Conversation 50551 - On s'y perd dans tous ces judaismes!
Shalom j'aimerai svp comprendre la différence entre tous ces mouvements : massorti, conservative, libérale, orthodoxe moderne, traditionaliste. Car je n'y comprends rien. Merci d'avance de m'éclairer.
C'est à l'époque du deuxième temple, il y a plus de 2300 ans, que la "rencontre" avec la culture grecque, en même temps que les cadres de la société juive s'affaiblissaient, a provoquée un "éclatement" socioculturel dont la principale conséquence a été l'apparition de groupes sociaux rivaux comme les prouchim [pharisiens] qui représentaient la tendance traditionnelle au contraire des tsedoukim [sadducéens] qui recherchant à se rapprocher de la culture grecque, ont abandonnés beaucoup des principes de la Torah et ses Mitzvot.
Depuis, apparaissent de temps à autre un groupe qui reprend plus ou moins les mêmes principes, préconisant l'insertion dans la culture ambiante au prix de l'abandon d'une bonne partie de la spécificité du peuple juif.
C'est le cas des libéraux ou réformistes qui sont issus du mouvement "des lumières" de la fin du 18eme siècle [voir réponses 47333 et 47668].
Il y a un autre problème qui vient se greffer sur le premier et c'est la difficulté individuelle d'accomplir les mitzvot, surtout quand, comme de nos jours, l'ambiance socioculturelle ne s'y prête pas.
Alors, se fait jour une tendance "coulante" qui essaie de "simplifier" les mitzvot, et c'est le mouvement conservatif ou traditionnaliste [massorti].
A ces groupes aux tendances assimilationnistes, vient répondre un mouvement réactionnaire qui s'efforce à reconstituer un judaïsme "pur et dur", conforme à l'idée qu'ils se font de cette pureté. C'est le mouvement orthodoxe ou 'haredi, qui essaie de s'isoler partiellement de la société ambiante, au moins au niveau culturel [et parfois même de façon "technique" en vivant isolés et en s'habillant comme on s'habillait en Europe de l'Est il y a trois cents ans].
Leur erreur est proche de celle des réformistes, car ils refusent [inconsciemment] une partie de la Torah sous prétexte qu'il n'existe qu'une seule manière d'être juif qui est d'accomplir [une partie] des mitzvot [="frumkeit" terme signifiant -je cite-: "a Yiddish word implying a high level of piety"! , alors qu'il signifie tout simplement le respect rigoureux des mitzvot, et n'a donc aucun rapport avec la piété!], et que tout ce qui ne correspond pas à l'idée qu'ils en ont, est un supplément inutile
[comme p.ex. l'étude de la Kabala et de la Emouna-pensée juive, ou les notions de klal-tsibour (nation-communauté) qui impliquent d'affronter de façon positive l'état d'Israël et les tendances de toutes sortes y faisant jour, etc.].
Face à toutes ces tendances, l'aspiration de tous doit être d'étudier et d'accomplir toute la Torah avec tous ses niveaux de compréhension et de réalisation, en prenant compte que la vie évoluant sans arrêt [surtout à notre époque], la manière de vivre son judaïsme évolue aussi en fonction.
Il faut éviter de se "coincer" sur un des groupes ou des idéologies existants, et à travers une vision la plus large possible, englober tout ce qu'il y a de bon en chacun afin d'atteindre une unité spirituelle qui nous amène à la plénitude!
bonjour,
suite à la question 50551, je suis un peu choqué par votre facilité à critiquer les haredim dans leur ensemble, d'autant plus que la totalité de nos guedolim proviennent de cette mouvance (vous n'avez qu'à consulter les biographies de votre propre site, pourquoi chercher plus loin), je ne vois pas comment vous arrivez par votre analyse à expliquer qu'ils ne respectent qu'une partie des mitzvoth, un peu comme le font les reformistes (d'apres vous)et je trouve plutot rigolo de leurs reprocher un manque de emouna, quand à l'etude de la kabbala je crois aussi que nous leurs devont nos plus grands maitres. je pense finalement que l'on pourrait repondre aussi facilement que vous pour la notion de klal-tsibour que ce n'est qu'un point de vue (et meme plus marginale) de certains mouvements et leurs propres visions.
J'aurai du effectivement mieux m'expliquer mais la réponse était déjà longue!
Je faisais allusion à la pensée du rav Shimshon Hirsch qui nie toute valeur à la Kabbale [voir Igueret Tzafon], n'attache d'importance essentielle qu'à l'accomplissement des mitzvot [mais admet comme Moïse Mendelssohn une grande liberté au niveau de la pensée], et ne voyait pas grand intérêt à amener la geoula par le retour en Terre d'Israël.
Son idéologie a été de facto acceptée par les mouvements 'haredim puisque ce sont ses élèves qui ont fondé et dirigé la Agoudat Israël, et que les yeshivot issus de cette même tendance n'encourageaient pas l'étude de la pensée juive [bien qu'aujourd'hui il y ait un réveil à ce niveau du à la prise de conscience (un peu tardive) que sans étude sérieuse de la pensée juive, se fait jour un affaiblissement de la emouna].
De même, les yeshivot hamoussar en n'étudiant que les livres de morale sans approfondissement de la pensée, et les yeshivot des 'Hassidim qui ont suivies l'enseignement de la 'Hassidout sans la fièvre spirituelle de ses fondateurs, ont développées un climat cultuel ["frumkeit"] sans profondeur, mettant l'accent sur les mitzvot individuelles et quotidiennes au détriment du niveau du tzibour et du klal [la définition du judaïsme étant: "une royauté de prêtres et un peuple saint" (Shemot 19, 6) c.à.d. qu'il n'y a de judaïsme que par la nation, le klal et le tzibour!]. Ce qui n'enlève rien à la valeur de ces gens qui ont fait énormément pour le peuple juif!
Aujourd'hui, 60 ans après la création de l'Etat d'Israël et après (lehavdil!) la Shoa, tous les orthodoxes commencent à comprendre qu'il n'y a d'avenir pour le Peuple d'Israël qu'en Eretz Israël où il est possible de lui insuffler un renouveau de la Torah dans son ensemble, sans sectarisme débilitant.
Espérons que l'unité se fasse le plus vite possible afin que notre Peuple devienne le phare des nations et transforme le monde bemalkhout shadai [=la royauté de Dieu]!