Conversation 24230 - Libre-arbitre et conditionnement

davmou
Lundi 6 juin 2005 - 23:00

Chalom Rav

Dans la Torah, l'homme a le libre arbitre c'est à dire qu'il a le choix d'accomplir ou non la volonté de D. Or ce qui détermine ce choix c'est la volonté, c'est à dire que si l'on veut ou non accomplir les Mitsvot, on aura le libre arbitre de le faire.
Cependant, le probleme est le suivant. C'est que chez l'homme il existe le conscient et l'inconscient. Or la volonté relève du domaine du conscient. Or, il existe des choses qui relèvent de l'inconscient et qui par consequent, par la volonté meme, on ne peut pas maitriser.
Par exemple, une personne qui durant de très nombreuses années a passer son temps à fumer ou un grand alcooliste, dans ces deux cas, ils auront beau vouloir arreter du jour au lendemain, ils n'y arriveront pas. De meme celui qui doit sauter dans le vide (de tres haut) par la simple volonté il n'y arrivera pas.
Car en effet, au niveau de leur imagination, ils considerent que toutes ces actions sont impossibles pour eux, c'est quelque chose qui dépassent leur conscience. De ce fait, on voit bien que l'imagination est plus forte que la volonté car un tueur qui a passé toute sa vie a tuer, meme avec la meilleur des volontés, il ne parviendra pas a arreter de tuer comme ca car dans son imagination cela lui est impossible; l'action de tuer est ancré en lui. De meme, dans le cas du somnembule, il realise des actions en etat d'inconscience et qui ne dependent donc pas de sa volonté. De meme dans le positif. Celui qui a passé toute sa vie à respecter Chabbat, a manger Cacher, n'arrivera pas a arreter de le faire, et ce meme avec la meilleur des volontés. Car au niveau de son imagination, il ne s'imagine pas une seconde de le faire.
Donc, cela remet en cause notre libre arbitre car notre libre arbitre consiste à choisir de faire ou non le bien; or cela depend de notre volonté?! On voit donc bien que le libre arbitre d'un tueur a gage, d'un voleur, d'un menteur constant ne sera pas le meme que le libre arbitre d'un juif qui passe son temps a etudier la Torah!! on ne peut pas le juger de la meme maniere, et on ne peut pas leur reprocher de ne pas s'etre consacrer jour et nuit a l'etude de la torah, si deja ils passent la majorité de leur journée a faire le mal ?!
Ainsi, la volonté est balayée par notre imagination cela est évident!
Ainsi, comment peut on dire que "ein davar oméd bifné aratsone?"
De plus, en quelque sorte, pour se sortir de cette situation extreme du meurtre ou du vol, la volonté simple ne suffit pas (car c'est ancré en eux) de meme pour le fait de marcher sur un fil de 2 millimetres de large.
Ainsi, comme on voit donc de la que l'imagination dépasse la volonté, et alors, ce serait aussi grace a l'imagination qu'on pourrait se surprendre a realiser des choses inimaginable. De ce fait, si le meurtrier se conditionne de manière positive à ne plus tuer en se repetant constamment des formules du style: "je fais du bien, je suis un tsadik, je rend service aux autes etc" alors cela l'aiderait considerablement a arreter son meurtre, car par cela, il va s'ancrer dans son inconscient qu'il est inconcevable de faire du mal. et ce par le biais de l'imagination positive. Ainsi, on voit bien que la volonté n'est pas infaillible et que parfois par l'inconscient, on ne peut maitriser sa volonté. Comment alors comprendre tout le principe du libre arbitre?! Dans certains cas alors le libre arbitre ne dépendrait plus de notre volonté mais de notre conditionnement ou de notre autosuggestion ?!?

Merci pour vos eclaircicements
Kol Touv

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 14 juin 2005 - 23:00

Chalom,

Je me contenterai d'une réponse un peu télégraphique.
Si Maïmonide parle d'un libre arbitre extrême, c'est à dire de la possibilité qu'a chacun d'entre nous de se hisser au niveau de Moché Rabbénou ou de s'abaisser à celui de Yerovam ben Nevat, d'autres parlent d'un libre arbitre plus limité.
Gageons effectivement qu'aucun de nos internautes n'envisagent le meurtre. Cette action n'est pas dépendante chez eux du libre arbitre.
Chaque homme a un libre arbitre propre, qui varie chez lui même en fonction de son âge, de son entourage et des progrès (ou le contraire) qu'il fait.
Nous avons donc tous le libre arbitre.

