Conversation 62688 - Les matsot de Chavouot

donfabricio75
Mercredi 11 avril 2012 - 23:00

Bonjour,
nous avons dans notre famille (origine algérienne) l'habitude à Chavouot de faire motsi sur de la matsa pendant les différents repas de la fête
A t-on le droit ou on doit faire mezonot?
Merci

Nathaniel Zerbib
Jeudi 24 mai 2012 - 13:28

Chalom,

Je vous remercie très sincèrement d'avoir posé cette question. Je suis moi-même d'origine algérienne (constantinoise plus exactement) et nous avons la même coutume.

Comme vous, je me suis posé la question de savoir comment pourrait-on conserver ce très sympathique minhag. Ce n'est pas tout à fait evident du fait qu'à priori , comme vous le faites très justement remarquer , les sefaradim ne considèrent pas la matsa comme du pain en dehors de Pessa'h et font donc Mezonot dessus. Essayons d'en expliquer la raison.

Définition de Pat Habaha Bekissanin

On ne fait la berakha du motsi que sur un pain qui est fait à base de farine des 5 céréales (blé, orge, épeautre, avoine, seigle) . Cependant, dans trois cas, ce pain sera considéré comme pat habaha bekissanin et on devra faire la berakha de mezonot dessus:

1. lorsque la pâte est constituée exclusivement de farine et d'eau qu'on remplit/fourre de miel, sucre, noix, amandes ou autre épice avant la cuisson.
2. lorsque qu'on ajoute a la pâte du miel, de l'huile, du lait (du jus de fruit) ou autre épice et dont le gout de l’épice ou du jus de fruit est ressenti.
3. lorsque la pâte est faite exclusivement de farine et d'eau mais qui après la cuisson est sèche et "craquante"
(Choul'han Aroukh, O.H 168:7)

Je m'attarderais uniquement sur le 3e point qui nous concerne. Selon cette définition, la matsa qui est sèche et "craquante", répond tout à fait au nom de pat habaha bekissanin et on se devra a priori de faire mezonot dessus.

Keviat Seouda

Dans le cas ou l'on établit un repas basé sur une telle "pâtisserie", on devra faire netilat yadaim, hamotsi et birkat hamazone. Selon les sefaradim, c'est exigé lorsque l'on s’apprête à manger plus de 250 g de pâte (cuite). Pour les ashkenazim, on le fera pour une pâte qu'on à l'usage de manger lors d'un vrai repas. C'est le cas de la matsa; c'est la raison pour laquelle les ashkenazim font Hamotsi dessus toute l’année.
Manger plus de 250 g de matsa étant quasiment impossible, un séfarade ne pourra a priori en aucun cas faire hamotsi dessus.

Le Rav 'Hida écrit effectivement que l'usage des Sefaradim est de faire hamotsi sur la matsa durant la fête de Pessa'h du fait qu'on le considère comme du pain.Par contre, le reste de l’année on fera mezonot puisque le pain habituel est présent et que la matsa n'est pas considérée comme tel.

Malgré cette demonstration, je ne pouvais pas admettre que ce minhag soit erroné. J'ai donc demandé au Rav Oury Cherki si l'on pouvait quand même faire hamotsi pour l'occasion qui m'a répondu que si je la considère comme du pain pour quelconque raison, je peux faire hamotsi dessus sans aucun problème car dans ce cas-là , on peut s'appuyer sur l'avis de nombreux Rishonim (dont le Rachbet"s - Rabbi Chim'on Ben Tsema'h Douran (1361-1444) qui fut l'un des plus grands Rabbins d’Algérie) et A'haronim qui est de faire Hamotsi . C'est aussi de cette facon que le Rav Ovadia Yossef agit : il considère la matsa comme du pain et fait donc hamotsi dessus toute l’année.

Que nous ayons le mérite et la force de préserver nos coutumes ancestrales.

Mo'ed Tov Oumevorakh.

yaniv13
Jeudi 24 mai 2012 - 23:00

Suite a la question 62688
Il faut savoir que quelques Posskim Sefaradim considèrent la Matsa comme Hamotsi toute l’année (entre autre Rav Itshak Taieb de Tunis). Les Tunisois ont ainsi adoptés une conduite intermédiaire entre ce Pssak et la position Sefarad Classique. C'est a dire que toute l’année la Matsa est considérée comme Mezonot mais, en revanche, les Matsot qui restent de Pessah restent Hamotsi même après la fête, puisqu'elles avaient un statut de pain au moment de leur achat.
Voila un H'izouk pour les algériens! Et puisqu'en général il reste pas mal de Matsa après Pessah, vous pouvez en conserver jusqu’à Chavouot et ainsi vous appuyer sur la communauté Tunisoise, le Rav Cherki et le Rav Ovadia!!
Hag Sameah!

Nathaniel Zerbib
Lundi 28 mai 2012 - 01:09

Un tunisien qui vient au secours d'un algérien ! Le Mashia'h est proche ! :-)

(En ce qui me concerne personnellement, ma mère est tunisoise, je suis donc couvert de tous les cotés :-) ).

Merci de vos exactes et pertinentes précisions.