Conversation 51707 - pour ou contre la peine de mort

babaz
Lundi 12 avril 2010 - 23:00

Bonjour,

Lorsque, vers l'âge de 14 ans, je m'interrogeais franchement sur le caractère "divin" des peines de mort prescrites, en certaines circonstances, par la Torah, les réponses les plus apaisantes consistaient à dire : pas d'inquiétude, il s'agissait d'une peine dissuasive !...
...et de rappeler le célèbre passage du Talmud où un Sanhédrin, prononçant une peine de mort tous les 70 ans, est qualifié de "sanguinaire" (ou apparenté).

Comme le présageait Victor Hugo en 1832 (dans sa préface au Dernier Jour d'un Condamné), le caractère dissuasif de la peine de mort est un leurre.
Leurre devenu aujourd'hui une réalité statistique quantifiable, puisque notre beau monde voit se côtoyer pays abolitionnistes et antiquités (http://www.amnesty.org/fr/library/asset/AFR05/004/2006/fr/1b146d40-d418…).

Ma question est donc la suivante :

si la peine de mort prescrite par la Torah se voulait effectivement dissuasive, doit-on en déduire que cette même Torah s'adresse à un type d'homme différent de celui qui, aujourd'hui, dément ce caractère ?

Je vous remercie

Rav Reouven Ouziel
Dimanche 9 mai 2010 - 02:43

Tout d'abord, il convient d'éclaircir la conception de la thora quand à la peine de mort:
elle apparait dans des dizaines de cas de transgressions de mitzvot, aussi bien pour le meurtrier que pour celui qui a transgressé le shabbat.

La peine de mort n'a pas pour but de se venger du délinquant, mais représente pour lui une possibilité de rédemption: par sa mort, il obtient le pardon de ses mauvaises actions et pourra atteindre la vie future - purifié.

Mais tout cela n'est qu'en théorie, car malheureusement, rares sont les pécheurs qui sont capables d'accepter leur châtiment et d'en comprendre le sens, et encore plus rares sont les sociétés qui seront capables d'appliquer sereinement une peine de mort sans y mêler des sentiments de vengeance et de haine.

C'est pour cela que de fait, les 'Hahamim ont préconisé d'éviter au maximum l'utilisation de la peine de mort et ont été jusqu'à dire [Macot chap. 1]: "Un Sanhédrin [=grand tribunal] qui tue une fois tout les sept ans est un tribunal meurtrier". Certains disent même "une fois tout les soixante dix ans"! Et rabbi Akiva d'ajouter: "Si j'étais dans le Sanhédrin, personne ne serait jamais exécuté". Parce qu'il faut "être prudent dans l'application de la loi" [Avot chap. 1], et craindre la possibilité d'une erreur judiciaire.

Malgré tout, il est important de comprendre que le judaïsme reste favorable à l'application de la peine de mort quand elle est appliquée par un tribunal de 'Hakhamim mousma'him [=autorisés de maitres à élèves depuis Moshé Rabenou] qui ont parfaitement vérifié toutes les données du dossier, et agissent sans autre crainte que celle de Dieu, et dans la seule intention d'aider le coupable à se purifier.