Conversation 10044 - Chabbat sur mon e-commerce
Pouvez-vous m’indiquer quelles sont les règles à suivre pour un magasin en ligne par rapport au shabbat ?
Je sais qu’il y a beaucoup de magasins en ligne juifs qui sont ouverts le shabbat mais je voudrais savoir sur quelle source halachik ils se basent.
Merci d’avance pour votre aide.
Bèracha ve atzlacha, et qu’Hachem vous aide à continuer ce travail incroyable que vous faites sur cheela.com
Rony Cohen
Los Angeles
Le fait que certains magasins en ligne soient ouverts le Chabat ne prouve pas que cela soit autorisé par la Halakha.
La réponse que je vous donne est tirée d'un article écrit par le Rav Chlomo Daïchowski (1).
Sur certains points, cette question rejoint celle des distributeurs automatiques de billets, qui fonctionnent eux aussi le Chabat. A ce sujet, un autre article a été écrit par le Rav Ouri Dasberg (2).
Plusieurs questions halakhiques sont à prendre en considération:
1: Un site internet ouvert le Chabat permet à ses utilisateurs de transgresser la sainteté de ce jour. Ne faut-il pas considérer que le propriétaire porte une certaine responsabilité et passe outre à l'interdiction de "lifney iver lo titène mikhchol", "ne pas faire trébucher l'aveugle" qui est aussi comprise comme une interdiction de faire fauter autrui?
La Guemara (3) explique que cette interdiction ne concerne que les cas où une autre personne ne pourrait en aucun cas fauter sans notre aide. L'exemple donné est celui d'un nazir au bord d'une rivière auquel on tend un verre de vin qui se trouvait sur l'autre rive. Sans notre aide, il n'aurait pas pu boire ce vin. Mais lui tendre un verre de vin qu'il aurait atteint sans notre collaboration n'est pas interdit par la Tora.
Ce qu'une personne peut acheter sur un site internet, elle peut aussi l'acheter sur un autre. Il n'y a donc pas de transgression de "lifney iver" mideorayta, au niveau toranique.
Il existe cependant une interdiction d'origine rabbinique de participer de quelle manière que ce soit à une "avéra", à la transgression d'une interdiction, même si notre participation n'est pas indispensable. Mais selon de nombreux décisionnaires cela ne concerne pas les interdictions "miderabanane" d'origine rabbinique. Or il est loin d'être sûr qu'un internaute transgresse autre chose qu'une interdiction rabbinique en surfant le Chabat.
De plus, il n'est pas sûr que juifs ne viennent à utiliser le site le Chabat. La majorité des personnes qui naviguent sur le web ne sont pas juives.
2: Il est interdit de se faire payer pour une prestation offerte le Chabat. Mais dans le cas d'une boutique internet, ce n'est pas la prestation qui est payée, mais l'article vendu. Il est évident qu'une personne qui prend quelque chose chez son ami le Chabat a le droit de le lui rembourser après Chabat.
3: Que reste-t-il du Chabat? Certains rabbins ont voulu limiter au maximum l'usage de l'éléctricité même avec minuterie, ainsi que l'usage de toutes sortes de techniques permettant de surmonter certaines interdictions chabatiques (4), pour que l'esprit du Chabat soit préservé.
D'autres ont écrit qu'il était interdit aujourd'hui d'émettre de nouveaux décrets, et que si cela était permis d'un point de vue strictement halakhique, il n'y avait pas d'autre choix que d'autoriser.
Cet argument est d'autant plus fort concernant un site internet qui ne fonctionne pas au vu et au su de tous, et dont tout un chacun sait qu'il fonctionne automatiquement sans aucune intervention humaine.
Le Rav Daïchowski arrive donc à la conclusion qu'il n'est pas interdit de laisser un tel site fonctionner le Chabat, mais que ce n'est malgré tout pas recommandé.
Il est bien clair que l'usage du site le Chabat est strictement interdit.
Références: 1: Th'umin, 22, page 329. 2. Th'umin 19; page 349. 3. T. B. Avoda Zara 7a
4: C'est ainsi que le Rav Moché Feinstein a tenté de limiter l'usage de la minuterie à l'exception de tout autre appareillage eléctrique.