Conversation 7020 - Qui est le Racha?

Nous n'avons pas de mot en français pour dire Racha. Comme si cette catégorie n'existait pas dans le registre anthropologique de la culture religieuse occidentale.
On traduit par "méchant" alors qu'il peut parfaitement s'agir de quelqu'un de bon et d'aimabke et de serviable.
On traduit par "mécréant" ce qui éthymologiquement signifie "celui qui croit mal" et on a déplacé le problème du plan de la conduite au plan de la foi, déformation très chrétienne, mais le mot en français a une connotation très négative concernant l'ensemble de la personnalité.
Qui est donc le racha ? c'est celui qui ne respecte pas les commandements de la Thora. Il est peut-être croyant, peut-être pas, mais cela ne nous concerne pas. Nous ne sommes pas des inquisiteurs qui enquêtent sur la vie intérieure du sujet considéré.
Il peut-être par ailleurs, comme je l'ai dit, un être très "comme il faut" et même plus, mais précisément par ailleurs. C'est-à-dire pas parce que la Thora implique une telle conduite. Encore que de nos jours, compte-tenu de l'imprégnation de la culture générale par des valeurs qui proviennent en droite ligne de la Bible juive, il soit difficile de faire le partage.
Pour résumer, nous dirons qu'en fin de compte, le racha est celui qui ne se sent pas concerné par la destinée de son peuple ni par son projet d'histoire et d'identité. Il s'agit bel et bien d'un proche parent du racha de la Haggada de Pessah. C'est pourquoi celle-ci conclut qu'il n'aurait pas été concerné par le salut de la sortie d'Egypte.
Mais je ne connais pas les références des Pirqé Avoth auxquelles vous faites allusion. Celui qui ne doit pas être approché, c'est le chakhen ra, le mauvais voisin, celui dont les commentaires nous expliquent que c'est peut-être un Juif pratiquant, mais qui est méchant, mauvais. Bon Juif et méchant homme ? En hébreu on dit "bon avec le ciel et mauvais avec les hommes". De lui, il faut s'écarter. Il peut nuire sans scrupule car il se croit juste.
Le racha, nous dit-on, pose un tout autre problème : il nous est difficile d'être en société avec lui, car il ne partage pas nos critères du bien et du mal.
Y a-t-il un racha dans la salle ? peu probable. Pour être racha, il faut être conscient. Il faut avoir fait lucidement le choix : je sais ce dont il s'agit et je n'en veux pas. Ce n'est pas à la portée de tout le monde.
Il y a bien autour de nous des gens dont l'exemple n'est pas à suivre et qui peuvent avoir sur nous des influences makheureuses. Sont-ils des rechaïm ? Peut-être seulement préfèrent-ils leur confort aux lois de la Thora, racha letéavone : racha par appétit, pas par intention ou désir de mal faire.
Et si nous étions nous suffisamment forts pour ne pas craindre leur influence et leur faire bénéficier de la nôtre ?
Ce défi-là me paraît plus intéressant à relever.

Je confirme qu'en vertu du principe "zè nehené vezè eino hasser", qui signifie "l'un profite et l'autre ne perd rien", que si vous n'achèteriez pas le disque de toute façon (c'est le point délicat qui met en jeu l'honnêteté fondamentale du sujet qui seul peut donner la réponse) le fait de le télécharger ne lèse pas le propriétaire et se trouve donc permis.

En vertu du deuxième principe, selon lequel en matière commerciale il faut suivre les règles et lois du pays de résidence dans la mesure où elles s'appliquent à tous sans discrimination, si la législation autorise la copie privée d'un produit dont on n'est pas propriétaire rien ne semble s'opposer à ce téléchargement.
Il reste que certains considèrent que si le propriétaire ou ses ayant-droits a interdit une telle copie il y a lieu d'en tenir compte, mais ce n'est pas clairement tranché.

Y a pas d'erreur, elle est cachée chez moi et j'hésite encore à répondre. En guise de résumé, si je dis que c'est celui qui fait bande à part, je ne suis pas très loin du cœur de la question.

Oh non, je n'hésite pas ! Et puisque vous insistez, à juste titre, je m'en vas m'y coller. A très bientôt !