Conversation 48429 - Teshouva à mon âge?

Hadach
Dimanche 16 août 2009 - 23:00

Shalom Rav,

Merci pour votre réponse: cela me donne envie d'aller plus loin.
Mais approchant de la cinquantaine, j'ai quand même le sentiment que c'est un peu tard...
En fait, je ne sais plus trop quoi faire.
En plus, un total retour à la pratique et dans un milieu adéquat / juif représenterait pour moi une rupture et des difficultés de tous ordres...
Et puis, comment un gars de mon âge serait-il perçu par des pratiquants de longue date?
Au fait, pendant mes vacances, ma voiture s'est faite défoncer par un papy qui ne sait pas faire la différence entre une voiture arrêtée et en marche.
C'était pas pendant Shabbat!

encore merci... et j'essaierais de ne plus voyager shabbat...

Nathan Schwob
Vendredi 28 août 2009 - 03:55

Il n'est jamais trop tard et l'âge n'a pas d'importance pour bien faire.
L'exemple de Rabbi Akiva est bien connu. Jusqu'à l'âge de 40 ans il était un ignorant complet, et le Talmud ne nous cache pas ses dérapages. Puis il a étudié 40 ans et a servi le peuple juif pendant 40 ans. Que se serait-il passé si Rabbi Akiva avait dit: trop tard à 40 ans? Quel dommage pour lui et pour nous!
Personne ne sait ce que réserve l'avenir et même pour un jour la Techouva est importante. Le Talmud (Avoda Zara 17a) raconte l'histoire de Eleazar ben Dordaya, qui n'a été appelé Rabbi que parce qu'il a réussi sa Techouva en quelques instants. Toute sa vie a passée dans la frivolité et lorsqu'il s'en est rendu compte et a décidé de changer, il est mort, le malheureux! Et bien non! On entendit une voix céleste convier Rabbi Eleazar ben Dordaya au monde futur. Le Talmud rajoute que Rabbi Yehouda Hanassi, l'auteur de la Michna, pleurait de cette histoire en disant: "il y en a qui acquièrent le monde à venir par un travail de longues années et d'autres en quelques instants, et en plus on les appelle Rabbi". Cela n'a pas empêché Rabbi Yehouda Hanassi de continuer son propre travail de longue haleine. À chacun son chemin. Or c'est justement là un des points que le Talmud veut mettre en valeur au centre de cette histoire. Lorsque Eleazar ben Dordaya se rend compte que sa vie est spirituellement foutue, et qu'il appelle à la rescousse sans recevoir d'écho, il déclare alors cette petite phrase clé: "Cela ne dépend que de moi", et c'est ce qu'il fait et réussit.
Mais revenons à Rabbi Akiva. Le déclic s'est produit lorsqu'en regardant une pierre à côté d'un puits, il a vu à combien elle était percée par les gouttes d'eau. Il se dit alors que si l'eau qui est "tendre" a la capacité à la longue d'user une pierre, la Thora (qui est eau de vie) aussi finira par pénétrer dans son cœur de pierre. Le deuxième atout de Rabbi Akiva, c'était sa femme qui l'a accepté comme il était et l'a encouragé. Le Talmud raconte que Rabbi Akiva et ses fils apprenait à lire ensemble, sur les mêmes bancs d'écoliers !!! Le troisième atout de Rabbi Akiva, c'était ses qualités d'âme, son humilité et son courage, sa sensibilité pour les autres et en particulier pour sa femme.
Tout ceci pourra t'inspirer et je suis sûr que tu trouveras le moyen de résoudre les problèmes familiaux, sociaux et économiques qui peuvent se poser. Il y en a, c'est vrai. On n'est pas non plus obligé de régler tous les problèmes à l'avance, en particulier ceux qui se révèleront à postériori, n'être que des problèmes imaginaires, des craintes. Ce serait dommage de leur sacrifier sa conscience, et puis souvent la famille avance avec, et l'entourage est respectueux, surtout lorsqu'ils se rendent compte que les changements ne sont pas un caprice mais un cheminement profond.
Car il y a plusieurs niveaux de Techouva. On peut faire une Techouva gestuelle en cherchant à pratiquer le maximum de Mitsvot, en corrigeant toutes les mauvaises habitudes et en évitant de transgresser toutes les interdictions parce que c'est de cette manière qu'un juif doit vivre, c'est ainsi que D-ieu nous demande d'être, et nous l'acceptons avec joie.
Mais on peut aussi voir dans la Thora et les commandements l'expression d'une vérité divine transcendante, à laquelle on essaye de s'identifier, d'un côté par l'étude de la Thora qui en est l'expression théorique, rationnelle, lyrique et d'un autre côté par l'accomplissement des Mitsvot qui sont l'expression pratique, la réalisation et la concrétisation de cette vérité et qui nous permettent de nous élever et d'élever notre vie dans la direction de cette transcendance qui nous interpelle. Dans ce sens là de la Techouva, qui est un cheminement perpétuel, c'est clair que tout le monde se trouve à pieds d'égalité. Il n'y a pas de différence entre "longue date" et "Hadach" mais entre "à l'arrêt" et "en marche".

Ketiva Veh'atima Tova.