Conversation 39998 - Miséricorde divine
Pourquoi D.ieu serait-il moins misécordieux envers un non-juif qu'envers un juif ? Vous me répondrez peut-être que c'est parce que le non-juifs a moins de lois ( de règles) à respecter mais encore ? Tout le monde n'a pas la chance d'avoir été entourés de bonnes personnes, de messages divins, d'humanité, d'amour, etc...Pourquoi D.ieu mesurerait-il ainsi sa bonté ? N'est-ce pas là une interprétation humaine des intentions, des voies de D.ieu ?
Merci pour votre site et pour vos enseignements.
Que D.ieu veille sur vous et vous inspire dans tout ce que vous faites !
Cordialement, Anna
Shalom,
Un verset des psaumes dit:
Dieu est bon pour tous et misericordieux envers toutes ses creatures.
טוב ה' לכל ורחמיו על כל מעשיו.
suite de la question 39998
En fait, ma question s'adressait à M. Jacques Khon car il a écrit ceci :
Les sept lois noahides sont :
– L’obligation d’établir des institutions judiciaires
– L’interdiction du blasphème du Nom divin
– L’interdiction de l’idolâtrie
– L’interdiction du meurtre
– L’interdiction de des unions interdites
– L’interdiction du vol
– L’interdiction de consommer de la viande arrachée à un animal vivant.
La liste de ces lois est énoncée dans Sanhédrin 56b, et déduite du verset : « Hachem-Eloqim donna ordre à l’homme, en disant ( lémor ) : De tous les arbres du jardin manger, tu mangeras » ( Berèchith 2, 16).
1 – « Hachem-Eloqim donna ordre à l’homme » : De la découle l’obligation d’établir des institutions judiciaires.
2 – « Hachem » : De la découle l’interdiction du blasphème du Nom divin.
3 – « Eloqim » : De là découle l’interdiction de l’idolâtrie, ainsi qu’il est écrit : « Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face » ( Chemoth 20, 3).
4 – « A l’homme » : De là découle l’interdiction du meurtre, ainsi qu’il est écrit : « Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé ; car à l’image de Dieu, il a fait l’homme » ( Berèchith 9, 6).
5 – « En disant » : De là découle l’interdiction des unions interdites, ainsi qu’il est écrit : « Il est dit ( lémor ) : Si un homme renvoie sa femme, et qu’elle le quitte et soit à un autre homme, retournera-t-il vers elle ? ce pays-là n’en sera-t-il pas entièrement souillé ? Et toi, tu t’es prostituée à beaucoup d’amants ; toutefois retourne vers moi, dit Hachem » (Jérémie 3, 1).
6 – « De tous les arbres du jardin » : du vol. Car du moment qu’il est précisé : « de tous les arbres », ainsi que : « du jardin », cela implique que ce qui n’en fait pas partie lui est interdit ( Rachi ).
7 – « Manger, tu mangeras : De la découle l’interdiction de consommer de la viande arrachée à un animal vivant. Tu ne mangeras que ce qui n’est pas propre à la consommation ( Rachi ).
« Quiconque parmi les païens accomplit les sept lois fait partie des justes parmi les nations et a sa part au monde futur » ( Rambam , Hilkhoth melakhim 8, 11).
Cette règle peut paraître d’une rigueur excessive : Comment se peut-il qu’un non-Juif s’acquière autant de mérites en observant sept lois qu’un Juif en obéissant à 613 commandements ?
Il faut savoir, en réalité, qu’il existe une énorme différence entre l’échelle des valeurs applicable à Israël et celle requise du monde non juif :
Si un Juif commet un vol d’une valeur d’au moins une perouta , il est condamnable ( Baba Metsi‘a 55a), tandis que le noahide est passible de mort même pour un vol d’une valeur inférieure à ce montant ( Yevamoth 47b).
La différence, même si elle paraît minime, (la perouta représentant la plus petite des pièces de monnaie, un « sou » en quelque sorte) est en réalité considérable. Elle montre en effet qu’il existe toujours pour le Juif une marge de miséricorde divine, mais que cette marge fait défaut chez le noahide.