P.S. Evitez s'il vous plait les questions si longues.

davmou
Lundi 29 août 2005 - 23:00

24230
Chalom Rav

Cela fait quelques temps que je vous ai posé une question concernant la force de l'autosuggestion et le libre arbitre.

Il se trouve que j'ai lu un article qui démontre clairement que l'imagination est plus forte que la volonté.
Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de Mr Emile Coué (fin du 19eme siecle) qui est l' "inventeur" du placébo et qui est celui qui a mis au point sa méthode de l'autosuggestion qui permet de controler et de maintriser notre inconscient psychique en répétant quelques formules positives à plusieurs reprises de telles sortes que ces formules soient gravées pour toujours dans notre cerveau et qu'elles aient obligatoirement un effet de réalisation sur nous.
Par exemple, il nous encourage à répéter 3 fois dans la journée, 20 fois de suite la phrase: "tous les jours et à tous points de vue, je vais de mieux en mieux". Et ceci, afin de modifier complétement notre imagination (par la répétition), et toute notre pensée de sorte de pouvoir controler notre inconscient positivement et de façon consciente (l'inconscient est aussi lié à l'habitude car par la force de l'habitude, on fait les choses sans penser, sans le vouloir mais de façon méchanique et inconsciente).

Par rapport à cela, est ce que d'apres la Torah, on a le droit d'utiliser cette méthode?
De plus, où il y aurait une allusion à cette méthode dans la Torah? car comme on le sait, il n'y a pas une chose qui n'a pas son allusion dans la Torah. D'autant que cette méthode à été très efficace pour soigner de nombreuses personnes!

Pour plus de détails sur la méthode Coué, voir l'article:
http://www.synec-doc.be/misc/coue/coue1.html

Merci pour votre réponse
Kol Touv!

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 30 août 2005 - 23:00

Chalom,

La méthode Coué est bien connue, bien que considérée comme un peu dépassée. Elle était vendue en son temps pour vaincre la timidité.
Elle ne contredit en rien ni la Tora ni le principe du libre arbitre, puisque le choix d'utiliser la méthode est librement consenti.

D'une certaine manière cette méthode est employée dans la Tora, selon l'explication de l'auteur de Sefer Hah'inouh'.
Certaines prières doivent être récitées pour que nous nous imprégnions du message qu'elles véhiculent. Ce que la bouche s'habitue à dire, le coeur s'habitue à le croire.

Mais n'allez pas croire que l'on puisse vraiment trouver des allusions à tout dans la Tora. Elles s'y trouvent peut être, mais il n'est pas si simple de les trouver.
De plus la phrase d'où certains retirent cette assertion peut être comprise de plusieurs manières.

anna2
Mardi 13 mai 2008 - 23:00

Bonjour à tous,

J'aimerais avoir votre avis concenant ce fameux libre-arbitre. Mon expérience auprès des enfants perturbés par les mauvais traitements reçus des parents m'amène à me questionner sur de multiples processus des choix que les enfants font concernants leurs comportements aimants ou destructeurs.

Beaucoup de "hasards"entrent en ligne de compte. D.ieu serait-il le hasrd qui se promène incognito comme le disait Einstein ? Quelles rencontres ont fait, font et feront ces enfants ? Rencontrent qui ont changé, changent et changeront la donne !

Quelles forces, quelles pulsions de vie ou de mort les habitent-elles ? Et pourquoi ? D.ieu choisiraiet-Il d'habiter certains enfants plus que d'autres ? Sa "Justice" nous serait-elle totalement incompréhensible ?

Comment ces enfants arrivent-ils à "choisir" de chanter, de crier, de pleurer, de frapper, de parler, de garder silence, de se mutiler, de créer, d'aimer ou de haîr pour échapper aux souffrances qui leur sont infligés ?

Qu'est-ce qui appartient à leur "libre-arbitre", aux conditionnements reçus, au poids qu'ils portent de la souffrance de leurs parents, et à ce que nous ignorons du plan de D.ieu ?

Le Libre-Arbitre ne serait-il pas une invention de notre prétention, de notre orgueil ?

