Conversation 4886 - Il manque la chute

Anonyme
Mardi 25 février 2003 - 23:00

Chers Rabbanim,

Dans le cadre d'un projet musical et littéraire, je fais à un moment référence à une histoire talmudique (Massekhet Chabbath, semble-t-il). Hélas, il me manque un tout petit bout pour l'avoir complète. Comme mon niveau en limoud n'est pas très élevé, j'en appelle à votre aide.

Voici quelques précisions : l'histoire met en scène un agriculteur travaillant chez son patron, qui lui demande son salaire avant de retourner chez les siens passer les fêtes. Tandis que le patron argumente plusieurs raisons pour ne pas payer son employé sous une forme ou une autre, ce dernier le juge lekaf zekhout et accepte toutes les réponses.

L'employé repart finalement sans une seule compensation, et revient après les fêtes revoir son patron. Au cours de la se'ouda qui les réunit, la discussion entre les deux hommes ressemble à quelque chose comme cela :

- Lorsque, avant les fêtes, tu m'as réclamé ton salaire et que j'ai prétendu ne pas en posséder, qu'as-tu pensé de moi ?
- J'ai pensé que tu avais investi tout ton argent dans une belle affaire.
- C'était en effet le cas. Et lorsqu'à la place tu m'as demandé du bétail, et que j'ai prétendu ne pas en posséder, qu'as-tu pensé de moi ?
- J'ai pensé que tu avais offert tes bêtes à des sacrifices pour le Temple.
- C'était en effet le cas. Et lorsqu'à la place tu m'as demandé des objets et que j'ai prétendu ne pas en posséder, qu'as-tu pensé de moi ?

Ma question est : que répond alors l'employé ?

Berakha vehatsla'ha

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 9 mars 2003 - 23:00

C'est en effet dans le traité Chabbat, à la page 127 b.
Après avoir travaillé pendant trois ans chez son patron dans le sud, l'ouvrier agricole demande son salaire pour retourner chez lui en Galilée.
Le patron n'argumente pas mais lui dit qu'il n'a pas d'argent, pas de bétail (bien que le bétail est là à paître dans les champs), pas de terres, pas de fruits... (bien qu'ils soient là devant les yeux, sans quoi l'ouvrier n'en demanderait pas) et finalement, l'ouvrier s'en va tout nu comme devant.
Après la fête (de Souccoth), le patron prend le salaire de l'ouvrier avec en plus trois ânes, l'un chargé de nourriture, l'autre de boissons et le troisième de douceurs, et va trouver l'ouvrier chez lui en Galilée.
Après avoir mangé et bu et qu'il lui ai donné son salaire, il lui demande :
- Lorsque tu m'as réclamé ton salaire et que j'ai prétendu n'avoir pas d'argent, de quoi m'as-tu soupçonné ?
- J'ai pensé que tu avais investi tout ton argent dans une belle affaire.
- Et lorsqu'à la place tu m'as demandé une bête, et que j'ai prétendu ne pas en posséder, de quoi m'as-tu soupçonné ?
- J'ai pensé que tu avais donné ton bétail en location.
- Et lorsqu'à la place tu m'as demandé de te donner une terre et que j'ai affirmé ne pas en posséder, de quoi m'as-tu soupçonné ?
- J'ai pensé que tu avais dû la donner en fermage.
- Et lorsque j'ai prétendu n'avoir pas de fruits, de quoi m'as-tu soupçonné ?
- J'ai pensé que la dîme n'avait pas été prélevée.
- Et lorsqu'à la place tu m'as demandé des coussins et des draps et que j'ai prétendu ne pas en posséder, de quoi m'as-tu soupçonné ?
- j'ai pensé que tu avais dû consacrer tous tes biens au Temple.
- Hé bien, dit le patron, c'est en effet ainsi que tout s'est passé ; j'ai fais voeu de donner tous mes biens en faveur de Horqanos mon fils qui n'a pas étudié la Thora et quand je suis allé chez mes amis dans le sud, ils m'ont délivrés de tous mes voeux. Et maintenant, de même que toi tu m'as jugé favorablement (lékhaf zékhout) puisse Dieu aussi te juger favorablement.