Conversation 19302 - La syna ou on va... et l'autre

orange
Jeudi 23 septembre 2004 - 23:00

Bonjour,
J'habite à Montrouge, petite commune du sud de Paris. Bien que non religieuse, je suis respectueuse de nos traditions et bien consciente et fière de mon judaïsme et de mes origines.
Mon problème est le suivant (problème est un bien grand mot) : il y a dans ma petite commune deux communcautés juives :
- une communauté consistoriale avec jardin d'enfants, maternelle, école primaire, syna, mikvé etc ....
- une communauté loubavitch avec crèche, jardin d'enfants, beit habad et mikvé
Les deux communcautés ne se fréquentent absolument pas (voir même s'évite) et tout est fait pour les séparer.
Et je ne comprends pas pourquoi dans une si petite ville nos responsables religieux ne travaillent pas ensemble pour le bien de notre communauté et de ses enfants (la population juive de Montrouge et de ses environs grandit chaque jour !!!)
Untel a obtenu une subvention de la mairie alors l'autre s'empresse d'aller pleurer dans le bureau du maire
Untel a une super idée pour une fête à l'école ou à la crèche alors l'autre le copie
Pourquoi ne pas unir nos forces et faire de ces deux communautés divisées une seule et même gande famille? Après tout nous sommes tous juifs et quels que soient nos origines nous devrions nous unir et ne pas nous diviser.
Je vous assure que pour quelqu'un de non religieux comme moi cele ne donne absolument pas envie de faire un pas vers la religion.
Si vous avez une idée, un tuyau, une solution .............
Chana tova à tous et même si je ne comprends pas toujours l'ensemble des réponses que vous faites c'est un grand plaisir de vous lire

Rav Elie Kahn z''l
Dimanche 3 octobre 2004 - 23:00

En lisant votre question m'est venue à l'esprit une réponse que donne Rabbi Yehouda Halevi dans son livre "Kouzari", à une question particulièrement dérangeante (1, 115; la question en elle-même est d'actualité, mais là n'est pas notre propos). La seule réponse pertinente que trouve Rabbi Yehouda est "tu as trouvé mon point faible" (plus littéralement: "tu as trouvé ce qui me fait honte").
Je n'ai aucune réponse valable à votre question, si ce n'est que depuis la nuit des temps les juifs ont toujours trouvé le moyen d'être divisés pour des querelles de clocher, mettant l'accent sur ce qui les divise plutôt que sur ce qui les unit.
J'évite toujours de publier sur le site des noms de communauté et de rabbins pour ne pas transgresser les lois de lachone hara, de médisance. Je fais cette fois une exception en ne cachant pas le nom de la communauté dont vous faites partie, dans l'espoir que les responsables des deux communautés en cause tiendront compte de votre désarroi, qui n'en doutons pas est partagé par beaucoup, et feront tous les efforts possible pour réunir les deux communautés, et convaincre les fidèles que c'est la voie à suivre, même si des différences existent en ce qui concerne la manière de prier et d'observer les mitsvot.
Le Natsiv, Rav Yehouda Naphtali Tsvi Yehouda Berlin (Russie 19ème. Le kibbouts dont je suis membre porte son nom) écrit dans son introduction au livre de Beréchit, que ce livre s'appelle aussi "le livre du droit" (le livre de la personne qui est droite), la droiture étant une des qualités les plus remarquables des patriarches. Cette vertu consiste à comprendre que l'on peut fidèlement servir D'ieu de multiples manières sans exclure celui qui le fait différemment. C'est cette vertu, écrit-il, qui manquait à nos ancêtres à l'époque du Second temple, et c'est ce manque qui nous a mené à notre perte.
Il faut savoir vivre en harmonie dans nos différences, permettre à chacun de s'épanouir et de développer sa propre spécificité dans le cadre de communautés uniques et unies (quitte à prier dans deux synagogues au sein d'une même et seule communauté). Cela permettra, en plus de l'enseignement de l'estime et du respect d'autrui, d'économiser des ressources déjà par trop limitées.
Puisse votre appel être entendu des responsables communautaires