Merci de m'aider à y voir juste un peu plus clair avec toute les nuances et les contradictions que ce message apporte à cette "prétention" d'y voir un peu plus clair !!!

Et merci beaucoup pour vos partages !

Cordialement, Anna

Jacques Kohn z''l
Mercredi 14 mai 2008 - 09:17

De toutes les religions monothéistes, le judaïsme est probablement celle qui affirme avec le plus de vigueur le libre-arbitre de l’homme.

On trouve, il est vrai, dans le Talmud et dans les Midrachim de nombreuses références qui semblent nier la liberté de l’être humain par rapport à son Créateur :

« Aucun homme ne peut dresser son doigt ici-bas si cela n’a pas été décrété pour là-haut » (‘Houlin 7b).

« Tout est dans les mains du Ciel sauf le froid et le chaud » (Ketouvoth 30a).

« Quarante jours avant la formation du fœtus un voix divine proclame : “La fille d’Untel est destinée à Untel !” » (Sota 2a).

Mais il est une autre référence talmudique qui nous apprend : « Au moment de la conception d’un homme, un ange demande à Hachem : “Que va-t-il advenir du futur nouveau-né ? Deviendra-t-il fort ou faible, sage ou stupide, riche ou pauvre ?” Mais il n’est jamais demandé s’il sera vertueux ou impie, car tout est dans les mains du Ciel sauf la crainte du Ciel » (Nidda 16b).

Toute notre littérature, notamment celle sur la récompense et la punition, s’articule autour de l’idée que l’homme est libre de faire le bien ou le mal, et que sa responsabilité résulte de cette liberté (voir Devarim 30, 15 à 19 ; Sifri Devarim 53-54).

Nos grands commentateurs classiques affirment tous, sans exception aucune, le libre-arbitre humain. C’est ainsi que Rambam (Maïmonide) étudie la question de la liberté dans ses rapports avec la Providence. Il affirme, dans son Michné Tora , que chacun peut choisir entre le bien et le mal. S’il n’en était pas ainsi, la Tora serait totalement dépourvue de sens, car l’impie ne pourrait pas être puni pour ses péchés, ni le juste récompensé pour ses bonnes actions. Pour combattre l’argument selon lequel Hachem sait à l’avance si une personne fera le bien ou le mal, Rambam explique que la connaissance qu’Il a de nos actes est tellement différente de la nôtre qu’elle ne peut pas être appréhendée par l’intellect humain. Et il ajoute que cela n’est pas prouvé seulement par la tradition religieuse, mais aussi par de clairs arguments de la raison (Hilkhoth techouva , chap. 5).

De même rabbi Lévi ben Guerchom (Ralbag ou Gersonide) accepte dans son Mil‘hamoth Hachem (3, 6) la notion de libre-arbitre tout en proposant une autre réponse, d’inspiration aristotélicienne, au problème posé par l’omniscience de Hachem :

Hachem ne connaît pas seulement Sa propre essence, mais aussi l’ordre de l’univers. Mais il n’est pas nécessaire que tous les événements qui ont lieu effectivement dans le monde correspondent à cet ordre cosmique. Le libre-arbitre de l’homme permet à celui-ci d’agir en contradiction avec ce qui lui a été prédestiné. C’est ainsi que l’omniscience de Hachem n’embrasse pas les événements qui se produisent effectivement, mais elle sait ce qui devrait arriver.

anna2
Mardi 13 mai 2008 - 23:00

libre-arbitre et conditionnement.

Bien sûr l'homme est libre de choisir mais la question est qu'est-ce qui détermine son choix ?

Jacques Kohn z''l
Jeudi 15 mai 2008 - 00:22

Ce qui détermine le libre choix exercé par l'homme n’est rien d’autre, fondamentalement, que son sens du bien et du mal.

C’est ce qui rend le libre-arbitre inséparable de la responsabilité.

anna2
Mercredi 14 mai 2008 - 23:00

suite de la question 42071

Bonjour,

Son sens du bien et du mal...d'où, de qui , de quoi lui vient-il ?

Merci, Anna

Jacques Kohn z''l
Vendredi 16 mai 2008 - 01:01

De ce que l’homme a été créé à l’image de Hachem (Berèchith 1, 27).