Conversation 40966 - Des Philistins, déjà ?

yaniv13
Vendredi 7 mars 2008 - 23:00

chalom a tout les rabanim.
j'aurais une question historiquo-critique!!
cette question n'a pas pour but Has Vechalom de venir mettre en cause la Torah mais plutot a repondre a ses detraqueurs!
il ya dans l'episode d'Avraham et Avimelekh ecrit "Eretz Pelichtim" or nous savons que les Philistins sont arrives de la mer bien ulterieurement.
J'ai tente de repondre a cela que c'etait la terre ou habiterons les philistins au moment du don de la torah.
mais en fait lors de l'episode entre Avimelekh et Itshak il est ecrit "avimelekh roi des philistins" alors comment expliquer ce qui semblerait etre un "anachronisme"???

Jacques Kohn z''l
Lundi 24 mars 2008 - 03:01

Les Philistins étaient des envahisseurs venus des « îles de la mer » (voir Amos 9, 7 ; Jérémie 47, 4 ; Sophonie 2, 5), également appelées Kaftor, autrement dit la Crète et son archipel. La littérature égyptienne de la même époque les appelle « peuples de la mer ». Leur nom, Pelichtim en hébreu, dont est issu le mot « Palestine », est étroitement associé au verbe lifloch (« envahir », « se comporter comme un intrus »).

On trouve dans le Tenakh divers traits de caractères les définissant : Ils sont portés à la sorcellerie (Isaïe 2, 6), avides de vengeance (Ezéchiel 25, 15) et orgueilleux (Zacharie 9, 6).

La population philistine était connue depuis longtemps des habitants d’Erets Yisrael. C’est ainsi qu’Abraham et Isaac ont eu avec elle des rapports tantôt paisibles, tantôt tumultueux (Berèchith 21, 32 et 34 ; 26, 1 et suivants). Plus tard, lorsque les Hébreux sont sortis d’Egypte, Hachem « ne les a pas conduits par le chemin du pays des “Philistins”, qui était pourtant proche » (Chemoth 13, 17). Le « cantique de la mer » (chirath ha-yam) énonce que « les peuples l’ont entendu, ils ont tremblé ; l’effroi a saisi les habitants de la “Philistie” » (Chemoth 15, 14). Et lorsque Hachem a renouvelé Sa promesse de la terre de Canaan, Il a confirmé à Moïse en « avoir établi les limites depuis la mer Rouge jusqu’à la mer des “Philistins” » (Chemoth 23, 31).

Cependant, les Philistins qu’a affrontés Samson n’ont rien à voir avec ceux dont il a été question dans la Tora : « Rabbi Chim‘on ben Léwi a enseigné : De nombreux versets de la Tora paraissent mériter d’être brûlés [à cause de leur apparente insignifiance], alors qu’ils sont les piliers de la Tora. Il en est ainsi de : “Et les Avéens, qui habitaient à ‘Hatsérim jusqu’à Gaza…” (Devarim, 2, 23). Quel est l’intérêt de cette narration ? Lorsque Avimélèkh a fait jurer à Avraham (Berèchith 21, 23) : “Tu ne tromperas ni moi, ni mon fils, ni mon petit-fils”, [de telle sorte qu’Avraham s’est interdit par ce serment le pays des Philistins], le Saint béni soit-Il a dit : “Viennent les Kaftoréens le prendre aux Avéens, lesquels sont des Philistins ! Et vienne Israël le prendre aux Kaftoréens, [afin de ne pas enfreindre ce serment] !” » (‘Houlin 60b – voir aussi Rachi ad Devarim 2, 23).

A la lumière de cet enseignement, nous voyons qu’il a existé au long de la période biblique deux populations distinctes et successives appelées l’une et l’autre « Philistins ». La première, d’origine cananéenne, qu’Abraham s’était interdit d’attaquer par serment, a été supplantée par une autre, d’origine crétoise, qui s’est approprié son nom.

Une autre différence est à retenir entre les Philistins de la période de la Tora et ceux qui les ont suivis. Le livre de Berèchith (26, 1) nous apprend que ceux auxquels a eu affaire Abraham avaient un roi, Avimélèkh. Or, il n’est plus question de monarques dans les livres de Josué, des « Juges » et de Samuel, mais de princes (sarnei Pelichtim), au nombre de cinq, un par ville (Gaza, Ashdod, Achqelon, Gath et ‘Eqron – Josué 13, 3). Il apparaît ainsi que ces cinq cités formaient des principautés indépendantes, unies par un lien fédéral, souvent appelé « Pentapole ». On remarquera d’ailleurs que le mot hébreu sérèn (« prince ») est employé dans le Tenakh pour désigner exclusivement les princes philistins.