c.à.d. qu'il est impossible de prouver que le disparu est mort, sa femme resterait 'agouna [=délaissée]. Mais heureusement, en réunissant toutes les données du cas, le beit din qui s'occupe de l'affaire [qui est le seul habilité à trancher] arrive en général à permettre le remariage.

flo123456
Lundi 15 juin 2009 - 23:00

Bonjour, suite à vos réponses sur la question 47514 (et 47429), je viens de lire dans le Hamodia du 10 juin que le Grand Rabbin David Messas a dit aux familles de prendre le deuil dès le 3 juin, soit deux jours après l'accident, bien avant la fin des recherches.
Je comprends que de nombreuses données puissent pousser le Bet-din à autoriser une femme à se remarier ou des proches à prendre le deuil même si le disparu est tombé dans "maïm shé ein lahem sof", comme vous l'avez bien expliqué. Cependant, même dans ce cas, la logique aurait été d'attendre tout de même la fin des recherches avant de demander aux familles de prendre le deuil, comme dans les autres cas de dispartion mentionnés dans YD 375; d'autant plus que la suite des recherches ont permis de trouver des corps.
Bref, pouvez-vous m'expliquer s'il vous plaît sur quoi se base la décision ayant autorisé le deuil dès le 3 juin?

Rav Reouven Ouziel
Mercredi 17 juin 2009 - 23:23

n'ayant pas les donnees exactes du desastre, je peux seulement supposer qu'etant certain qu'il n'y avait pas de survivants, il n'etait pas necessaire d'attendre la decouverte eventuelle des corps pour commencer les chiv'a. שנשמע בשורות טובות.