Conversation 32955 - Juif libre et homme
Cher rabbanim,
pourquoi est-ce que dans les brakhot du matin nous remercions Hachem de ne pas nous avoir fait goy, esclave et femme (pour les hommes) et non pas de nous avoir fait juif, libre et homme ???
merci pour vos reponses
Chalom,
En tapant "fait femme" sur le moteur de recherche, vous trouverez quelques éléments de réponse concernant la bénédiction sur les femmes. Je vous invite à les lire; ma présente réponse ne vient en aucun cas les invalider.
Mais je vous accorde qu'il y a lieu d'être plus explicite, bien que le cadre des réponses de Cheela ne se prête peut-être pas à prêter à cette question toute l'attention qu'elle mériterait. C'est un article entier qu'il faudrait, article qui pourrait résumer les centaines de pages (sans exagération aucune) écrites à ce sujet. C'est que le sentiment de malaise que semblent éveiller en vous ces bénédictions est partagé par beaucoup, y compris de nombreux rabbins orthodoxes.
Des bénédictions de ce type se trouvent chez les Grecs, les Perses, et il y est fait allusion dans le Nouveau Testament. Nous ne reviendrons pas sur la question de savoir qui a emprunté à qui, question sur laquelle les avis sont partagés et qui ne présente somme tout que peu d'intérêt pour le juif qui est appelé à les réciter aujourd'hui tous les matins.
Depuis le 18ème siècle elles créent chez certains un léger malaise. A l'époque à cause de la bénédiction sur les non juifs, plus tard a cause de celle sur les femmes.
L'idée que ces bénédictions devraient être formulées de manière affirmative a déjà été émise au début du 20ème siècle par Abraham Berliner (Ktavim Nivrahim, 1, 21-22), à la base de manuscrits dans lesquels ces bénédictions y étaient formulées ainsi. Selon lui le Gaon de Vilna serait aussi pour une telle formulation.
Plutôt que de tomber dans le revers de l'apologie, je préfère constater que la formulation de ces bénédictions heurte aujourd'hui la sensibilité de plus d'un. Il me semble honnête de faire le constat que ce qui était acceptable et accepté par le passé ne l'est plus obligatoirement aujourd'hui.
Face à ce constat, apparemment trois solutions possibles:
1. Décréter que cette sensibilité est mal placée. Si ces bénédictions ont été formulées de cette manière, c'est ainsi que cela doit être. Celui qui se sent mal avec ces formulations doit se corriger et s'y adapter.
2. Changer la bénédiction et l'adapter aux sensibilités modernes.
3. Interpréter ces bénédictions de manière à les adapter à notre sensibilité.
La première solution, représentative d'une certaine mentalité ultra orthodoxe ne me semble pas adaptée à une grande partie des convictions intimes de nombreux religieux, y compris l'auteur de ces lignes. L'idée de plus d'égalité pour la femme, la crainte de vexer et de blesser sont à mes yeux des valeurs dans la droite lignée de la tradition juive et il n'est pas pour moi question de les abandonner.
Changer les formulations est difficile d'un point de vue de la Halakha, bien que de telles solutions aient été proposées par des rabbins orthodoxes.
La troisième option ne me semble pas vraiment régler le problème.
Je préfère généralement rester avec une bonne question qu'avec une mauvaise réponse.
Ces bénédictions ne me semblent pas trop adaptées aujourd'hui (bien que j'aime la seconde réponse que j'ai écrite sur le site concernant la bénédiction sur les femmes, réponse que vous trouverez grâce au moteur). Ce n'est pas la seule chose dans notre Halakha qui aurait besoin d'être adaptée. Mais contrairement aux mouvements libéraux, nous considérons que les structures susceptibles d'effectuer ces changements doivent encore être mises en place. Nous attendons avec impatience la mise en pace d'un Sanhédrin, qu aura cœur de résoudre ce genre de questions.
Consultez à ce sujet aussi ma réponse "la Loi peut-elle évoluer?".
Si vous lisez l'anglais, je peux vous conseiller un article du Rav professeur Joseph Tabory, The benedictions of Self-Identity, in Kenishta, Bar Ilan, 5761.
Shalom,
En réaction à la question n°32955, j'avoue être un peu surpris par votre réponse Cher Rav. En effet, je ne vois absolument pas le mal à remercier le Maître du Monde de ne pas nous avoir faits femme, esclave et goy.
Je pense même que ces bénédictions ont absolument toute leur place dans nos prières du matin dans la mesure où, de mon humble avis, nous pouvons effectivement remercier HaShem de ne pas nous avoir fait femmes et donc d'avoir le privilège de pouvoir Le servir en tant qu'hommes. Avec tout ce que cela représente. Il n'y a là rien de dévalorisant pour la femme pour qui nous avons le plus grand respect et qui a elle aussi sa part de mitsvoth à réaliser que nous, hommes, ne pouvons réaliser. Ceci me fait un peu penser à ceux qui crient au scandale lorsque l'on dit de la femme qu'elle est 'impure' lorsque Nidda. Dans ce cas l'impureté n'a rien à voir avec la saleté ou autre connotation péjorative. Je pense donc qu'il en va de même pour cette bénédiction où finalement nous remercions HaKadosh Baroukh Hou de nous avoir fait tels qu'Il nous a faits.
Pour le fait de Le remercier de ne pas nous avoir fait Goy, je pense qu'il en va un peu de même. C'est un privilège de Le servir et d'être astreints à Ses saintes Lois.
Quant au fait de Le remercier de ne pas nous avoir fait esclaves, je pense qu'il n'y a pas lieu de s'étendre sur ce point tant il apparait logique eu égard aux évènements qui ont eu lieu après notre libération d'Egypte. Et même sans celà, qui aurait voulu être esclave ?
Et comme le dirait un de vos confrères, 'arrêtez moi si je dis des bêtises'...
Cordial Shalom véMoadim léSimha.
Merci pour votre contribution, mais je crains qu'elle ne convainque pas tout le monde.
Suite de la 33604
Pour repondre directement a Slash, je pense qu'on aurait du faire que les hommes disent chelo asani icha et que les femmes disent chelo asani ich et l'histoire serait regle.
A mon avis, etant donne que ces benedictions ont ete crees a une epoque ou il faisait mieux etre un homme et ou la femme n avait pas beaucoup de droit, les rabbanim se sont inspires des pays dans lesquels ils vivaient pour faire ces benedictions et d'autres lois (les femmes ne peuvent pas etudier la Torah, n'ont qu'une place restreinte a la synagogue etc.... ).
C'est sur qu'aller a la synagogue pour une femme n'a rien d'attirant aujourd'hui et c'est pour cela qu'elles sont peu a y aller.
Il nous ne reste plus qu'a attendre un nouveau sanhedrin ou que machiah vienne pour changer ces lois puisqu'on ne le peut pas aujourd'hui.
Chalom et merci pour votre contribution.
En reponse a slash dans la question 33604, je pense que slash n'a pas bien lu ma question qui porte sur la formulation de la brakha qui est dite en négatif alors qu'une formulation positive serait plus évidente, du moins de nos jours comme le souligne Rav Kahn...
Chalom
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