C’est dire que, d’un point de vue conceptuel, il est plus « facile » à un Juif d’accomplir l’intégralité de ses devoirs envers Hachem qu’à un païen de s’exécuter des siens.
Il est vrai que la miséricorde divine s’étend à toutes Ses créatures (Psaumes 145, 9), et donc autant aux non-Juifs qu’aux Juifs.
Si cependant le Noahide est puni de mort, en cas de vol, même pour moins qu’une perouta, c’est comme l’explique Rachi, parce qu’un idolâtre « est sourcilleux (“qapid”) pour la plus petite chose, tandis que pour le Juif il y a pardon (“me‘hila”) ».
Il est vrai qu’il existe des Juifs sourcilleux, et des non-Juifs compatissants.
C’est pourquoi il ne faut pas considérer ce qu’a écrit ici Rachi, me semble-t-il, sous un angle sociologique, mais sous celui de la spiritualité :
L’une des caractéristiques des liens qui nous unissent à Hachem consiste en ce qu’Il nous traite avec une bienveillance et une miséricorde plus marquées que celles qu’Il témoigne aux autres peuples. Peut-être retrouve-t-on ici la spécificité du pardon de Yom kippour, comme une sorte de contrepartie aux exigences plus sévères auxquelles nous soumettent les commandements de la Tora.
suite de la question 40012
Bonjour M. Khon et merci pour votre réponse. Peut-être allez-vous trouver ma réponse ou ma question simpliste ou naive mais voilà. Je suis non-juive et j'aime bien la pensée, les ouvertures de vie que propose le judaisme et surtout ce rapport avec le divin en soi, autour de soi. Évidemment, tous les rituels demeurent pour moi assez mystérieux. Je ne les juge pas, ni ne les classe dans quelque créneau que ce soit. Tout doit faire sens et nécessite probablement des années d'étude avant de pouvoir en saisir la portée. Ceci dit, en ce qui me concerne, c'est le lien avec D.ieu que je trouve particulièrement intéressant dans votre manière d'expliquer les choses : le respect du cheminement de chacun, le questionnement, et surtout une sorte d'intégrité dans une recherche de ce qui Est.
Je vous lis ici et ailleurs et j'apprends sans chercher à évaluer. Je préfère ressentir les choses plutôt que de les penser. Et ce que je ressens pour vous et pour tous les autres peuples, toutes les autres nations, toutes les autres religions est du respect. Certes, je suis mal à l'aise que l'on tue au nom des religions et je crois qu'il nous faut s'en remettre à D.ieu pour qu'Il nous enseigne la voie à suivre quand on a des décisions à prendre, personnellement ou collectivement. Je trouve malheureux qu'au nom de D.ieu, dans quelque religion que ce soit, on devienne fanatique et intolérant.
D.ieu qui est mésicordieux, peut-Il entendre le non-juif qui reconnaît sa faute, qui lui demande Son soutien pour vivre avec un plus grand respect de la vie ? Mon coeur me dit que oui. Il me dit que la miséricorde de D.ieu ne se mesure pas, qu'il entend ma voix si faible soit-elle.
Il est vrai que le judaisme propose une grande liberté par l'ouverture au questionnement, au libre-arbitre, à cette responsabilité de participer activement à l'oeuvre de D.ieu : prier debout face à D.ieu me semble symboliser tout ce que peut-être vous tenter d'apporter comme nuance dans cette histoire de pardon.
Mais le non-juif qui n'a pas reçu ces enseignements et qui a dans son coeur ce même désir d'être en lien avec D.ieu ne croyez-vous pas que D.ieu entend son appel et le guidera dans la bonne direction ?
Merci pour votre patience et votre générosité, Anna 2
Il en va du non-Juif comme du Juif : S’il s’adresse à D.eu avec sincérité, il sera écouté de la même façon que le Juif.
Plus largement, il est de principe que le non-Juif qui respecte les sept lois noahides s’acquiert autant de mérite que le Juif, pourtant astreint à beaucoup plus de commandements.
« Quiconque parmi les païens accomplit ces sept lois fait partie des justes parmi les nations et a sa part au monde futur » (Maïmonide).