Conversation 79003 - Tout déclarer et ma'asser
Bonjour,
J'ai actuellement des difficultés financières avec un découvert qui se creuse . Une des mes 2 activités est libérale. Un ami comptable s'est étonné de voir que je déclarait toutes les espèces perçues me disant qu'il n'a jamais vu ça et que cela me fait payer des charges pour rien . Pour moi il était évident de tout déclarer par principe d'honnêteté dans les affaires et pour la braha... qu'en pensent la thora et les rabbanim car cela me pose vraiment question. De plus comment calculer le maaser quand soit même on arrive à joindre les 2 bouts... merci à vous
Shalom,
1) Vous avez entièrement raison d'être honnête, de rester intègre et de suivre la loi, c'est effectivement la conduite à suivre selon la Torah et nos Sages. Il va sans dire que le contraire est non seulement prohibé, mais nuit également à toute spiritualité.
Ceux qui agissent de la sorte s'éloignent de D'ieu, comme le dit le prophète Amos (3,10) : "Ils ne savent pas agir avec droiture, dit l'Eternel, eux qui entassent dans leurs palais les produits de la rapine..."
ou encore Tzfania (1,9) : "Je sévirai, en ce même jour, contre ceux qui sautent par-dessus le seuil [des temples], et remplissent la maison de leur Maître de rapines et de fraude".
Rabbi Nathan de Nemirov disciple de Rabbi Nah'man de Breslav écrit (Sefer HaMidot, Gueneva veGzela, I,1) que quiconque n'est pas intègre à ce niveau et est prêt à "voler" est en fait prêt à commettre tous les interdits et il n'y aurait "aucun moyen de le faire revenir" (sic).
2) Tant que vous êtes en état de difficulté financière vous ne devez pas donner de ma'asser (Rema YD 251,3).
En priant que D'ieu vous aide à sortir de ces difficultés,
Cordialement,
Bonjour rav je suis dans le meme cas de figure et j ai poser la question a un rav qui passe le concours en vu d etre dayan que je citerai sur demande pour pas lui faire mauvaise reputation si toutefois certains ne sont pas d accord avec lui.
Il ma repondu que dans la mesure ou l etat nous vole c est a dire qu il recupere beaucoup plus d argent sur les profession liberal qu un salarie normal dans la mesure ou AU MOINS on paie une somme d impot pour l activite on peut garder le reste sans declarer.
Il m avait alors cite des rabbanims sur qui on peut s appuyer.
Merci pour vos reponses et nous permettre d ameliorer notre pratique quotidienne.
Shalom,
Je comprends que les difficultés financières pèsent et sont difficiles, toutefois ce n'est pas une raison pour "voler". Cela est et reste formellement interdit et immoral.
Je m'explique :
- si on dit que le problème est "hafka'at halva'ato" (le fait de ne pas rendre un prêt, ici en l'occurrence une dette, les impôts) - dans ce cas, il y a un grand h'iloul Hashem (profanation du Nom Divin) et par conséquent c'est interdit (cf. TB BK 113; Rema HM 348,2; etc.) et selon certains cela est même interdit a priori même s'il n'y a pas de h'iloul Hashem, à cause de Dina deMalh'outa (cf. Mordeh'i cité par le Rema, id.; Rambam hil. gzela 5,11; Tour HM 369 et Sh. Ar. id seif 6).
Le Shoulh'an Arouh' HaRav (H'abad - HM id. hil. Gneva veGzeila, 15) résume bien :
"Quiconque craint le Ciel fera attention et ne transgressera pas un interdit de la Torah, et même pour ceux qui sont moins strict (sur hafka'at halva'ato) c'est uniquement s'il n'y a pas de vol de conscience (gneivat da'at), mensonge, profanation du Nom DIvin, etc."
Même les poskim contemporains tels le Rav Moshé Feinstein (resp. Iggrot Moshé I, 88; HM II,29) et le Rav Wozner (resp. Shevet HaLévy II, 58) dans sa lettre au rav Ephraïm Greenblat des USA (auteur du resp. Rivevot Ephraïm) écrivent qu'il est formellement interdit de cacher des revenus pour ne pas payer les impôts. cf. encore resp. Yaskil Avdi (VI, HM 28,2); resp. Yeh'ave Da'at V,64.
- si on dit que c'est "guezel" (du vol), tel que l'écrit le Rambam (hil. Gzeila 5,11) et tranche le Sh. Ar. (HM 369,6), alors c'est formellement interdit (selon la majorité des poskim c'est un interdit de la Torah)...
- Selon le rav Eliezer Waldenberg, il y a là la transgression de l'interdit de "gneivat da'at" ("vol de conscience") - resp. Tzitz Eliezer XV, §12.
- Par ailleurs, moralement c'est très grave. Le Rav Shimon Shwab de New-York écrivait qu'un juif trichant sur sa déclaration d'impôts ne peut pas être considéré comme religieux...
(cf. Eliyahu Meir Klugman, "The Ish HaEmes: The Man of Unimpeachable Integrity, Rabbi Shimon Schwab", dans "The Ethical Imperative", p. 547, 554 et 562).
(Le seul rabbin ayant écrit différemment est le Rav Rephaël Berdugo dans son resp. Mishpatim Yesharim I, §113 - toutefois, il parle d'une autre réalité et ses propos ont déjà été violemment critiqués et repoussés par la majorité des décisionnaires).
Cordialement,